Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Sambre » T6 par Yslaire
Alors qu’Yslaire continue de retracer la généalogie des « Sambre » avec « La Guerre des Sambre » (après l’excellente trilogie « Hugo & Iris » dessinée par les talentueux Jean Bastide et Vincent Mézil, c’est le prometteur Marc-Antoine Boidin qui illustre « Werner & Charlotte » dont le 2ème tome doit paraître en octobre), seul maître à bord, il nous livre un sixième épisode de sa romantique série centrale, huit ans après le précédent !
Une sorte de pause optimiste et pleine d’espoir dans ce destin tragique qu’il nous narre, avec moult déclinaisons, depuis juin 1985 : date de la prépublication du premier opus, scénarisé à l’époque par Yann sous le pseudonyme de Balac, dans le mensuel Circus des éditions Glénat !
Pourtant, cela commence plutôt mal puisqu’on y retrouve Julie, l’héroïne aux yeux rouges, qui a dû abandonner son enfant ayant été condamnée à être déportée au bagne de Cayenne. Suite à une terrible tempête, le bateau qui la transporte fait naufrage et la jeune femme est précipitée sur un îlot des côtes d’Irlande où elle est recueillie par un gardien de phare bon et généreux. Or, elle est toujours terriblement tourmentée par la mort de Bernard, son amour dont le fantôme l’exhorte au suicide… Mais après les horreurs subies par le passé, Julie va devoir réfléchir à sa capacité de libre arbitre : le moment de la résilience est peut-être venu, à elle de faire les bons choix…
Avec une narration progressive, toujours aussi juste et sensible, cette deuxième partie d’un second cycle traduit parfaitement les interrogations de la seule survivante de cet amour au long cours où deux individus se sont promis une adoration éternelle ! Et le dessin expressionniste de l’auteur, mouvant et précis à la fois, fait encore mouche : le trait élancé qu’il utilise à merveille permettant de nous faire deviner, graphiquement, ce que ressentent, exactement, ses personnages !
Gilles RATIER
« Sambre » T6 (« La Mer vue du purgatoire… ») par Yslaire
Éditions Glénat (13,50 €)