Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Mon pépé est un fantôme » T4 par N. Barral et TaDuc
Juillet approche, c’est le moment d’envoyer les enfants chez les grands-parents. C’est sûrement ce que sont dits les auteurs de la série jeunesse » Mon pépé est un fantôme » en invitant leur héros en Corse. Après tout, il s’appelle… Napoléon !
Le quatrième volet ne résiste donc pas à l’exotisme culturel de l’île de Beauté où l’on retrouve, par le biais d’une bande de gosses qui se chamaillent, les « travers » habituels sur l’importance de la lignée et une certaine façon de gérer les conflits (honneur et vendetta, évidemment !), mais également les beautés du maquis et des plages et l’importance des spécialités (châtaignes et fromage avec les vers !). Avec humour et une évidente tendresse, les auteurs distillent, avec quelques clichés, certes (mais peut-on les éviter?), humour et piques, voire des remarques que seuls les adultes sauront apprécier.
Il faut tout de même indiquer que cette série qui est pré-publiée dans l’hebdomadaire Spirou, sous couvert de divertissement jeunesse, nous avait habitués à des sujets autrement plus sérieux. Quand on rencontre le petit Napoléon Tran, dans le tome 1, il vient de perdre son grand-père bien aimé au moment même où ses parents sont plus occupés à divorcer qu’à prendre soin de lui. C’est alors que Pépé Tran, d’origine vietnamienne, décide de jouer les fantômes. Suivent alors des épisodes où le grand-père, qui n’est visible que par Napoléon, compose avec son petit-fils un véritable duo de larrons en foire… Dans le tome 2, comme Napoléon prétend que son grand-père est revenu, ses parents consultent un psychologue. Pour le soigner et l’aider, ils lui achètent un iguane, Iggy, qui constitue une totale réussite tant graphique que « caractérielle ». Mais, très vite, le grand-père est jaloux de cet animal de compagnie et préfère quitter la maison… Enfin, dans le tome 3, Napoléon tombe amoureux et aimerait bien se confier à quelqu’un mais son psy, sa famille ou sa grand-mère qui perd la mémoire, sont mobilisés par leurs propres problèmes…
La vie de famille est ainsi abordée sans complaisance, ni mièvrerie, puisqu’on y évoque avec fantaisie et intelligence des thèmes très actuels : divorce, adultère, couples mixtes, maladie d’Alzheimer, identité sexuelle… C’est plein d’humour et de pédagogie puisque le tome 3 comptera même un dossier final pour les parents sur le décès d’un proche, le divorce, le regard des autres, « l’animalothérapie », la vieillesse, les émois amoureux, la maladie…
Par conséquent, avec ce tome 4, c’est vraiment le dépaysement qu’on peut prolonger en relisant « Astérix en Corse » ou « L’Enquête corse » de » Jack Palmer « .
Un petit aperçu en musique et en images.
Alors, bon voyage.
Didier QUELLA-GUYOT (L@BD et blog)
» Mon pépé est un fantôme » T4 ( » Saison corse » par Nicolas Barral et TaDuc
Éditions Dupuis (10, 45 €)