Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Bob Denard, le dernier mercenaire »: un ténébreux Karma…
Pour le cinquième tome de sa collection Karma, les éditions Glénat nous proposent de suivre le destin de Bob Denard. Ce mercenaire français marqua la seconde moitié de XXe siècle par ses actions en Afrique et aux Comores. À travers « Bob Denard, le dernier mercenaire », le scénariste Olivier Jouvray et la dessinatrice Lilas Cognet retracent une part obscure de notre histoire contemporaine.
Les 50 premières pages narrent la jeunesse de Bob Denard : ce qui sera, en quelque sorte, ses années de formation. Il naît et grandit en Gironde, au sein d’une famille stricte. Son père fut militaire dans les forces coloniales, et avec son épouse, ils vécurent un temps en Chine. Son goût du voyage et de la vie aventureuse sera exacerbé par les récits d’un oncle marin. Bob Denard évolue dans une France fière de son empire colonial. Il est, comme tout Français de cette époque, marqué par l’invasion allemande, mais est trop jeune pour participer au combat.
Il s’engage en 1946 dans la Marine, la tête pleine de rêves d’aventures. Malheureusement, un an après l’Armistice, la Marine française est mal en point et a surtout besoin de mécaniciens pour se remettre à flot. C’est finalement après deux ans dans la rade de Toulon que Bob Denard se porte volontaire dans le corps des fusiliers marins à destination de l’Indochine, afin de participer aux « opérations de maintien de l’ordre » menées par la France. À la suite d’une lamentable bévue alcoolisée, il démissionnera en 1952 : comprenant que l’armée ne pourra plus rien lui offrir.
Bob Denard s’installe alors au Maroc, à Casablanca, où il fonde une famille. Ses idées patriotiques, procolonialistes et anticommunistes lui permettent de se lier avec de nombreux groupuscules partageant ses idées. Il participe à des actions violentes, et même à un attentat préparé de manière incongrue : cela lui vaudra sa première incarcération. Il retourne alors en France, installe son ex-femme et son fils à Paris. Bob Denard devient représentant en électroménager.
En 1960, lors de la sécession du Katanga avec la République du Congo, le président de cette région, Moïse Tshombé, cherche des volontaires pour rejoindre le corps de gendarmerie Katangaise. Fort de ses expériences passées, Bob Denard décide de s’y engager : sa carrière de mercenaire débute alors. Elle le fera intervenir au Yémen et au Bénin, au Biafra, en Angola, en Rhodésie et deviendra l’homme fort des Comores dès 1975, jusqu’à sa destitution en 1995. Il mourra dans le dénuement en France, en 2007.
Olivier Jouvray nous raconte la vie de Bob Denard d’après les mémoires de ce dernier, lequel se définissait comme un « corsaire de la République », un aventurier libre de ses choix et, pour ce faire, il nous est présenté dès la première planche comme un personnage de bande dessinée. Afin de rectifier la vérité et contextualiser les faits, le scénariste invite un témoin fantastique et impartial de l’Humanité, au travers du personnage de la Mort.
Le récit alterne ainsi vérité et « réalité arrangée », reprenant allégoriquement l’ambiguïté de cette période marquée par la Guerre froide et la Françafrique. Cette politique est initiée par l’incontournable Jacques Foccart : l’un des hommes de l’ombre du gaullisme, que l’on croisera bien sûr dans l’entourage de Bob Denard. Un système souterrain qui finira par s’effondrer sous ses propres excès.
Nous voyons, à travers cet album et la vie de celui que ses hommes appelaient Le Colonel, la mécanique et l’exécution des décisions des pays occidentaux pour garder la mainmise sur la gestion et les ressources de leurs anciennes colonies. Nous constatons aussi le grand talent de la dessinatrice Lilas Cognet, qui transforme, grâce à son graphisme, sa composition et ses colères, ces sinistres moments. Ce chapitre de notre histoire nous captive comme une sorte de conte africain teinté d’allégresse et de vivacité sud-américaine.
À noter que chaque album de la collection Karma se termine par un échange entre Aurélien Ducoudray (le directeur de la collection) et les auteurs. Un apport réjouissant nous informant sur la conception des ouvrages, les manières de travailler de chacun, les choix artistiques effectués, le tout illustré de recherches et de crayonnés.
Brigh BARBER
« Bob Denard, le dernier mercenaire » par Lilas Cognet et Olivier Jouvray
Éditions Glénat (22,00 €) – ISBN : 978-2-344-03448-4
_ Bonjour …
le traitement graphique est très plaisant et sympathique , et
couverture est sublime je trouve .
Bonjour cher EC,
L’ensemble est en effet un ravissement pour les yeux et le contenu est d’une grande pédagogie.
Je ne peux que vous conseiller de jeter un oeil aux autres titres de la collection, vous croiserez ainsi le destin de Nellie Bly, Angela Davis, d’un groupe d’ouvrières nommées les « Radium Girls » et de Valérie Solanas. Ce dernier est peut-être mon préféré de par le destin de sa protagoniste que je ne connaissais pas bien.
Si vous aimez le graphisme de « Bob Denard », celui de « Radium Girls » pourrait vous plaire. Et pour ce faire, je me permets un conseil de bibliothècaire : faîtes un saut chez mes collègues les plus proches.
_ Merci pour votre message … Concernant la bd “ Radium Girls ”
il me semble me rappelé avoir vu sur ARTE tard la nuit un documentaire
sur ces jeunes femmes qui travaillaient à la confection de montre et de réveil
dont-elles peignez les chiffres à la peinture fluo .
Elles gagner bien leurs vies et cela leurs procurer une certaine indépendance ,
mais hélas cette peinture verte fluo était hautement radio-actif , d’autant plus
que pour des raisons de confort les ouvrières tenez souvent le pinceau entre
leurs dents .
Le reportage centraliser sur une de ces jeunes femmes en particulier s’est terminé crûment avec la contamination au radium de ces femmes qui en
quelques-mois mourrai à bout de force avec la perte de leurs dents et avec
les ragots des “ bonnes gens ” qui colporter que ces femmes se prostituées
vu leurs états sanitaire !!!
_ Si cette bd “ Radium Girls ” que vous me décrivais est issue de cet fait-divers
honteux ( pour nous aujourd’hui , mais à l’époque …. ) , alors je vais sans
hésitation la mettre sur ma check~ list du mois . Pour l’album de Bob Denard
c’est fait ; vous avais terminé de convaincre mes dernières ( et fragile ^^^ )
hésitations .
_ Merci en tout-cas de conseillé les bédéphiles , c’est sympa à vous .
Bonjour EC,
Il s’agit bien du même triste cas d’empoisonnement industriel traité par le documentaire que vous mentionnez.
Belle journée
Faites ne prend pas d’accent sur le « i ». Il ne s’agit pas d’un sommet mais du ver
be « faire ».
Merci mon Capitaine,
Je n’aurais plus d’excuses si je refais cette faute.
Belle journée