« Goscinny à New York » : les racines culturelles d’un Gaulois aux USA !

Que voilà un ouvrage intéressant qui éclaire d’un jour nouveau toute l’œuvre du génial scénariste d’« Astérix », « Lucky Luke » ou « Iznogoud » et créateur du « Petit Nicolas » ! En se concentrant sur les passages à New York de René Goscinny (particulièrement les plus fondateurs qui ont eu lieu entre octobre 1945 et mai 1954), Clément Lemoine a mené une enquête très documentée sur celui qui est, peut-être, l’auteur français le plus lu, par le public le plus large, et ceci depuis pratiquement 70 ans…

Recoupant toutes les sources à sa disposition — non seulement les nombreuses interviews où le célèbre rédacteur en chef de Pilote évoque ces années décisives passées entre New York et l’Europe après son enfance en Argentine, mais aussi dans les archives des services américains de l’immigration ou les registres des passagers des paquebots transatlantiques —, ce documentaliste en région parisienne (et co-créateur des éditions Onapratut) dégage les lignes de force de cette période d’apprentissage entourée, jusqu’alors, de flous et d’imprécisions.

La préface de Pascal Ory — historien (désormais académicien), fin connaisseur du 9e art et l’un des biographes de référence sur le scénariste — insiste, d’ailleurs, sur la méticulosité de l’auteur de ce livre, lequel redéfinit clairement le parcours de Goscinny sur le territoire américain — car c’est là qu’il apprend son métier, rencontre des gens qui l’exercent, et trouve sa voie — et replace son œuvre dans un contexte historique global.

Ce travail approfondi permet, ainsi, d’étudier les pratiques professionnelles importées par Goscinny, mais également les abondantes traces laissées par l’Amérique dans ses différentes séries : « De New York, Goscinny a ramené des auteurs, des techniques, une fascination. Il est temps de rentrer dans les détails, autant que possible, de cette expérience américaine, et d’essayer de comprendre en quoi elle a fondé, non seulement sa vision des États-Unis, mais la nôtre, non seulement son humour, mais le nôtre. »

En effet, après une chronologie factuelle, Clément Lemoine tente d’en dégager tout son sens et montre comment le jeune René est devenu Goscinny : tournant le dos au continent américain pour trouver sa voie.

Il s’efforce, ainsi, d’identifier un certain nombre de procédés, que l’on retrouve régulièrement dans ses bandes dessinées, lui venant directement de sa culture yankee.

Ces 240 pages indispensables aux passionnés de l’histoire de la BD franco-belge des années 1940 à 1970 sont publiées par La Déviation (« la petite maison d’édition qui vaut le détour ») sous une couverture de Michaël Baril !

Cette structure dirigée par l’ancien libraire Michel Lebailly – un vrai passionné – en profite pour rééditer le premier livre de Clément Lemoine  (« Versions originales ») dans une nouvelle version mise à jour et préfacée par Benjamin Herzberg : un autre essai enthousiasmant où l’auteur recense et classifie les personnages de traducteurs et d’interprètes dans l’œuvre de Goscinny, tout en analysant la portée de cet élément comique récurrent.

À noter que ces ouvrages sont en vente dans toutes les bonnes librairies ou sur le site editionsladeviation.fr.

Gilles RATIER

(1)  La Déviation est aussi l’éditeur du très recommandable petit opus « René Goscinny et la brasserie… des copains » par Christian Kastelnik ; voir Que s’est-il vraiment passé au sein du journal Pilote, en mai 68 ?.

« Goscinny à New York » par Clément Lemoine

Éditions La Déviation (20 €) — EAN : 979-1096373413

Parution 20 janvier 2022

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