CLAUDE MOLITERNI DECORE DE LA LEGION D’HONNEUR PAR RENAUD DONNEDIEU DE VABRES, MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION

Devant une nombrese assistance, Claude Moliterni a reçu, le 13 octobre à 2005,. les insignes de chevalier de la Légion d’honneur des mains de Renaud Donnedieu de Vabres dans les salons du Ministère.

Discours de Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication prononcé lors de la remise des insignes de chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur à Claude Moliterni


 


Le 13 octobre 2005


 


« Cher Claude Moliterni,


 


Je suis très heureux de vous distinguer ce soir. Iconographe de profession, vous auriez pu exercer votre curiosité universelle, votre soif de connaissances et de découvertes, en explorant les archives et les mondes du passé.


 


Votre savoir encyclopédique, votre passion de la recherche et votre goût de l’exploration, vous l’avez, pour notre plus grand bonheur de lecteur, porté aussi loin qu’il est possible, en nous ouvrant les portes des mondes nouveaux de la bande dessinée, qui vous doit d’être, aujourd’hui, considérée comme un art à part entière, le neuvième, dit-on, sans doute, mais assurément l’un des plus stimulants et des plus vivants de notre temps.


 


Avant d’entrer dans ce monde fascinant, vous avez publié pas moins d’une centaine de romans policiers et d’espionnage sous pseudonyme: Eric Cartier, Cehem, Olivier Fontaine, Karl Von Kraft, Frank Sauvage, Marc Jourdan, Yves Sainclair. On vous doit notamment les aventures de L’inspecteur Vitos et du Furet, sous le pseudonyme d’Eric Cartier.


 


Vous vous êtes aussi consacré à l’écriture de pièces radiophoniques, pour des émissions comme Allô Police et Les Auditeurs mènent l’enquête. Vous avez aussi conçu et réalisé des disques, dont les Mémoires du Général de Gaulle avec Jean-Louis Barrault, ainsi qu’une Histoire de la musique en dix albums.


 


Et sans doute, est-ce votre talent de défricheur, mais aussi votre esprit pionnier, qui vous amènent à vous intéresser et à faire connaître la bande dessinée, à une époque, c’était il y a une quarantaine d’années, où l’on n’avait pas pour elle le même respect, la même admiration qu’aujourd’hui. Ce n’était, tout au plus, qu’un « genre », à peine admis dans le catalogue des divertissements, un lieu, plus tout à fait secret, mais encore enfantin, de lecture, de plaisir de moins en moins solitaire et de plus en plus partagé. C’est vous qui l’avez fait sortir de son périmètre restreint et ludique. C’est vous qui lui avez donné le rayonnement et l’importance qu’elle méritait dans nos esprits et dans nos coeurs.


 


Il fallait, il y a encore quelques années, non seulement qu’elle soit lue, mais surtout qu’elle soit vue.


 


Vous avez organisé tant d’expositions et de manifestations, pour témoigner de ses richesses, de sa diversité, de sa créativité. Personne n’a oublié la célèbre exposition fondatrice » Bande dessinée et figuration narrative » que vous avez conçue avec Pierre Couperie, dès 1967, au musée des Arts décoratifs de Paris.


 


Vous créez ensuite la société française de BO, qui a joué un rôle capital, pour encourager l’unité de la création dans ce domaine, sa promotion et sa visibilité.


 


Vous êtes parmi les trois fondateurs du salon intemational de la bande dessinée d’Angoulême: c’était, en 1974, une ébauche de rêve ; c’est, aujourd’hui, une référence mondiale, un phare de la BO française et francophone, où j’ai eu le plaisir de me rendre en janvier dernier, avant de vous retrouver ici, rue de Valois, le 31 mai dernier, pour la Fête de la BO. Quant au salon international de Lucca, il vous doit son prestige et sa vitalité.


 


Oui, vous êtes l’honneur de la bande dessinée, parce que vous l’avez fait connaître au plus large public. Vous lui avez donné sa place dans la société et l’histoire de la lecture. Comme tout art en prise sur la société d’aujourd’hui, elle suscite des mouvements, des commentaires, des analyses, mais c’est vous qui, en créant, dès 1966, Phénix, une revue d’études sur la bande dessinée, en avez fait une matière à réflexion, un symbole éblouissant de l’univers, un vecteur essentiel d’interprétation du monde.


 


La bande dessinée a une histoire, désormais. En réalisant, notamment, L ‘Histoire mondiale de la Bande dessinée, non seulement vous démontrez l’évolution de cet art, mais vous amenez à la lumière des sources d’imaginaire que l’on ne soupçonnait pas. Ainsi, la bande dessinée arabe ou chinoise nous est, grâce à vous, devenue plus familière.


 


 » Les aventures de la bande dessinée » : oui, vous les avez suivies au plus près, parce que vous les avez vécues vous-même. Vous avez été directeur éditorial chez Dargaud éditeur, directeur de la rédaction de Pilote, Charlie mensuel


 


Vous êtes en effet un admirable scénariste, plein d’humour, de souplesse, de gravité, de souci endiablé du monde. Tous les ouvrages auxquels vous avez travaillé sont merveilleux: il suffit simplement de rappeler Scarlett Dream, Agar, Taar le Rebelle, mais aussi, Pas de Sida pour Miss Poireau, et tous les épisodes de la série d’animation Les ailes du dragon.


 


Car vous êtes un grand artiste, un vrai créateur, vous avez traversé l’intérieur de la bande dessinée. Vous avez travaillé en son coeur. Mais sans doute parce que vous êtes un homme éminemment généreux, vous ne vous êtes jamais laissé fasciner par votre propre création. Vous vous êtes sans cesse engagé à faire connaître le talent des autres, et cela, toute votre vie, comme si seul comptait pour vous le dévouement à la Bande dessinée.


 


Et c’est pour cet amour que vous lui portez, que vous avez prouvé, pour lequel vous avez lutté et que vous nous faites partager, que j’ai le plaisir de vous rendre hommage aujourd’hui.


 


Claude Molitemi, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier de la Légion d’honneur. »


 


 


Après l’éloge du ministre, Claude Moliterni a répondu en ces termes: » Monsieur le ministre, je suis très honoré par cette distinction. Je souhaiterais, surtout, associer mes amis Pierre Couperie, Edouard François, Claude Legallo, Henri Filippini, Philippe Mellot et Laurent Turpin. Depuis plus de quarante ans, ils ont été, en effet, à mes côtés pour promouvoir la bande dessinée comme un moyen de communication de masse et la faire reconnaître comme le 9° art. Je voudrais rappeler aussi la mémoire de René Goscinny et Georges Dargaud qui ont contribué à cette évolution et à sa large diffusion. Sans oublier, bien entendu, Pim Pam et Poum, qui m’ont fait découvrir, dans mon enfance, avec leurs facéties, la bande dessinée. »



Site officiel: www.claudemoliterni. com


 


 

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