Plus de lectures n°1 – 8 septembre 2003

La légende de Robin des bois, par Larcenet – Robinson 1 par Jak – Socialfiction par Montellier – Tina’s groove 1 par Piccolo – Astérix et la rentrée gauloise par Uderzo et Goscinny.

 

 

Rubrique élaborée par Gilles Ratier

 

 

 

 « La légende de Robin des bois » par Manu Larcenet

 

Editions Dargaud (9,45 Euros)

 

Décidément, les parodies des grands mythes de la littérature anglo-saxonne sont souvent la cible des auteurs BD francophones. Ici, Robin Hood est vieux, chétif et atteint de la maladie d’Alzheimer ; le shérif de Nothingham erre, colt à la main, dans la forêt de Rambouillet ; Frère Tuck a été promu pape et Tarzan, digne lord anglais, est accusé de zoophilie… Manu Larcenet a replacé toutes ces figures légendaires dans un univers farfelu et même complètement dingue où nous rions jaune à chaque case de ces histoires pré publiées sous la forme de récits complets en noir et blanc dans Fluide Glacial entre 2002 et 2003 (mais pourquoi c’est passé chez Dargaud ? Y-z’ont bien d’la couleur, maintenant  chez Fluide!). Certains lui préféreront son «Combat ordinaire» (chez le même éditeur) mais son «Robin des bois-qui meurt à la fin» ne manque pas de panache.

 

 

 

 « Robinson T.1 : C’est tous les jours Vendredi » par Jak

 

Editions Petit à petit

 

Jacques Lemonnier qui signe ici Jak (on le retrouve aussi, pour des BD plutôt «hard», sous le pseudonyme de Jakez Bihan) revisite de façon humoristique le roman de Daniel Defoe où l’homme civilisé est aux prises avec la nature hostile dans une île perdue au milieu de l’océan : oui, oui, on parle bien de «Robinson Crusoë» ! Dans cette parodie cocasse et bon enfant destiné à un large public, l’homme blanc est trop sûr de lui, dédaigneux et incapable d’apprendre une autre langue que la sienne ; il entraîne alors catastrophe sur catastrophe quand, par exemple, il veut quitter ou s’installer sur cette île pas si déserte que ça ! Sa suffisance l’empêche de voir qu’il a trouvé en Vendredi, «sauvage» candide et amusé par le dit «civilisé», un compagnon doté d’un solide sens pratique qui pourrait l’aider utilement dans ses tentatives désespérées.

 

 

 

« Socialfiction » par Chantal Montellier

 

Editions Vertige Graphic

 

Figure emblématique d’une certaine BD engagée des années 1980, Chantal Montellier se fait aujourd’hui un peu rare : les éditeurs se faisant un peu tirer l’oreille pour la solliciter ! Les Vertige Graphic ont eu la bonne idée de rééditer, en un seul volume, trois albums publiés naguère par les Humanoïdes associés : «Wonder City», «Shelter» et «1996». Le trait de cette illustratrice est très proche de celui d’un Tardi (du moins à ses débuts) mais elle a su créer, au fur et à mesure, un style quasi photographique, glacial mais envoûtant, collant parfaitement à la noirceur de ses récits. Ceux-ci mettent en scène un monde carcéral et déshumanisé, un peu comme dans les écrits de George Orwell : son «1996» est d’ailleurs un hommage à «1984», célèbre roman dû à Orwell.

 

 

 

« Tina’s groove T.1 : Amour et hamburger » par Rina Piccolo

 

Editions La Sirène

 

Contrairement à nombre d’idées reçues, l’univers des strips contemporains américains (ou canadiens, en l’occurrence !) est de plus en plus intéressant. Les éditeurs français n’en publient qu’une portion congrue (pas toujours ce qu’il y a de mieux, d’ailleurs !), ce qui explique que l’on a l’impression que le genre se sclérose. «Tina’s groove» nous démontre le contraire : avec un style graphique efficace (rien de révolutionnaire mais ça fonctionne au premier coup d’œil), l’auteur chronique le quotidien d’une jeune et charmante serveuse de restaus rapides (dans le genre Quick ou MacDo). L’œil féminin de Rina Piccolo (qui vit à Torento, au Canada, et qui est fort jolie, ma foi !) affine des gags acides basés sur la résistance à la solitude et à la vie de «beauf».

 

 

 

« Astérix et la rentrée gauloise » par Albert Uderzo et René Goscinny

 

Editions Albert-René (8,50 Euros)

 

Vraie fausse nouveauté, “Astérix et la rentrée gauloise” n’est que la réédition augmentée (tirée quand même à 15000 000 ! exemplaires) d’un album paru en 1993 (au tirage au combien limité, à l’époque de 500.000 exemplaires !). Toutes les histoires complètes du célèbre petit gaulois parues ici ou là (dans Pilote, Elle, National Geographic, Jours de France, Super Pocket Pilote…) y sont compilées, précédées d’un judicieux historique bien illustré. Le lecteur n’est absolument pas trompé sur la marchandise car tout est annoncé clairement et la plupart des pages datant des années soixante ont été ré-encrées et nouvellement mises en couleurs. Cerise sur le gâteau, on nous offre même un récit inédit de cinq pages («Chanteclairix le coq gaulois»), réalisé en 2003 par le maître lui-même ! En attendant le prochain vrai «Astérix» (en 2005 ?), les éditions Albert-René devraient nous proposer d’autres rééditions du même acabit car la matière ne manque pas ! En réunissant, par exemple, toutes les histoires et les illustrations qu’Uderzo a dessiné pour la publicité, on obtiendrait un autre vrai-faux nouveau «Astérix» et il reste des tas de BD, signées Albert (avec ou sans René), qui mériteraient d’être proposées en albums aux nouvelles générations : «Bill Blanchart», «Luc Junior», «Belloy», «Tom et Nelly», «Marco Polo», «Benjamin et Benjamine», «Clairette» et bien d’autres encore !

 

 

 

Gilles Ratier

 

 

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