Plus de lecture n°26 – 22 mars 2004

Caroline Baldwin T.10 : Mortelle thérapie, Les Labourdet T.4 : La croisière du serpent, Le sommet des dieux T.1, Giuseppe Bergman T.9 : L’odyssée de Giuseppe Bergman, Crypto T.1 : Le Mokélé-M’Bembé

 


Cliquez sur l’appareil photo pour découvrir les couvertures des ouvrages chroniqués.


« Caroline Baldwin T.10 : Mortelle thérapie » par André Taymans


Editions Casterman (9,50 Euros)


La jeune et belle détective privée Caroline Baldwin est séropositive. Sa vie sentimentale très chaotique et ses démêlés avec l’administration l’emmène à quitter les Etats Unis pour retourner dans son Canada natal. Son médecin lui propose de participer à un programme expérimental pour tester un vaccin miracle destiné à remplacer le traitement contraignant de la tri thérapie. Elle va une nouvelle fois rencontrer l’amour, dans la salle d’attente… Seulement, après une soirée en commun fort agréable, elle apprend, dès le lendemain matin, que son amoureux se serait suicidé ! Cet excellent thriller, qui n’exclut pas la sensibilité et même quelques notes d’humour, est écrit et dessiné dans un style ligne claire tout à fait convainquant. On sent que l’auteur se sent concerné par cette grave maladie qu’est le sida, développant ses scénarios en fonction de l’évolution médicale et sociale de la question. Pour l’anecdote, saluons un sympathique clin d’œil : Caroline croise, le temps de deux planches, l’héroïne de «Bleu lézard» (chez Glénat) et la même scène est reprise, dessinée par Benoît Roels, dans le 6ème tome de cette série qui paraît simultanément.


 


« Les Labourdet T.4 : La croisière du serpent » par Jean et Francine Graton


Editions Graton (9,50 Euros)


Après la réédition des trois opus parus au Lombard de 1967 à 1970, voici enfin la suite (inédite en album) des Labourdet. Les aventures de cette famille plutôt modeste, typique des années soixante, ont été publiées dans le magazine féminin Chez Nous, de 1966 à 1972. Les problèmes sentimentaux de Françoise, qui fait son entrée dans le milieu privilégié des nantis en étant invitée à une croisière très distinguée, constituent l’essentiel de l’intrigue et on retrouve avec plaisir son fiancé, ses frères Pierrot et Marcel, ses parents et surtout ce bon vieux pépé colérique qui apporte une note humoristique à l’ensemble. Ils donnent tous une image idyllique de la famille (comme dans «Michel Vaillant», l’autre grande création de Jean Graton) sans que leurs rapports, parfois difficiles, nous fassent trop penser pour autant à des romans à l’eau de rose. Francine Graton, l’épouse de Jean (lequel n’a jamais si bien dessiné), nous propose des scénarios passionnants qui possèdent un charme rétro indéniable ! Il paraît qu’il y a encore six récits du même tonneau à venir : espérons que les lecteurs seront assez nombreux pour que l’entreprise (qui consiste aussi à restaurer et re-colorier les planches originales) aille jusqu’au bout !


 


« Le sommet des dieux T.1 » par Jirô Taniguchi et Yumemakura Baku


Editions Kana (18 Euros)


Pour démarrer leur nouvelle collection de prestige «Made in Japan», les éditions Dargaud Bénélux (Kana pour les intimes !) nous proposent une magistrale adaptation, par Jirô Taniguchi, d’un roman de Yumemakura Baku, écrivain populaire japonais passionné par l’alpinisme (une sorte de Frison-Roche local !). La retranscription graphique de la montagne par Taniguchi est époustouflante : on en aurait presque le vertige (c’est de circonstance !). Ses dessins précis et détaillés sont surtout remarquables dans les décors (ce qui est inhabituel dans les mangas). Cette ode aux amoureux de la grimpette nous raconte la quête d’un photographe décidé à percer les mystères des accidents qui ont entouré l’ascension de l’Everest, plusieurs années auparavant. C’est, certes, intéressant et ce premier tome mérite vraiment le détour ; mais on est loin des récits contemplatifs ou philosophiques auxquels Taniguchi nous avait habitué. C’est d’autant plus étonnant que cette BD a été réalisée entre 2000 et 2003, c’est à dire après «L’homme qui marche», «Le journal de mon père» et «Quartier lointain»…


 


« Giuseppe Bergman T.9 : L’odyssée de Giuseppe Bergman » par Milo Manara


Editions Humanoïdes associés (12,60 Euros)


Les aventures bédéesques de Giuseppe Bergman, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Manara lui-même (du moins quand il était plus jeune) ou à Alain Delon (quand il était jeune également), sont les plus ambitieuses parmi celles créées par cet auteur italien, surtout connu pour ses séries érotiques. Il y démontre son indéniable virtuosité graphique, nous transportant dans des balades où l’exotisme dispute la vedette avec la mythologie et un érotisme torride. Autrefois éditée par Casterman, la série renaît en couleurs aux Humanos et ce nouvel épisode (également disponible dans une version luxe, en noir et blanc, à 29,95 Euros) nous présente un héros désabusé ayant pris la mer : cela lui semble être le dernier espace de liberté, en ce bas monde. Sur les traces d’Ulysse, sa route vers le grand large va lui permettre de croiser nombre de personnages allumés et de femmes plantureuses aux petites culottes volages. Ceci dit, l’onirisme et le fantastique est aussi omniprésent dans cette agréable invitation au voyage…


 


 


« Crypto T.1 : Le Mokélé-M’Bembé » par Olivier Martin et Philippe Menvielle


Editions Glénat (12 Euros)


Dans les forêts du Congo, en plein cœur de l’Afrique équatoriale, une légende tenace parle d’un animal terrifiant, seul rescapé de l’ère secondaire. Un primatologue et sa nièce, étudiante en zoologie, intrigués par des empreintes laissés par une sorte de dinosaure, font appel à un paléontologue et à un reporter pour traquer cette chimère. En référence au «Monde perdu» et autres «Jurassic Park», cette nouvelle série sent bon la grande aventure où se mêlent traditionnellement frissons et dépaysement. Parrainé par Olivier Supiot (membre de l’atelier «La boîte qui fait Beuh» dont fait également partie Olivier Martin), ce premier tome nous donne envie de vite connaître la suite ! En effet, le scénario conçu par Philippe Menvielle (qui a fait ses premières armes dans Le Journal de Mickey) est classique, efficace et bien écrit : que demander de plus ?


 


 


Gilles RATIER


 

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