Plus de lectures n°33 du 10 mai 2004

Phenomenum T.2 : Futur antérieur, Anachron T.4 : L’héritage du héros, Tendre banlieue T.16 : Secret de famille, All I need is love T.1 : Une hirondelle ne fait pas le printemps, Une aventure de Philibert T.2 : C’est aujourd’hui dimanche, Eva aux mains bleues

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« Phenomenum T.2 : Futur antérieur » par Marc Védrines et Jérémie Kaminka


Editions Glénat (12 Euros)


 


Kali, petit garçon de 10 ans, ne peut pas voir le monde extérieur ; mais, pour fêter son anniversaire, son mentor accepte de lui raconter l’histoire de Yann (le héros du premier tome). Ce dernier s’est plongé en hibernation en 1998, alors qu’il avait le pouvoir de contrôler la vitesse de ses pulsations cardiaques afin d’appréhender le temps plus ou moins rapidement. Yann se réveille 20 ans après et découvre que la technique a bien évoluée, que ses amis ont vieillis et que l’amour de sa vie est enfin heureuse : elle s’est mariée et elle a un enfant ! Il use alors à nouveau de son pouvoir pour obliger un biologiste à l’aider à comprendre sa capacité cardiaque. Le premier volume avait surpris, lors de sa sortie en 2002, et le suivant est tout aussi étonnant ! Il est même meilleur car il y a plus de rebondissements et de cohésion scientifique, le tout bien rythmé et traité efficacement. Le dessin très influencé par les mangas est clair et précis mais peut rebuter les lecteurs peu enclins à la facilité et à la simplification du graphisme. Ceci dit, il participe pleinement à la réussite de cette aventure fantastique et énigmatique qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière case.


 


 « Anachron T.4 : L’héritage du héros » par Joël Jurion et Thierry Cailleteau


Editions Vents d’Ouest (8,99 Euros)


 


Cet album clôt, en apothéose, le premier cycle de ces aventures parodiques sur la planète «Anachron». Cette série, créée en 2001, flirte avec la SF mais est plus proche du médiéval fantastique et comporte de nombreux clins d’œil aux maîtres du genre (que ce soit au niveau littérature, BD ou ciné). On y trouve donc notre lot de monstres, démons, nains hideux, épées magiques et combats grandioses d’armées immenses de trolls et autres orques… Pourtant, nous sommes loin de la violence et de la simplicité des propos tenus dans la plupart des BD d’heroic-fantasy. La confrontation entre des personnages futuristes et des protagonistes issus de la culture moyenâgeuse permet pas mal de ressorts dramatiques et humoristiques : c’est d’ailleurs un des principaux atouts de cette série pleine de rebondissements. Comme la narration dynamique de Thierry Cailleteau est remarquablement fluide et que le dessin imaginatif de Joël Jurion est particulièrement efficace, on ne peut que conseiller cette BD aux jeunes (et même aux moins jeunes) amateurs de fantastique !


 


« Tendre banlieue T.16 : Secret de famille » par Tito


Editions Casterman (8,95 Euros)


 


Dans le cadre de ses chroniques sensibles destinées aux adolescents, Tito s’«attaque» aux collectionneurs de bandes dessinées tout en abordant le thème du suicide. Comme à son habitude, il prône les vertus du dialogue et du respect de l’autre, en jetant un regard humaniste sur l’univers urbain. Ici, son «héros» (c’est toujours un lycéen, en quête d’identité, confronté aux grands problèmes de notre époque) est le fils d’un père collectionneur, fou de BD : ce dernier y passe tout son temps libre, au détriment de sa famille. Or, aujourd’hui c’est l’anniversaire du jeune garçon et ce père «indigne» est parti en festival à la chasse aux dédicaces. Pendant la fête, ces camarades découvrent la bibliothèque remplie de trésors bédéesques dont l’édition originale de «Tintin au pays des Soviets», dédicacée par Hergé. Cette pièce très rare, à laquelle le collectionneur tient comme à la prunelle de ses yeux, va être dérobée et revendue à un libraire spécialisé. Tito réussit une fois de plus à toucher son public et à nous émouvoir en traitant de sujets de fond, nous appelant, encore et toujours, à la tolérance. Le succès de cette série aux intrigues passionnantes et aux dessins soignés est tel que les éditions Casterman viennent d’en proposer une adaptation sous forme de romans (écrits par Claude Carré), dans la collection «Romans junior» : trois titres fort bien réalisés sont déjà au catalogue !


 


« All I need is love T.1 : Une hirondelle ne fait pas le printemps » par Christopher


Editions Panini (12,60 Euros)


 


Les éditions Panini sont bien connues en Europe pour leurs traductions, plutôt bien faites, de mangas japonais (Génération Comics) ou de comics américains (Marvel). Voilà que le groupe investit dans la BD franco-belge sous leur propre label (Panini éditions) avec un premier titre qui mérite lui aussi le détour ; il est dû au prolifique Christopher, spécialiste des tranches de vie mettant en scène des trentenaires mal dans leur peau et dans notre société. Cette chronique acidulée et intimiste a pour principale héroïne une jeune maman divorcée qui doit affronter les affres du quotidien. Gros sanglots et éclats de rires sont rendez-vous d’une suite de saynètes rythmées, dessinées dans un style ligne claire fort plaisant. Notons enfin que la sensibilité et la justesse de ton employés par l’auteur (un peu comme dans les BD des Dupuy-Berberian) sont sublimées par une agréable mise en couleur signée Delf.


 


« Une aventure de Philibert T.2 : C’est aujourd’hui dimanche » par Mazan


Editions Delcourt (12,50 Euros)


Le médecin légiste Philibert, héros roux et filiforme de «Dans le cochon tout est bon», nous revient pour une deuxième aventure moins satirique mais plus policière que la précédente. Toujours aussi étonné par les bizarreries de ses contemporains, il assiste son commissaire de frère sur des meurtres commis sur un parcours de golf. Puisqu’ils sont dans le quartier, ils en profitent pour voir leur mère qui résiste, depuis 14 ans, aux promoteurs. Sur fond sonore de vieilles rengaines, Mazan joue à fond les cartes de l’absurde et de l’humour distingué : subtil !


 


« Eva aux mains bleues » par Isabelle Dethan


Editions Delcourt (13,95 Euros)


 


Après ses errances égyptiennes («Sur les terres d’Horus» chez Delcourt) et jordaniennes (le scénario du «Rêve de pierres» chez Vents d’Ouest), Isabelle Dethan revient à des récits plus intimistes, genre qu’elle maîtrise parfaitement (voir, par exemple, ses excellents «Ingrid» ou «Tante Henriette»). Dans ce très bel album de la nouvelle collection «Mirages», laquelle privilégie la fibre psychologique, l’art du portrait, la subtilité des caractères… (Dixit Guy Delcourt), Isabelle nous raconte la vie quotidienne d’une petite fille de 12 ans, pendant ses vacances avec sa grand-mère et sa tante, alors que les premiers effets de l’adolescence se font sentir. L’auteur s’est manifestement inspiré d’anecdotes glanées parmi ses souvenirs de jeune fille pubère et la nostalgie de ces moments privilégiés, dans la chaleur estivale, est omniprésente. Ceci dit, c’est l’optimisme qui règne en maître sur cette charmante histoire, laquelle nous nous fait partager le bonheur de vivre d’une famille atypique et nous brosse le portrait d’une jeune femme au cœur de notre société occidentale contemporaine.


 


Gilles RATIER


 

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