« Shinjuku Fever » T1 par Mitsurou Kubo

Il y a des mangas qui, au premier abord, ne payent pas de mine. Puis, une fois rentré dans l’histoire, leur lecture devient un exutoire et un excellent divertissement. C’est ce qui se passe avec  » Shinjuku Fever « .


© 2001 Mitsurou Kubo / Kodansha Ltd.

Ce manga conte les aventures de Fuku, un supporter du club de baseball. Le seul supporter qui leur reste. Au Japon, les Oendan, ceux que nous qualifions de supporters, sont extrêmement bien organisés et ils ont leur propre club, au même titre que les clubs de sport ; tels que nous pouvons les imaginer de notre point de vue d’Occidentaux. Ces clubs de supporters ne s’occupent pas toujours d’une équipe en particulier, ils sont là pour réellement soutenir les joueurs de leur école, quel que soit le sport concerné. Ils doivent y mettre de l’entrain et communiquer leur force à l’équipe qu’ils encouragent : un vrai travail, physique et moral.


© 2001 Mitsurou Kubo / Kodansha Ltd.

Fuku est donc le dernier de son club. Tous les autres membres ont abandonné devant le peu de résultats obtenus. Néanmoins, il se donne à fond, il harangue la foule pourtant absente, il se démène comme si un retournement de situation pouvait réellement arriver, alors que le club de baseball perd 36 à 0. Un peu naïf et maladroit, il est pourtant là pour les autres, et en devient touchant même s’il est un peu pathétique.



© 2001 Mitsurou Kubo / Kodansha Ltd.

Cet élève assez moyen part alors de sa province, avec un ami, vers la grande ville de Tokyo, afin de prendre des cours de soutien durant l’été. Là, il découvre un monde qu’il ne connaissait pas : un monde peuplé de jolies filles et où l’on fait la fête en permanence. En plein cœur de Tokyo, dans le quartier de Shinjuku, ce jeune naïf se fera piéger et abuser au point de perdre tout l’argent qui lui avait été remis par ses parents. Pourtant, il continuera à porter une oreille attentive aux problèmes des autres, il continuera à les supporter et essaiera de transmettre de l’énergie positive, afin que les êtres rencontrés au détour de sa vie aillent de l’avant.

Après s’être fait rouler par un groupe de jeunes filles, Fuku va retrouver l’ancien chef des supporters de son village. Devenu un homme riche à Tokyo, il roule maintenant en Porsche et arbore un costume blanc luxueux. Tout cela grâce à son nouveau travail, supporter dans un  » Host Club « . Une sorte de bar où les femmes payent des hommes afin de leur tenir compagnie et offrir une épaule pour les consoler des malheurs que la vie leur inflige. Fuku, toujours aussi naturel, insouciant et d’une naïveté déconcertante, va se faire embrigader dans ce monde de la nuit où tout le monde ment et travesti la réalité. Notre héros va être tellement naturel et spontané qu’il va réussir à se sortir de la plupart des situations et évitera, ainsi, les pièges tendus.


© 2001 Mitsurou Kubo / Kodansha Ltd.

Au premier abord,  » Shinjuku Fever  » n’est pas un manga qui va vous accrocher le regard avec sa couverture banale aux couleurs criardes, son logo kitch, son dessin commun et ses gros plans peu explicatifs. Pourtant, un bandeau apposé sur la couverture peut donner le ton de cette œuvre : « Lire ce manga m’a donné envie de vivre à Shinjuku avec le héros de la série. » Signé Tôru Fujisawa, auteur de  » GTO « . En effet, il y a un petit côté  » GTO  » dans  » Shinjuku Fever « . Même dessin maladroit et souvent caricatural, même trait de pinceau grossier, mêmes souci du détail lorsqu’il s’agit de dessiner des femmes, même ambiance assez sordide sur les bas-fonds de la conscience humaine… Le parallèle avec l’œuvre de Fujisawa s’arrête là, il n’y a pas de conflits permanents, Fuku n’est pas une forte tête ; c’est même plutôt l’inverse. Le scénario fait la part belle aux bons sentiments.

Le lecteur se laisse vite emporter par la naïveté touchante de ce jeune provincial qui découvre le quartier le plus chaud de Tokyo. Cette série est assez courte, seulement 10 volumes, de quoi créer un univers et le faire vivre. En finissant ce premier tome, on a envie de se plonger immédiatement dans la suite : de savoir comment va évoluer Fuku et quel sera son parcours ?

 » Shinjuku Fever  » n’est pas le type de manga que l’on trouve couramment traduit en français. Pourtant, il fait partie d’un genre extrêmement classique au Japon et qui s’exporte assez mal du fait de son graphisme caricatural et de ses thèmes extrêmement ancrés dans les spécificités du quotidien japonais. Pourtant, Akata, habitué aux séries fortes et dynamiques, avec un vrai message, n’a pas hésité à prendre le risque de publier cette histoire hors normes. Elle mérite amplement de trouver son public.

Gwenaël JACQUET

 » Shinjuku Fever  » T1 par Mitsurou Kubo

Éditions Delcourt (6,95€)

ISBN 2756026247


© 2001 Mitsurou Kubo / Kodansha Ltd.

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