Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Molly West : une femme en colère !
Depuis une dizaine d’années, le duo formé par Philippe Charlot et Xavier Fourquemin propose quelques pépites appréciées par les lecteurs de bandes dessinées classiques. Après l’émouvant « Train des orphelins », les deux auteurs retrouvent les États-Unis au lendemain de la guerre de Sécession : l’occasion de brosser le portrait d’une jeune femme à la fois fragile et déterminée, au fil d’un western prometteur au ton original.
Originaire du nord des États-Unis, la frêle Isabelle Talbot débarque au Texas où la population sudiste ne goûte pas toujours le monde parfait voulu par les nordistes. La jeune femme est chargée d’apporter le plaisir de la lecture aux habitants isolés, jusqu’à la frontière mexicaine : une idée généreuse du major Hood, dont la réputation n’est pourtant pas bonne. Un cheval costaud, deux malles remplies d’ouvrages sur une carriole au cul d’une mule, et voici la raffinée Isabelle en route pour un périple de trois semaines dans les villages texans. Une équipée pas vraiment solitaire, puisqu’elle découvre la présence d’un jeune garçon dissimulé dans l’une des malles. Elle finit par accepter la compagnie d’Artemus alias Artie : passager clandestin qui se révèle particulièrement utile lorsqu’ils se rendent compte que les malles ne contiennent pas que des livres. Baptisée Molly par son nouvel ami, Isabelle dissimule un passé douloureux, une immense colère. De quoi transformer la fragile jeune femme en un diable en jupon : en une femme en colère, très en colère…
Le scénario dramatique de Philippe Charlot, teinté d’une note d’humour, présente une savoureuse galerie de personnages. Sans en avoir l’air, il dénonce les injustices, la violence, le racisme que connaît l’Amérique du Sud au lendemain d’une guerre fratricide. On s’attache au duo insolite, désormais inséparable, formé par la séduisante Molly et son jeune comparse. Ce premier épisode promet de belles chevauchées et un avenir radieux à ce western humaniste pas comme les autres.
Entre réalisme et caricature, les dessins légers de Xavier Fourquemin proposent une vision originale de l’Amérique, à travers des personnages savoureux aux trognes irrésistibles.
Né le 22 juin 1970, à Neuilly-sur-Seine, Xavier Fourquemin suit les cours de l’institut des Beaux-Arts de Tournai pendant quatre ans, en tant qu’élève d’Antonio Cossu. Il débute dans la revue Golem, réalise ses premiers albums avec Dieter (« Alban », « Outlaw »), Pierre Dubois (« La Légende de Changeling »)… Il commence sa collaboration avec Philippe Charlot (né en 1960) avec « Le Train des orphelins » en 2012, chez Grand Angle. Suivent « Le Cimetière des innocents », « Les Enquêtes de Lord Harold, douzième du nom »…
Profitons de ce western pour signaler que les éditions Glénat vont lancer, en mai prochain, une collection dédiée à la mythologie de l’Ouest américain coéditée avec les éditions Fayard. Deux premiers albums sont annoncés : « Wild Bill Hickok » dessiné par Ennio Bufi et « Jesse James » par Christian Regnault, tous deux scénarisés par Dobbs.
« Moly West T1 : Le Diable en jupons » par Xavier Fourquemin et Philippe Charlot
Éditions Vents d’Ouest (14,50 €) — EAN : 978 2 7493 0940 8