« The Boys » T10 de D. Robertson et G. Ennis

Vingt dieux, v’là-t-y pas que nos P’tits Gars sont de retour ! Que ceux d’entre vous qui travaillent pour Vought se rassurent, ce volume est plus introspectif que démonstratif… ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de dommages collatéraux !

« The Boys » T10 (« Rien de tel dans le monde entier »)

« The Boys » continue sa belle carrière en France, puisque comme je vous l’ai déjà dit, rares sont les séries anglophones qui bénéficient d’une telle intensité et d’une telle régularité de parution, surtout chez Panini. À peine ce dixième volume est-il sorti ce printemps que le onzième est déjà annoncé en août ! Je ne m’en plaindrai pas et ne peux que me réjouir de cela, « The Boys » étant sans aucun doute l’une des plus chouettes créations de Garth Ennis, l’une des plus vigoureuses et rigoureuses, l’une des plus hardcore et nécessaires qu’il ait jamais faites.

L’idée de créer une équipe chargée de s’occuper méchamment des super-héros qui profitent de leurs pouvoirs pour abuser de l’humanité est l’un des plus beaux coups de pied au cul qu’on puisse lire dans la déjà longue lignée des remises en question des héros ; sur ce point, même, « The Boys » est sûrement l’acmé, le fleuron contemporain de cette revisitation adulte des super-mythes. Après deux volumes où John McCrea officiait au dessin, je lance un vibrant « hourra ! » puisque ce dixième volume marque le retour de Darick Robertson.
Certes, McCrea n’était pas mauvais, non, et les scénarios d’Ennis étaient toujours aussi explosifs, mais on ne peut qu’être excités à l’idée de voir à nouveau les dessins si puissants et voluptueux de Robertson incarner ces histoires de fous. Son style précis n’ayant pas peur de l’outrance colle si parfaitement à l’esprit de la série qu’on a du mal à imaginer quelqu’un d’autre à sa place…

Il est intéressant de constater que plus la série avance et plus elle se constitue par fragments, s’échappant d’une linéarité d’action, d’une continuité narrative pour nous entraîner dans des « aventures locales », ou bien comme ici nous plonger dans la psychologie et l’histoire des personnages. « Rien de tel dans le monde entier » est une incursion dans le passé de la Crème, du Français et de la Fille.

Trois membres, mais aussi trois « collègues » du P’tit Hughie à qui ils vont se confier et lui dévoiler leur histoire. Tour à tour, ils vont lui expliquer ce qui finalement les a mené dans le sillage de Butcher, et adopter l’éthique et l’action des P’tits Gars. Au-delà de l’humour dévastateur qui côtoie la révolte légitime de cette œuvre, ce volume se situe plus dans l’émotion, la retenue, l’humanité. Les deux premiers épisodes dédiés à la Crème, notamment, sont aussi crus qu’empreints d’humanité touchante. Pareillement, l’histoire de la Fille est aussi horrible que bouleversante, et Ennis n’hésite pas à appuyer la réelle dimension de souffrance de la Fille à la fin du récit, comme une ouverture, un épilogue où rien ne sera dit mais où l’on comprendra que trop bien par des détails ; une bouche qui se tord, un regard qui se perd…

Romantique, ce bon vieux briscard d’Ennis ? Presque autant qu’Ellis. On ne peut pas hurler ainsi sans être un minimum brisé puis révolté par la saloperie ambiante, dans un grand éclat d’amour brut et pur et dur. Mais rassurez-vous, damoiselles, damoiseaux, ne vous laissez pas aller à chialer d’émotion, car la grande déglinguerie aura tout de même lieu avec l’histoire du Français… Une histoire si #%§*£!&# qu’elle pourrait tout de même vous faire chialer si vous êtes trop chauvin, car… aïe aïe aïe ! Heureusement que le ridicule ne tue plus ! Ennis y va à fond la caisse et nous remet comme personne à notre place de mangeurs de grenouilles. Au bout de quelques escargots, bérets et baguettes ostensibles, on est déjà offusqués par tant de clichés horribles, mais lorsqu’a lieu un combat à bicyclettes où l’un des protagonistes mourra à cause d’un croissant rassis, alors là !!!!!!! À mourir de rire !

Et si le doute persistait, sachez que le titre original de cet épisode est « La Plume de ma tante sur la table », en français dans le texte… Que Garth Ennis mâche de force son porridge la tête en bas sur dix-huit générations ! Et qu’il continue de nous secouer ainsi, on adore ça…

Cecil McKINLEY

« The Boys » T10 (« Rien de tel dans le monde entier ») par Darick Robertson et Garth Ennis Éditions Panini Comics (11,00€)

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