PLUS DE LECTURES DU 9 JANVIER 2006

“ Seuls T.1 : La disparition ” par Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann, “ Les voisins du 109 T.1 : Vendredi ” par Coyote et Nini Bombardier, “ Les Zingari T.2 ” par René Follet et Yvan Delporte aux éditions Hibou,“ Le portrait T.1 ” par François Ravard et Loïc Dauvillier aux éditions Carabas et “ La bande des bandits T.1 : Inconnu à la déverse ” par Jean-Yves Duhoo et Dorothée de Monfreid aux éditions Onomatopée.

 


Seuls T.1 : La disparition ” par Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann


Editions Dupuis (8,50 Euros)


Fabien Vehlman est un jeune scénariste prolifique qui a, récemment, multiplié les collaborations («Green Manor» avec Bodart, «IAN» avec Meyer, «Le marquis d’Anaon» avec Bonhomme, «Samedi et Dimanche» avec Gwen, etc.) mais il se pourrait bien qu’il ait enfin trouvé ici «sa» série, en attendant d’être jugé sur la reprise épisodique des personnages de «Spirou et Fantasio». En effet, «Seuls», BD apocalyptique destinée à un public très large (enfants compris), est une totale réussite, même si les thèmes mis en valeur ont été très souvent utilisés en BD, en littérature, au cinéma ou  encore à la télévision (ne serait-ce que dans le récent feuilleton américain «Lost»). Après une nuit d’été sans problèmes apparents, cinq enfants, d’origines et de milieux sociaux différents, se réveillent seuls au monde, dans une ville où tous les adultes ont disparu. Ils vont devoir organiser leur survie, prendre des responsabilités qui ne sont pas de leur âge et essayer de comprendre ce qui vient de se passer… Manifestement, avec cette histoire d’humanité décimée et de passage à l’âge adulte, Vehlmann réussit à s’adresser à tous les lecteurs tellement sa narration est fluide et son propos, pigmenté de dialogues souvent drôles, est intelligent et accessible à la fois… Comme ses héros, ce scénariste a mûri… Et le résultat est là ! Quant au dessin franco-belge de Gazzoti (l’illustrateur de l’excellente série «Soda»), il est toujours aussi dynamique et élégant : vite, la suite !


 


Les voisins du 109 T.1 : Vendredi ” par Coyote et Nini Bombardier


Editions Lombard (9,80 Euros)


Prévue au départ pour le mensuel Fluide Glacial (quelques épisodes y ont été publiés en noir et blanc), cette nouvelle BD du dessinateur de «Litteul Kevin», certainement inspirée par une chanson de Renaud («Dans mon H.L.M.»), prend en contre-pied tous les clichés sur l’habitat en copropriété. Dans cet incroyable immeuble, on croise des personnages étonnants de vérité, comme ce très costaud concierge ancien militaire de carrière, cette vieille commère du rez-de-chaussée, ces petits nouveaux arrivés tout droit de leur province, ce couple de gothiques piercés et charbonnés, cette famille d’émigrés et leur ado zonard, ces anciens soixante-huitards dépassés… : des voisins tendrement mis en situations drolatiques dans de courtes saynètes, prologues à une série que l’on sent longuement élaborée. Ce sympathique sitcom, bien actuel, porte bien entendu la marque du motard au cœur d’or qu’est Coyote, mais aussi celle de Nini Bombardier (de son vrai nom Stéphanie Dunand-Pallaz), talentueuse romancière pour les enfants : l’alchimie de leurs textes et du dessin est vraiment de meilleur augure pour cette série prometteuse !


