Dans le cinquième volume de ses aventures, « Le Grimoire d’Elfie T5 : Les Reflets de Walpurgis », la jeune Elfie découvre le marais poitevin (entre La Rochelle et Niort) et des festivités réservées aux magiciens et sorcières depuis le temps de la mystérieuse fée Mélusine. Une nouvelle enquête pour la jeune adolescente, avec l’apport non négligeable de son grimoire magique, à l’issue de laquelle elle en aura appris beaucoup sur les dangers contemporains qui guettent cette zone humide remarquable et sa propre famille.
Lire la suite...PLUS DE LECTURES N°55 DU 1er NOVEMBRE 2004
Et encore des chroniques sur quelques bons albums parus ces derniers temps, sans limites de genre ! Cette semaine, nous vous conseillons : » Lady S. T.1 : Na zdorovié, Shaniouchka ! » par Philippe Aymond et Jean Van Hamme aux éditions Dupuis, » Trois éclats blancs » par Bruno Le Floc’h aux éditions Delcourt, » Lincoln T.3 : Playground » par Olivier et Jérôme Jouvray aux éditions Paquet, » L’humanité moins un » par Thomas Gosselin aux éditions de L’An 2 et » Au temps de Botchan T.3 : La danseuse de l’automne » par Jirô Taniguchi et Natsuo Sekikawa aux éditions du Seuil.
» Lady S. T.1 : Na zdorovié, Shaniouchka ! » par Philippe Aymond et Jean Van Hamme
Editions Dupuis (9,50 Euros)
Bon alors, qu’en est-il vraiment de cette nouvelle série signée Van Hamme, le roi du best-seller (du moins en ce qui concerne la BD francophone) ? Et bien, une fois de plus, nous serons tenté de dire que cela fonctionne assez bien et que les amateurs de ce genre de récits musclés ne seront pas déçus. Susan, l’héroïne, est une ravissante jeune fille qui semble avoir tout pour elle. Pourtant, ses parents, un couple de scientifiques juifs russes, ont été éliminés par le KGB alors qu’elle était toute jeune ; et elle a vécu une adolescence tourmentée où, pour survivre, elle est devenue une pickpocket expérimentée. On l’a retrouve en Europe de l’ouest, adoptée par un ambassadeur itinérant, envoyé spécial des USA. Rattrapée par son passé, elle n’aura d’autres choix que de devenir espionne de haut vol dans les milieux diplomatiques. Avec une bonne dose d’actualité brûlante (l’adhésion de la Turquie à l’Europe) et en usant de nombreux flash-back explicatifs, le scénario se révèle sans failles. Quant au dessin classique, mais expressif, de Philippe Aymond, il participe pleinement à l’efficacité de cette plaisante BD. Signalons enfin l’existence d’un très intéressant making-of (toujours chez Dupuis) où les auteurs dévoilent leurs trucs et leurs techniques, étapes par étapes.
» Trois éclats blancs » par Bruno Le Floc’h
Editions Delcourt (14,95 Euros)
Un peu avant la Première Guerre mondiale, un jeune ingénieur parisien a pour mission d’élever un phare sur une côte bretonne. Seul petit problème, le rocher sur lequel doit être construit ce bâtiment n’est à découvert que 30 jours par an. Quand on rajoute à ce travail de longue haleine, le caractère bien trempé des marins bretons qui ne voient guère d’un bon œil le peu d’expérience de ce gamin venu de la capitale et le fait qu’au premier accostage, le maçon perd la vie, on devine que ce voyage intimiste et tragique en pays bigouden va être usant pour la santé physique et mentale de notre jeune citadin. Avec un agréable graphisme coloré et une bonne connaissance du milieu de la pêche et des traditions de la Bretagne, Bruno Le Floc’h signe, avec ce deuxième album, une belle aventure humaine : voilà qui nous laisse présager de la naissance d’un futur grand de la BD.
» Lincoln T.3 : Playground » par Olivier et Jérôme Jouvray
Editions Paquet (11 Euros)
Dans ce troisième opus aussi déjanté et cynique que les précédents, Dieu emmène Lincoln en vacances, sur une plage paradisiaque ; mais notre cow-boy orphelin, qui déteste toujours tout le monde, s’ennuie et passe son temps au bar où le serveur n’est autre que Satan. Ce dernier va lui faire promener sa mauvaise humeur dans les bas-fonds de New York. L’histoire est originale, rafraîchissante, et elle est fort bien servie par un dessin nouvelle vague aussi cinglant et dynamique que les dialogues de cette violente (mais très drôle) lutte entre le bien et le mal. Les frères Jouvray creusent, petit à petit, leur sillon dans l’univers impitoyable de la BD, grâce à un héros immortel mais peu sociable que nous recommandons aux amateurs de seconds degrés !
» L’humanité moins un » par Thomas Gosselin
Editions de L’An 2 (14 euros)
Plusieurs saynètes, emboîtées les unes dans les autres, composent ces drôles de variations autour d’une même situation de départ. Des groupes de six personnes (des écoliers, des naufragés, des ouvriers ou encore des chauffards grimés en clowns) subissent une situation critique et vont devoir éliminer l’un d’entre eux. Leurs manières seront bien sûr différentes selon le contexte ! Avec ce point de départ un brin loufoque mais très original, Thomas Gosselin, diplômé de l’Ecole supérieure de l’Image d’Angoulême, réalise un fort réussi exercice de style qui se situe entre réflexion philosophique et humour absurde ou burlesque ; et ceci grâce à l’usage de dialogues décapants et à une narration innovante. Ce portrait déstabilisant d’une humanité lâche et égoïste est mis en scène par un crayon caricatural mais ô combien expressif, dans la lignée d’un Blutch ou d’un Prado.
» Au temps de Botchan T.3 : La danseuse de l’automne » par Jirô Taniguchi et Natsuo Sekikawa
Editions du Seuil (15 euros)
Voici le troisième volume de ce gigantesque panorama (couvrant près de 1500 pages) de la littérature japonaise de l’ère Meiji (c’est à dire le début du XXème siècle) : une époque charnière où le Japon découvre la modernité à travers une fascination pour le monde occidental. Cette œuvre datant se 1987 fit beaucoup pour la réputation de Taniguchi au Japon, même s’il n’en était pas le scénariste. Epaulé pour les textes et la documentation par l’écrivain Natsuo Sekikawa, il s’attarde notamment sur la vie du romancier Futabatei Shimei. Pour écrire «La danseuse» (le premier roman autobiographique à la japonaise), ce dernier se rappelle l’histoire d’amour de son confrère et ami, l’écrivain Mori Ogai, avec une danseuse allemande : les traditions et le poids culturel d’une société millénaire avaient eu raison d’un désir amoureux pourtant intense. La plume élégante de Taniguchi illumine, avec toujours autant de finesse, ce document historique, ironique et fataliste, sur la société nippone.
Gilles RATIER