Bruno Duhamel et David Ratte sont deux auteurs phares du label Grand Angle du groupe Bamboo, même s’ils se démarquent quand même un peu de la ligne des aventures plus classiques proposées majoritairement par ce très intéressant secteur dirigé par le scénariste Hervé Richez. C’est d’ailleurs ce dernier qui a eu l’idée de rapprocher les deux créateurs, lesquels sortent, en effet, des sentiers balisés. Le résultat de leur efficace collaboration ? Une mise en lumière émouvante et pleine d’ironie de deux attachants exclus de notre société : Amir, jeune réfugié kurde sans papier plutôt discret, et Théo, vieux clochard pure souche, bavard et politiquement incorrect. Leur relation, liée par un pacte de survie, va voler en éclat lorsque le vétéran s’entichera d’un chien trop bien toiletté pour être honnête…
Lire la suite...Jonathan, le retour… et la fin !

Jonathan a découvert l’Himalaya au milieu des années 1970, à un moment où Katmandou attire, le Tibet interpelle et le bouddhisme fascine. Jonathan est de ces voyageurs errants qui vont là-bas pour aller quelque part et fuir la société capitaliste, individualiste et sans idéal. Là-bas, où tout est inconnu, démesuré, surprenant, mystérieux. Le voyage est à la fois planétaire et intérieur car voyager, c’est aussi prendre son temps, prendre sur soi, prendre et apprendre…
Dans la trace créée par Hergé avec « Tintin au Tibet », Cosey a carrément développé une série, de plus en plus documentée (voyages à l’appui au Ladakh, au Cachemire, au Népal…) et de plus en plus politisée. Jonathan, d’abord amnésique (dans« Souviens-toi, Jonathan »), s’interroge sur lui-même puis sur les autres, et sur l’autre. Jonathan va de rencontre en rencontre, toujours en quête… Jonathan se cherche et s’initie, le lecteur avec lui.
Ce dernier volet n’échappe pas à la règle : Jonathan est « en piste » là-bas, au Tibet. En piste et en pause, Jonathan s’installant dans un monastère pour attendre Drolma, car il a rendez-vous… Il attend, observe, lit, écoute, échange pendant des semaines. Et, nous comme lui, nous profitons de ce qu’il voit et de ce que Cosey s’ingénie à nous offrir, visuellement.
Certes, Cosey a le goût des grands espaces. On connaît sa passion pour les montagnes immaculées et les passages éphémères tracés dans la neige. Mais à l’opposé des paysages où le regard se perd, Cosey propose aussi des arrêts sur images : celles de la vie coutumière d’une culture différente, nous faisant admirer les matériaux des maisons, la vie des rues, les étals des marchés, les costumes, les visages… Cet épilogue permet d’ailleurs de retrouver quelques-uns d’entre eux, qui ont marqué les 17 albums de la série née en 1975. Avec le tome 16, publié en 2013, Cosey croyait en avoir terminé avec son personnage. C’est désormais chose faite !
Pour savourer encore et encore ces paysages, il faut s’offrir « À l’heure où les dieux dorment encore » que les éditions Maghen viennent de publier, rassemblant sur plus de 300 pages des dizaines et des dizaines de croquis, dessins, illustrations couleurs, tirés des carnets de Cosey réalisés aux cours des nombreux voyages. Réunis par pays (Japon, Birmanie, Chine, Inde, Tibet…), ces éléments de repérage sont accompagnés de nombreuses notes, purement descriptives ou les commentant de façon très personnelle.
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Jonathan T 17 : La Piste de Yeshé » par Cosey
Éditions Le Lombard (12, 45 €) – EAN : 9782808203500
Parution : 29 octobre 2021
« À l’heure où les dieux dorment encore » par Cosey
Éditions Daniel Maghen (49 €) – EAN : 9782356741073