« En mer » par Drew Weing

L’ouvrage est de petit format (13 x 17 cm) et, en feuilletant rapidement ses 144 pages, il offre à la vue des dessins pleine page, en noir et blanc, avec ici et là des bulles. Une bande dessinée, semble-t-il.  » En mer  » : le titre est banal, l’imagination alertée, l’horizon sans limites. Première et quatrième de couverture déploie d’ailleurs un voilier agité par des flots d’un bleu soutenu rehaussé d’une titraille dorée, mais au premier plan dort un homme aux bajoues mal rasées. Est-il « en mer » ou rêve-t-il de s’y rendre ?

La découverte des premières pages pourrait décevoir : ce n’est rien qu’un homme, un poivrot, assoupi dans une taverne. Il est bientôt sommé de déguerpir. Il fait nuit et il n’a sur le dos qu’un manteau rapiécé. Il croise une boutique :  » Books  » (on est donc en pays anglophone) dans laquelle il jette un regard intéressé puis va se poser au bout d’un ponton et commence à écrire un poème : « prendre la mer »… Mais c’est la mer qui va le prendre car c’est contraint et forcé qu’on l’embarque comme matelot à bosser comme un beau diable. Le gaillard est cependant de taille spectaculaire, ce qui va le servir… contre vents et marée ! Ses grosses mains calleuses taquinent régulièrement un crayon de papier et l’envie de devenir écrivain. Or, ce qu’il va vivre va lui assurer le spectacle, et bientôt la renommée.

Étrange comme ces pages, souvent muettes, aux raccords très elliptiques permettent de progresser, de raconter toute une vie et de voyager aux quatre coins du monde. C’est à la fois simple et habile, sensible et envoûtant. Et c’est le premier ouvrage de l’Américain Drew Weing !

Puisqu’on est en mer, partons vers sa partie la plus rugissante, la pointe de l’Amérique du Sud, pour un troisième et avant-dernier tome d’un « Cap Horn » évidemment mille fois plus bavard et aventurier que l’album précédent.

Là-bas, à la fin du XIXe siècle, dans cette Terre de Feu désolée et habitée par les Ona, les Alakaluf et les Yahgan, trainent aussi des chercheurs d’or, des missionnaires anglais, des pêcheurs de phoque, des militaires chiliens et argentins, un docteur surprenant, et une femme courageuse… Pour éprouver le grand souffle de l’aventure, cédez à  » L’Ange noir du Paramo « , un scénario riche et documenté de Christian Perrissin, l’auteur de la très bonne série «  El Nino « . Et prenez un grosse laine, la région est glaciale !

Alors, bons voyages…
Didier QUELLA-GUYOT (L@BD et blog)

 » En mer  » par Drew Weing
Éditions ça et Là (13 €)

«  Cap Horn  » T3 ( » L’Ange noir du Paramo « ) par Enea Riboldi et Christian Perrissin
Éditions Humanoïdes associés (12,90 €)

Galerie

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