Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Plus de lectures 17 – 12 janvier 2004
Après un repos bien mérité, Gilles Ratier nous revient en pleine forme avec « Le village qui s?amenuise» par Balez et Corbeyran, « Lupus T.2 » par Peeters, « Les cosmonautes du futur T.3 » par Larcenet et Trondheim, « Lucie T.2 » par Catel et Grisseaux, « Le vide grenier » par Mazan
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« Le village qui s?amenuise» par Olivier Balez et Eric Corbeyran
Editions Dargaud (13 Euros)
C’est avec plaisir que l’on retrouve la veine campagnarde et nostalgique (dotée néanmoins d’une réflexion critique) du prolifique et talentueux Corbeyran (lequel nous apprend dans une dédicace à son père que son vrai nom s’écrit Corberand). Le scénariste replonge donc dans ce monde familier qu’il avait déjà exploré dans «Le cadet des Soupetard» ou dans l’excellent «Lie-de-vin» mais, ici, il manie plutôt la caricature caustique et l’humour tonitruant, tout en gardant un pied dans le fantastique, genre dont il use le plus souvent. Cette fable amusante sur la difficulté qu’à le genre humain à vivre avec les autres (le territoire d’un petit village agricole rétrécit de jour en jour, rapprochant les fermes et multipliant les frictions entre paysans gênés par ce voisinage non désiré) est joliment mise en image par le trait à la fois bucolique et moderne de l’illustrateur Olivier Balez. Notons que ce dernier avait déjà collaboré avec Corbeyran sur le collectif «Paroles de taulards» aux éditions Delcourt.
« Lupus T.2 » par Frederik Peeters
Editions Atrabile (17 Euros)
Fuyant les sbires du père de Saana, cette jeune fille et son copain Lupus posent leur navette sur une planète forestière toute dédiée à la vieillesse : une maison de retraite géante ! Profitant d’un récit installé dans une science-fiction bien déjantée, le Suisse Frederik Peeters s’attache surtout à décortiquer les relations humaines. Ses personnages sont encore plus attachants que dans le premier tome et ils évoluent dans un univers dur et tendre à la fois, mis en exergue par un graphisme jeté mais virtuose et par un découpage innovant.
« Les cosmonautes du futur T.3 : Résurrection » par Manu Larcenet et Lewis Trondheim
Editions Dargaud (9,45 Euros)
Devenus des héros, Martina et Gildas sont à l’honneur dans un musée spatial où l’on retrouve des échantillons de la civilisation terrienne, symbole d’une idéologie fort contestée… par les contestataires ! Cette drôle de série science-fictionnesque continue, avec force de dérision, d’explorer les sentiments enfantins. Les dialogues fusent et le dessin explose : le duo Trondheim («Lapinot») et Larcenet («Le combat ordinaire») est issu d’une famille d’auteurs vraiment inventifs. Ils s’amusent comme des petits fous pour notre plus grand plaisir de lecture !
« Lucie T.2 : La funambule » par Catel et Véronique Grisseaux
Editions Casterman (9,45 Euros)
Après une aventure remarquée dans la collection «Tohu Bohu» des Humanos, la charmante Lucie a enfin le statut d’héroïne de BD depuis son arrivée (avec le précédent album) dans la nouvelle collection «Ligne de vie» des éditions Casterman. Les désarrois sentimentaux de cette bobo trentenaire et parisienne s’inscrivent dans la trace des autobiographies décapantes à la Dupuy-Berberian, le côté féminin en plus ! Ici, elle ne peut se résoudre à choisir entre son mari (et père de sa fille) et son amant (un bellâtre rockeur-tombeur). Dur, dur de retrouver son équilibre dans un tel contexte ! Avec un ton juste et des dialogues très sympas, la scénariste Véronique Grisseaux (également responsable de la série «Léo & Léa» pré-publiée dans Je Bouquine et dont le premier album vient aussi de sortir chez Casterman) propose une belle alchimie avec les dessins expressifs et efficaces de Catel, dessinatrice très présente dans la presse enfantine éditée par Bayard.
« Le vide grenier » par Mazan
Editions Charette (10 Euros)
Mazan (de son vrai nom Pierre Lavaud) est l’un des membres fondateurs de l’Atelier Sanzot d’Angoulême ; il en est aussi l’un des piliers, avec sa compagne Isabelle Dethan. En fouillant dans les archives de ce dessinateur multiforme, Loïc Dauvillier, responsable des éditions Charrette, a eu l’envie de montrer au public quelques unes des faces cachées de ce créateur angoumoisin. D’où la publication d’un carnet de croquis tout en couleurs, bourré de pépites graphiques : faire-part, publicités, culs de lampe, recherches de personnages… : 30 pages de bonheur visuel
Gilles RATIER