Quel plaisir, après des années et des années de chroniques sur les nouvelles parutions concernant le 9e art, de continuer à découvrir des auteurs prometteurs qui, d’emblée, semblent vraiment maîtriser les codes narratifs et graphiques de la bande dessinée ! C’est d’autant plus méritoire quand il s’agit d’un premier album en ce domaine : ce qui est le cas de Pierre Alexandrine avec son « Amourante ». Ce dense ouvrage de 230 pages, édité chez Glénat, nous propose un voyage aussi palpitant qu’amusant à travers les époques et les lieux, en remettant en question notre obsession tout à fait compréhensible de plaire perpétuellement et de ne pas mourir…
Lire la suite...Exils intérieurs/extérieurs…

À l’heure où l’on parle beaucoup de l’émigration des Ukrainiens fuyant la folie de Poutine, l’histoire de Roméo quittant volontairement l’Italie (et, plus exactement, la Sardaigne) avec sa femme enceinte pour s’installer près de New York est certes plus douce, mais n’en est pas moins révélatrice de tout ce que l’éloignement de ses racines a de douloureux.
En fait, Diane est née là-bas et vient s’installer à l’étage d’une maison familiale qu’il faut retaper et où, au rez-de-chaussée, vit la grand-mère. Si l’un perd ses racines, l’autre les retrouve, mais la communauté italo-américaine réserve des surprises, surtout pour Roméo qui a rêvé l’Amérique. On entre peu à peu dans ses pensées, ses inquiétudes, ses effrois qui le poussent quelquefois à se remettre en cause et à douter de son couple, voire de sa capacité à devenir père.
Romeo a un projet en arrivant aux États-Unis : écrire… Écrire, oui, mais quoi ? Là aussi, le doute est permanent et l’impuissance s’installe. Reste à explorer le quartier à rencontrer les gens, à observer sans cesse pour qu’émerge une bonne idée, celle d’un récit autour de l’exil intérieur (« Inner Exile »), un exil et une terrible nostalgie : « la mer, les mandarines, la pitta aux sardines, le charme du village de San Morello, les tomates du potager de Z’Antoni. »
Il y a un côté carnet de voyage mêlé à journal intime dans cet album, un cheminement entre découvertes et souvenirs, sans oublier les nombreux cauchemars qui peuplent les nuits de Roméo, ce que l’auteur restitue en variant son graphisme, délaissant la bichromie au profit de séquences plus noires ou d’autres crayonnées pour des flash-backs.
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Le Voyageur lointain » par Otto Gabos
Éditions Ici même (24 €) – EAN : 9782369121046
Parution 25 février 2022