À la recherche de l’Éden perdu…

Tolkien, avec sa série du « Seigneur des anneaux », est redevenu à la mode, il y a de cela deux décennies, entraînant une vague de nouveaux titres de fantasy. En manga, de tous les personnages mythiques du genre, ce sont les sorciers qui ont actuellement le vent en poupe. Combinez cette figure classique de la magie avec des questions d’écologie, vous obtenez : « L’Éden des sorcières ». Cette nouvelle série est encore une production originale, et de qualité, des éditions Ki-oon, fort plaisante à lire.

Dans un monde où les plantes et les animaux ont disparu pour laisser place à des déserts rocailleux, il existe encore quelques enclaves méconnues où des sorcières communient avec la nature et arrivent à faire pousser des végétaux. C’est dans un de ces havres à la végétation luxuriante que vit la jeune Pilly en formation à côté de Thura, une puissante sorcière. Or, la santé de cette dernière décline et Pilly fait l’erreur d’aller en ville pour chercher des médicaments. Là, elle va rencontrer Zakum : un prétendu chercheur en science végétal. Or, il s’avère qu’il travaille pour l’Éta,t et ses recherches sont un prétexte pour asservir et parfois tuer les sorcières pour voler leurs savoirs. Pilly sera sauvée par un loup végétal né d’une graine exceptionnelle censée conduire la jeune fille à l’Éden.

Si le scénario est assez convenu et certains enchaînements faciles, l’histoire est plaisante et le développement agréable à suivre. C’est une histoire plutôt destinée à un jeune public qui sera sensible au message écologique enrobé dans une touche de magie. L’arrivée de l’Amud, le loup végétal, est assez spectaculaire et pourrait déstabiliser certains lecteurs sensibles, mais l’autrice a fait le choix judicieux de ne pas exacerber la violence avec des gerbes de sang au graphisme disproportionnées.

« L’Éden des sorcières » est une création des éditions Ki-oon qui développe de plus en plus son catalogue personnel de manière assez diversifiée. Ce titre est dans la lignée de mangas fort appréciés en ce moment comme « L’Atelier des sorciers » de Kamome Shirahama ou « Drifting Dragons » de Taku Kuwabara. L’univers est bien sûr proche de ces titres de fantasy, mais c’est aussi le cas du dessin qui utilise peu de trames et préfère jouer sur l’épaisseur et la rugosité des traits. La plume de Yumeji, une jeune dessinatrice japonaise, multiplie les détails, insufflant la vie à ses décors végétalisés, rendant ses personnages uniques et immédiatement identifiables, donnant du volume aux vêtements et arrivant même à rendre intéressantes ces montagnes rocheuses et arides où vivent dorénavant les hommes. Sa représentation de la nature et des animaux est faite avec grands soins, et la personnification de cet écosystème par un être mi-loup, mi-végétal, est très poétique.

Bien sûr, ce premier volume sert surtout à mettre en place un univers et la véritable quête commence réellement dans les dernières pages. Zakum s’y annonce d’ailleurs machiavélique. On sent immédiatement que le reste du périple sera semé d’embûches et riche en rebondissements.

Voilà une belle fable écologique qui devrait plaire à un jeune public. Le dessin est dynamique et l’histoire avance rapidement. Étant une création originale, cela prendra peut-être plus de temps entre chaque volume. Mais c’est aussi ce qui fait sa qualité.

Gwenaël JACQUET

« L’Éden des sorcières » T1 par  Yumeji
Éditions Ki-oon (7,90  €) – EAN : 979-1032710036

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