 


Les Zingari T.2 ” par René Follet et Yvan Delporte


Editions Hibou (9,50 Euros)


Les éditions de la librairie bruxelloise «La boutique du Bédéphage» ont changé de nom : elles gardent cependant leur allusion animalière (de Loup, elles deviennent Hibou) et ne changent en rien leur politique d’exhumation des classiques franco-belges oubliés. Preuve en est leur dernière réalisation, laquelle poursuit la réédition des «Zingari» : une BD peu connue, mettant en scène une modeste famille de cirque sillonnant la France au milieu du siècle dernier, à bord d’une roulotte tirée par un cheval. Publiée dans le Journal de Mickey, à partir de 1971, cette sympathique série d’épisodes de 10 planches chacun (dont 3 sont repris dans ce deuxième volume) fut écrite par l’un des anciens rédacteurs en chef de Spirou (Yvan Delporte) et fut superbement mis en images par un René Follet en pleine forme, lequel y campait, d’ailleurs, des personnages aux trognes savoureuses. Le lecteur appréciera d’autant plus son formidable trait réaliste que la version proposée ici est en noir et blanc, débarrassée des couleurs approximatives de l’édition d’origine : en effet, Follet n’est pas qu’un maître de la couleur directe, il vous étonnera aussi avec son encrage et son travail sur les ombres et le noir ! Enfin, signalons qu’il existe un tirage de luxe, signé et numéroté à 150 exemplaires, accompagné d’un ex-libris.


 


Le portrait T.1  ” par François Ravard et Loïc Dauvillier


Editions Carabas (13 Euros)


Loïc Dauvillier est l’un de ces personnages incontournables dans le milieu du 9ème art, surtout en tant qu’éditeur (Charrette, le Rideau d’arbres…) ou en tant que directeur de projets ou concepteur d’expositions. Ce diable d’homme nous a  encore surpris, ces derniers temps, en nous prouvant qu’il savait aussi écrire des scénarios de BD pour les plus jeunes, avec, surtout, son excellente «Petite famille» dessinée par Marc Lizano, chez Carabas. Toujours pour le même éditeur, il s’attaque, cette fois-ci, à l’adaptation d’une nouvelle bien connue de Nicolas Gogol, illustrée par François Ravard : ce nouveau venu excelle dans le traitement graphique au crayon gras, façon Pascal Rabaté sur «Ibicus» (autre adaptation réussie d’un roman russe), d’autant plus que la mise en couleurs de Myriam est particulièrement bien adaptée à cette technique proche du fusain. Respect de l’œuvre originale et invitation à la découverte de la Russie de la fin du XIXème siècle sont au programme de ce conte fantastique où un jeune peintre talentueux mais fauché ne peut s’empêcher d’acheter une toile fascinante, découverte chez un modeste marchand de tableaux, alors qu’il lui reste à s’acquitter de plusieurs mois de loyer …


 


 


La bande des bandits T.1 : Inconnu à la déverse ” par Jean-Yves Duhoo et Dorothée de Monfreid


Editions Onomatopée (9 Euros)


Le nouveau label «Onomatopée», chez Lito (éditeur spécialisé dans le livre jeunesse), démarre en fanfare avec pas moins de 6 titres totalement éclectiques au niveau des genres et des graphismes. Même si les premiers dessinateurs publiés sont quand même assez proches de la BD indépendante (on y retrouve Riad Sattouf ou Mathieu Sapin, étoiles montantes du genre) ou de l’illustration  enfantine (comme Philippe Kailhenn ou Pierre Coré), la plupart d’entre eux s’adressent, principalement, aux jeunes lecteurs. Dirigé par Matthieu Blanchin (jeune auteur remarqué et primé en 2002 pour l’album «Le val des ânes» chez Ego comme X), le programme éditorial semble donner la part belle à liberté de création, comme le prouvent les sympathiques premières aventures de «La bande de bandits» de Jean-Yves Duhoo et Dorothée de Monfreid : «Inconnu à la déverse» est une histoire de fric-frac qui n’est pas sans rappeler l’atmosphère («atmosphère, atmosphère…») du film éponyme avec Arletty, Michel Simon et Fernandel, le style ligne claire de l’illustration collant parfaitement à cette intrigue policière complètement débridée et presque onirique.


 


Gilles RATIER


 

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