Prix du meilleur album au festival Quai des bulles de Saint-Malo, cette monumentale fresque d’apprentissage en 280 pages en noir et blanc, où seules les mélodies apportent de la couleur, mérite vraiment votre attention ! C’est une quête initiatique, mise en scène par Édouard Cour (aux dessins) et Jean-Christophe Deveney (au scénario), qui nous plonge dans le Saint-Empire romain germanique du début du XVIIIe siècle. En suivant l’ascension, à la fois magnifique et tragique, de deux talentueux jumeaux orphelins — sur qui plane l’ombre d’un mystérieux compositeur allemand qui signe ses partitions des trois mots « Soli Deo Gloria » —, elle nous entraîne vers une méditation métaphysique sur le sens de la création, nous rappelant le pouvoir qu’a la musique sur les humains !
Lire la suite...La Guinée… à pas de Géant !
En Guinée, vit un drôle de type surnommé Géant, un peu casse-cou, un peu tête brûlée… Bref, un personnage pittoresque. Son métier : fabricant de pirogues… et, à l’occasion, transporteur de passagers, voire de drôles de passagers. Il n’a par ailleurs qu’une obsession : sortir les enfants des rues de Conakry de la misère. Avec autant de casquettes, le quotidien peut s’avérer chaotique…
On est en 2001 et Géant va devoir emmener un client, surnommé ATK, sur une pirogue grand confort. ATK est un communiste qui n’a pas que des amis : il est notamment rejeté par ses alliés chinois et craint pour sa vie. Pour lui, parce que c’est bien payé, Géant est prêt à prendre quelques risques (son côté « s’en fout la mort »). C’est un homme solitaire, mais pas égoïste. Il a connu la faim, la misère, la violence, et fait tout pour sortir les gamins d’un tel engrenage. Cet argent, ça servira à les aider en construisant un orphelinat.
Floc’h connait bien cette région d’Afrique et se plait à en restituer l’atmosphère des rues, des bidonvilles, de ses routes en latérite, de sa faune (notamment l’oiseau jabiru) et de ses expressions comme celle qui donne son titre à l’album. La Guinée est donc bien là, avec ses guérisseurs, ses marabouts, ses Chinois qui s’implantent et colonisent, sa misère, ses enfants chapardeurs, et un imam radical avec lequel Géant ne s’entend pas, car l’imam ne veut pas de la construction d’un orphelinat et préfèrerait récupérer l’argent pour agrandir sa mosquée…
Rappelons qu’Arnaud Floc’h est l’auteur, entre autres, d’« Emmett Till », chroniqué ici-même, et de « Mojo Hand » (sur BDzoom également). On lui doit aussi le dessin de l’adaptation du roman de Yasmina Khadra « Dieu n’habite pas La Havane », parue l’an dernier et scénarisé par Véronique Grisseaux : un roman qui fleure bon Cuba, bien entendu, les tropiques, les vieilles automobiles américaines et la musique, surtout la musique ! Arnaud Floc’h s’y attachait, ainsi, à restituer les rues de la Havane, les vieilles maisons coloniales, mais aussi les quartiers populaires et miséreux ou les bords de plage loin de la ville, sans oublier la musique, l’alcool, les amis…
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« S’en fout la mort » par Arnaud Floc’h
Éditions Sarbacane (24 €) – EAN : 9782377317738
Parution 2 février 2022










