« L’État morbide » : (re)découvrir un album incontournable !

Si les auteurs oubliés furent nombreux au cours des années d’après-guerre, il en est d’autres, plus récents, qui, eux aussi, connaissent un injuste purgatoire. C’est le cas de Daniel Hulet : dessinateur inventif et provocateur, dont l’œuvre – qui a couvert les années 1970-2000 – est trop méconnue. Les éditions Glénat ont eu l’excellente initiative de proposer l’intégrale de « L’État morbide » : trilogie macabre à l’esthétisme novateur. Un pur chef-d’œuvre !

Comme au théâtre, le rideau s’ouvre sur l’arrivée, au cœur du quartier populaire Sainte-Catherine de Bruxelles, de Charles Haegeman.

Ce dessinateur de BD au look punk recherche un appartement à louer correspondant à son état d’esprit morbide.

Propriétaire, mais aussi concierge sous le nom de Spiegel, madame Zimmermann manipule ses locataires comme des marionnettes.

Charles tombe dans le piège tendu par la vieille femme et disparaît.

Comme ce fut le cas pour les autres locataires, son corps est dépouillé de son enveloppe charnelle afin d’assouvir son appétit.

Madame Spiegel/Zimmerman pratique la métempsycose : le désir de s’emparer de l’écorce humaine.

Alba, la compagne de Charles, finit par comprendre les raisons de ce drame en trois actes, aux frontières de l’horreur…Digne représentant de l’esprit fantastique belge des histoires de Jean Ray, mais aussi de Franz Hellens et Thomas Owen, Daniel Hulet construit une œuvre originale, dont la mise en pages fluide est soutenue par des couleurs aux tons glauques.

Publié de 1987 à 1990 dans les pages de Circus, cette trilogie sera suivie par d’autres récits personnels flirtant, eux aussi, avec fantastique et l’horreur : « Imondys » et « Extra-Muros ».

Né le 25 août 1945  à Etterbeek, près de Bruxelles, Daniel Hulet (fils d’un délégué commercial) suit les cours de l’Académie des arts d’Ixelles qui lui permettent de débuter dans une agence de publicité, tout en rêvant de bande dessinée.

Il démarre sa carrière comme assistant de Dino Attanasio, puis de Christian Denayer en 1973.

Après avoir animé pour Tintin, dans un style humoristique, les facéties du chat Charabia avec Christian Blareau, il crée son premier héros réaliste : « Léo Gwenn (scénario de Vicq), toujours pour Tintin.

« Pharaon », sa première grande réaliste créée avec André-Paul Duchateau, débute dans Super As en 1979. Avec d’autres scénaristes, on lui doit aussi « Les Chemins de la gloire » dans Vécu (à partir de 1985) avec Jan Bucquoy, « Les Fleury Nadal » (en 2007) avec Frank Giroud… Son dernier album, « Paranoïa », écrit par Valérie Mangin et publié en août 2010 aux éditions Glénat, est le quatrième tome du concept  « Destins » dirigé par Frank Giroud.

Souffrant d’un cancer en phase terminale, il choisit, comme la loi le permet en Belgique, de partir entouré par les siens à Ostende, le 9 septembre 2010, accompagné par la musique de « Their Satanic Majesties Resuaest » des Rolling Stones. Auteur au caractère bien trempé, une armoire des bureaux belges des éditions Glénat s’en souvient encore, Daniel Hulet était un homme cultivé, passionné par son métier qu’il pratiquait avec enthousiasme. Publiées en 1987, 1989 et 1992 dans la collection Caractère, les planches de « L’État morbide » ont été réunies dans une première intégrale en 1995. Le présent ouvrage, de 164 pages, propose un passionnant avant-propos signé Paul Herman qui fut l’un des éditeurs de Daniel Hulet au sein des éditions Glénat.

Henri FILIPPINI

« L’État morbide : intégrale » par Daniel Hulet

Éditions Glénat (35 €) – 978 2 3440 4854 2

Galerie

3 réponses à « L’État morbide » : (re)découvrir un album incontournable !

  1. EC Comics fan dit :

    _ Bonjour …
    merci pour la présentation de cette petite perle
    macabre que je vais illico me la procurer , cela
    m’aidera ^^ en attendons les “ The vault of horror ” et autre
    anthologie “ Vampirella ” …
    La parution de ce genre de recueil est trop rare pour passé outre .
    … is good …

  2. Pat dit :

    Je te comprends mais franchement, c’est une oeuvre qui vaut vraiment le coup, qui marque à jamais (très sombre…).

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