Bilal nous alerte sur l’absence de transmission dans notre monde…

Alors qu’une panne informatique planétaire a enrayé tous les ordinateurs et systèmes d’information, Kameron Obb est le seul être qui porte, en son cerveau, tout le savoir numérisé de l’humanité. Comme toute la culture mondiale s’est évaporée, les puissants de la Terre s’arrachent cet homme qui rentre juste d’une mission spatiale. Après deux tomes de chaos où le héros — qui fait office de disque dur — n’a fait que subir les événements (1), celui qui est devenu l’individu le plus recherché de la planète va enfin se mettre à agir avec ce troisième opus de « Bug » !

Étant la proie de toutes les convoitises, Obb est traqué à travers le monde par des instances gouvernementales, mais aussi par des groupuscules contestataires. Toutefois, il réussit à communiquer avec sa fille qui, elle, a été kidnappée par de mystérieux ravisseurs… « Ce personnage, je le découvre petit à petit. Il a hérité de toute la mémoire terrestre, parce qu’il a en lui cet alien, qui est comme un disque dur. Pour l’instant, tous les pouvoirs qu’il a, il en use pour des choses encore dérisoires. Mais comment va-t-il en jouer ? Pour le bien ou pour le mal ? Le mal est tentant » rajoute le célèbre artiste.

Pendant ce temps-là, en cette année 2042 sans plus aucun souvenir du XXe siècle, le monde ne fonctionne plus en globalité et des micro-idéologies réapparaissent à travers des fantasmes extrêmes. Ainsi, alors que l’on constate une espèce de prise de pouvoir par de nombreuses femmes très puissantes, un nouveau petit dictateur se fait tatouer les visages d’Hitler et de Staline, de part et d’autre de son crâne rasé… L’humanité, privée de sa béquille digitale, n’a donc plus de repères !

Dans cette passionnante série d’anticipation, prévue en cinq ou dix volumes (suivant l’inspiration de l’auteur), Enki Bilal nous confie surtout ses peurs d’un monde tout numérique, avec le risque d’un recommencement brutal pour l’humanité : une « sacrée remise à jour », comme il le prédit dans sa vision d’un avenir peu engageant.

En plus de cette suite de rebondissements et de séquences spectaculaires, ponctuée toutefois de réflexions satiriques aussi inattendues que réjouissantes dans ce sombre futur, Bilal publie également (toujours chez Casterman) un livre d’entretiens avec l’écrivain et journaliste français Christophe Ono-dit-Biot intitulé « Sublime Chaos » et inaugure une exposition au musée de l’Homme à Paris où l’établissement lui a laissé carte blanche.

Gilles RATIER

(1) Voir sur BDzoom.com : « Bug » T1 par Enki Bilal.

« Bug T3 : Livre 3 » par Enki Bilal 

Éditions Casterman (18 €) — EAN : 978-2-203-20228-3

Parution 16 mars 2022

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Une réponse à Bilal nous alerte sur l’absence de transmission dans notre monde…

  1. Olivier Northern Son dit :

    La série, loin de s’épuiser comme on aurait pu le craindre, rebondit sur l’actualité et tisse peu à peu un monde très immersif avec des personnages attachants malgré un monde souvent inhumain (et si humain, en fait!).
    Excellent!

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