Saviez-vous qu’en 1916, à Unicoi (comté de l’État du Tennessee, aux États-Unis), une éléphante prénommée Mary a été condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait ? Eh oui, en Amérique, à cette époque-là, on ne rigolait pas avec la loi, même en ce qui concernait les animaux à qui ont accordait, suivant la croyance populaire, une conscience morale. La plupart d’entre eux devant alors être exécutés, il y aurait eu, d’après l’excellent narrateur et dessinateur David Ratte (1), des bourreaux assermentés qui devaient parcourir tout le pays pour appliquer la sentence suprême à ces bestioles assassines, à la suite de décisions issues des procédures fédérales. C’était d’ailleurs le métier du jeune Jack Gilet : un type un peu paumé qui aimait tellement les animaux qu’il ne voulait pas qu’on les abatte comme des bêtes…
Lire la suite...« La Véritable Histoire du Dahlia noir » labélisée 619 !
Le meurtre non élucidé d’Elizabeth Ann Short, dont le corps a été retrouvé atrocement mutilé, coupé en deux au niveau du bassin et vidé de son sang dans un terrain vague de Los Angeles, le 15 janvier 1947, a donné lieu à différentes spéculations, lesquelles ont inspiré nombre de livres, films, jeux vidéo, etc. Les derniers mois de cette Américaine de 22 ans, plus connue sous le pseudonyme du Dahlia noir (Black Dahlia), sont ici transposés avec un minutieux souci du détail, dans un recueil mêlant bande dessinée et textes informatifs rédigés d’après les documents déclassifiés du FBI, par les auteurs des séries « Freaks’ Squeele » et « Mutafukaz » : un impressionnant et troublant ouvrage d’une centaine de pages qui met l’accent sur la vie, plutôt que sur l’homicide sinistre, de la victime…
Ainsi, le scénariste Guillaume Renard, alias Run, auteur de « Mutafukaz » — dont le premier tome en BD est publié en 2006 —, par ailleurs créateur du Label 619 au sein des éditions Ankama en 2008 (lequel est passé aujourd’hui chez Rue de Sèvres), a inspecté pendant des heures les archives des journaux de l’époque — certaines sont d’ailleurs reproduites dans l’album — et à recouper les témoignages de gens l’ayant côtoyée pour raconter sa version du Dahlia noir : l’histoire de cette jeune femme fragile qui rêvait de faire du cinéma et qui finira horriblement assassinée.
Souffrant d’asthme, Elizabeth « Betty » Short quittera la rudesse hivernale de son Massachusetts natal pour la Floride, puis s’installera à Los Angeles et envisagera une carrière de starlette hollywoodienne. Son surnom de Dahlia noir, popularisé par la presse américaine, viendrait de son abondante chevelure brune ornée d’une fleur de dahlia ou des vêtements noirs qu’elle portait pour sortir le soir…
La rigueur documentaire de Run, ainsi que son attachement à la naïve protagoniste perdue dans Hollywood, apporte évidemment une authenticité bienvenue à l’efficace narration de son adaptation en bandes dessinées : sept chapitres comportant en tout 64 planches qui sont mis en images par le trait bluffant de Florent Maudoux, lequel lorgne à bon escient le style des comics ou des mangas. Ce dessinateur (également scénariste sur sa série phare « Freaks’ Squeele » ou sur ses dérivés comme « Funérailles » : voir « Freaks’ Squeele Funérailles T1 : Fortunate Sons » par Florent Maudoux) a réalisé ici un immense travail, souvent quasi photographique, qui peut s’apparenter à de la couleur directe, et qui restitue au mieux l’ambiance de l’époque.
P.-S. Notons que l’album est également disponible dans une version spéciale en noir et blanc (EAN : 978-2-8102-0315-4), au même prix.
« A Short Story : la véritable histoire du Dahlia noir » par Florent Maudoux et Run
Éditions Rue de Sèvres/Label 619 (19,90 €) — EAN : 978-2-81020-301-7