Zoom sur les meilleures ventes de BD du 15 septembre 2021

Éternel Corto… Mythique Corto… Indispensable Corto…
S’il ne parvient pas à ravir la 1ère place du classement des meilleures ventes de BD à « Undertaker » T6, lequel s’inscrit toujours également dans le « Top 20 GfK/Livres Hebdo » (en 9e position), « Corto Maltese : Océan noir » monte toutefois directement sur la 2e marche du podium du « Top 20 BD ». Le palmarès BD accueille par ailleurs quatre autres nouveautés (dont la version luxe d’« Océan noir »), portant le nombre de titres hors « Mortelle Adèle » à neuf ! Y’a du progrès…

Le secret était bien gardé : sans doute pour éviter que les puristes affichés et autres gardiens du temple autoproclamés ne sabotent l’entreprise avant même de l’avoir eue entre les mains. Et alors que les lecteurs s’attendaient donc paisiblement à un nouvel opus du marin maltais élaboré par les repreneurs officiels et fidèles à l’univers d’Hugo Pratt que sont Juan Diaz Canalès et Ruben Pellejero, voilà que débarque dans les bacs des libraires une aventure d’un autre temps, située ici vers septembre 2001 et modernisée dans la forme. Modernisée, mais respectueuse de l’œuvre du maître ! Le mythique marin reste un aventurier globe-trotter à l’esprit libre qui parcourt le monde au cours d’un puissant récit dynamique et romanesque, finement ciselé par Martin Quenchen (déjà scénariste de « Quatorze juillet ») pour Bastien Vivès : pop graphiste et nouvelle star du 9^e art, consacré depuis son chef-d’œuvre « Polina », il y a 10 ans déjà. L’infatigable illustrateur touche-à-tout, qui bascule avec aisance de l’intime à la pornographie ou du thriller au manga, ajoute ici une nouvelle corde à son arc, avec cette reprise (ou plutôt cette re-création, voire réinterprétation, au sens de « Corto vu par… », comme cela se fait par ailleurs) réussie et personnelle. Et un bonheur n’arrivant jamais seul, « Corto Maltese », évidemment publié par les éditions Casterman, réussit un coup double entre sa version classique, tirée à 100 000 exemplaires (et donc 2^e du « Top 20 BD ») et sa version de luxe (dont les 14 premières pages ont été colorisées par Patricia Zanotti, la directrice de la société Cong, détentrice des droits d’Hugo Pratt), tiré à 10 000 exemplaires et qui rejoint le classement en 12^e position.

Juste derrière « Océan noir », « Game Over » T20 occupe la 3^e place, tandis que « Mortelle Adèle » T18 recule également d’un rang et se retrouve en 4^e position du « Top 20 BD ». Tiré à 100 000 exemplaires par les éditions Urban Comics, l’efficace « Batman Fortnite Point Zero », un album événement situé dans l’univers du célèbre jeu vidéo au succès planétaire, dessiné par Reilly Brown et écrit par Christos Gage et Donald Mustard, est 5^e du palmarès, juste devant « Madeleine, résistante » T1. Alors qu’il poursuit Harley Quinn, Batman se retrouve projeté, à travers un étrange portail dimensionnel, dans un dangereux monde parallèle où il va devoir reconstruire sa vie…

En parlant d’efficacité, le 15^e tome de « Lady S », intitulé « Dans la gueule du Tigre », répond totalement au cahier des charges ! Tiré à 45 000 exemplaires par les éditions Dupuis et 9^e du « Top 20 BD », l’épisode met en scène Shania Rivkas, alias Lady S, opposée aux services secrets chinois. Située sur l’île de Java, le récit est aussi un prétexte à la réalisation de superbes illustrations du Philippe Aymond illustrateur. Avec une évidente jubilation (et une pointe de perversité sans doute), mais au risque de perdre (un peu) son public, le Philippe Aymond scénariste multiplie les rebondissements scénaristiques. Le récit est par ailleurs pimenté par l’excellente trouvaille d’introduire la tante de l’héroïne, atteinte d’Alzheimer. Voir aussi le documenté article Entre services chinois et CIA, des vacances mouvementées pour Lady S….

Voilà une autre affaire de revival qui roule : en proposant au public les aventures « classic » des fameux chevaliers du ciel Tanguy et Laverdure (en coédition avec Dargaud), comme de Buck Danny (avec Dupuis), les éditions Zéphir (désormais propriété de Média Participations) ont su retrouver un public nostalgique avide de la période des récits élaborés par le scénariste Jean-Michel Charlier. Tiré à 23 000 exemplaires pour la version classique, 499 ex pour la version luxe et 2500 fourreaux comprenant également le T3, « Le Pilote qui en savait trop », 4^e « Aventure “Classic” de Tanguy et Laverdure », scénarisée par Patrice Buendia et Hubert Cunin, et assumé graphiquement par Matthieu Durand, prend la 10^e place du « Top 20 BD ». Voir aussi Tanguy et Laverdure/Barbe-Rouge : l’esprit Pilote est toujours présent !.

Il faut ensuite patienter jusqu’à la 18^e place du « Top 20 BD » pour trouver la dernière entrée de la semaine : « Le Dernier Atlas » T3, étonnante conclusion de la trilogie de science-fiction réalisée par Fabien Vehlman et Gwen de Bonneval au récit et par Hervé Tanquerelle au dessin et Frédéric Blanchard au design. Tiré à 35 000 exemplaires par les éditions Dupuis, ce récit final met en scène l’après-catastrophe nucléaire, poussant le président Fillon à repousser les élections et l’UMO à faire son retour…

Laurent TURPIN

Top 20 BD (copyright GfK/Livres Hebdo) du 30 août au 5 septembre 2021

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