Enfer portatif, de François Ayroles

Si certains d’entre vous se demandent encore ce que la bande dessinée peut apporter aux réflexions sociales ou si, sur la forme, le genre ne serait pas un peu obsolète, lisez donc Enfer portatif d’Alain Ayroles, Ce roman graphique extrêmement noir, sans concession, quelquefois proche de l’insupportable, est sans doute à ne pas mettre entre toutes les mains, mais fait preuve d’un réalisme et d’une lucidité exemplaire.

 

 

 

Pierre et Paul ont deux parias, deux rebuts de la société. Le premier, aveugle et costaud, porte en permanence le second, cul de jatte, sur ses épaules. Clochardisés, les deux hommes vivent évidemment en marge de la société, se nourrissant d’oiseaux qu’ils tuent à coup de lance-pierres avant de les faire cuire. Leur univers se résume à la présence d’autres laissés pour compte. Car, il ne faut pas s’y tromper (on pourrait l’imaginer en lisant les premières planches de l’ouvrage), le récit est totalement contemporain, situé de nos jours, dans notre société. Mais cette dernière, qui accepte désormais avec indifférence la différence, n’a rien à voir avec nos deux protagonistes. Si elle les laisse vivre, c’est pour mieux les ignorer. Comme elle le fait avec tant d’autres, hommes et femmes socialement exclus, pour des raisons diverses, que croisent Pierre et Paul, au cours de cet étrange road-movie, une parade de « monstres » , qu’on pourrait, avec audace, apparenter sur le fond au chef d’œuvre cinématographique Freaks de Tod Browning,. LT

 

 

Casterman – Collection Romans – 13,50€

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