Milo Manara : né un crayon à la main !

Tout au long de cette autobiographie chaleureuse, le dessinateur italien se dévoile avec une simplicité et une sincérité qui n’appartiennent qu’aux modestes, mais qui connaissent leur valeur. On y croise le meilleur de la bande dessinée italienne, à commencer par Hugo Pratt — son ami et son « Maestro » — : ainsi que tant d’autres personnalités qui ont croisé sa route d’éternel nomade aux quatre coins du globe. Un ouvrage émouvant et passionnant, indispensable complément à la luxueuse monographie « Sublimer le réel » (publiée en 2019 aux éditions Glénat), qui évoque par l’image toutes les facettes de son œuvre.

Né en 1945, dans les Dolomites, et quatrième enfant d’une fratrie qui en compte six, Milo Manara est le fils d’un secrétaire de mairie et d’une institutrice.

Les fumetti, peu appréciés à l’époque par les enseignants, sont absents de la maison où l’enfant solitaire dévore les romans de Salgari, Kipling, Dickens… dans l’imposante bibliothèque familiale.

Au fil de courts chapitres, il évoque les vendangeuses plantureuses, les touristes suédoises… mais aussi son goût, dès son plus jeune âge, pour les matières littéraires et artistiques.

Apprenti chez un riche architecte, il découvre « Barbarella » de Jean-Claude Forest : un véritable coup de poing qui le persuade que son avenir, c’est la bande dessinée.

Il évoque ses premiers pas dans les fumetti érotiques — bien payés, contrairement à la légende —, ses premiers scénaristes (Alfredo Castelli, Pisu, Mino Milani), Louisa (sa femme depuis 50 ans), son ami l’éditeur Sergio Bonelli… Puis sa première rencontre en 1969 au salon de Lucca avec celui qu’il a toujours appelé « Maître » : Hugo Pratt…Enfin, les véritables débuts d’une carrière qui explose en France, avec la publication du « Déclic » et son entrée dans (À suivre) avec « HP et Giuseppe Bergman ».

Milo Manara aujourd'hui...

Cet ouvrage est une véritable mine pour qui souhaite revivre la grande époque de la « nouvelle BD » et croiser la route des éditeurs et auteurs qui en furent les artisans en Italie, mais aussi en France.

L’écriture de Milo Manara est chaleureuse, simple, sincère.

La vie d’un honnête homme qui ne cherche ni l’argent ni la gloire, seulement la possibilité de vivre sa passion pour le dessin en toute liberté : « Si l’homme le plus riche du monde me disait “Je t’offre tous mes biens, mais tu dois perdre ta capacité de dessiner”, je lui dirais non. Je lui dirais “Garde-la, ta richesse, parce que ma vie, c’est le dessin ; sans le dessin, je n’aurais pas de vie”. »

Ces propos, recueillis par Tito Faraci, traduits de l’italien par Hélène Dauniol-Renaud, ont été publiés en 2021 en Italie dans la collection Feltrinelli Comics.

L’édition française compte 228 pages, généreusement illustrées de documents en noir et blanc et en couleurs pour la plupart peu connus des lecteurs français.

Henri FILIPPINI 

« Manara grandeur nature » par Milo Manara

Éditions Glénat (25 €) EAN : 978-2-3440-5172-6

Parution 7 décembre 2022

 

 

 

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