Pierre Le Goff : des revues de bande dessinée aux strips dans les quotidiens… (première partie)

Pierre Le Goff publie ses premiers dessins en 1950, dans l’hebdomadaire Zorro. Cette collaboration marque le début d’une longue carrière dans le monde de la bande dessinée pour un homme qui avoue, volontiers, ne jamais avoir trouvé plaisir à dessiner. Si parfois ses fonctions de syndicaliste ont fait de l’ombre au dessinateur, il laisse une œuvre importante et variée dont l’autodidacte qu’il est peut être fier.

Photo de Pierre Le Goff dans Bananas n° 10.

Pierre Le Goff est né à Paris le 21 février 1932.

Sa famille habite à Boulogne-Billancourt, puis au Mans où son père est employé par la firme Renault.

Bien que ses parents souhaitent le voir travailler aux Halles, il décide de tenter sa chance dans le dessin : tout en étant, par sécurité, employé par une entreprise de transport située rue du Caire à Paris.

Illustration pour « Au grand balcon » dans Zorro n° 205 (05/1950).

La SFPI : premières histoires et une épouse

Grâce à une relation de son père, Pierre Le Goff est embauché en 1949 par Jean Chapelle : le fondateur de la Société française de presse illustrée (SFPI).

D’abord employé comme homme à tout faire, il fait connaissance avec André Oulié (dessinateur de « Zorro »), Jean Pape qui anime « O’Brient » (1) et Jacqueline Voilot : la nièce du patron qui fait du lettrage.

Très vite, André Oulié, qui fait office de rédacteur en chef sans en avoir le titre, lui propose de réaliser un premier travail de graphiste.

Il commence par illustrer, avec discrétion, le roman de Joseph Kessel « Au grand balcon », à partir du n° 205 de l’hebdomadaire Zorro (mai 1950).

Deux semaines plus tard, il signe sa première bande dessinée : « La Cité perdue » qui débute dans le n° 207 (mai 1950).

Ce récit exotique en huit pages prend fin dans le n° 210.

Il évoque l’exploration du Matto-Grosso, à la fin du XIXesiècle, par le professeur Mac Claim.

Le trait est déjà séduisant pour un premier essai dans la bande dessinée et le jeune débutant n’a pas à en rougir, bien au contraire.

« La Cité perdue » Zorro n° 207 (mai 1950).

Ayant visiblement convaincu son employeur, il revient dans le journal dès le n° 223 (octobre 1950) avec « Ouapousk  roi du pôle ». Une histoire qui conduit le lecteur au cœur du Grand Nord canadien, dont les vastes espaces encore sauvages inspirent le dessinateur. Ce récit crédité Step et Verse au scénario est publié en 56 strips en bas de page, jusqu’au n° 236.

« Ouapousk roi du Pôle » Zorro n° 224 (24/09/1950).

Deux histoires complètes — dont il est le scénariste — sont proposées au cours de la même période : « L’Homme traqué » dans le n° 225 et « Trafic d’armes » dans le n° 230.

« L’Homme traqué » Zorro n° 225 (01/10/1950).

Le n° 241 (21/01/1951) lui permet d’aborder une histoire plus longue en deux parties : « Tuniques bleues ». Ce western, qui prend fin au n° 272, relate les combats de Teddy Bradley, soldat du Septième de cavalerie, aux prises avec les Indiens Cheyennes.

« Tuniques bleues » Zorro n° 255 (21/04/1951).

Un troisième épisode (« La Révolte de Cochise ») est présenté du n° 292 (13/01/1952) au n° 321.

« Tuniques bleues » Zorro n° 319 (26/07/1952).

Entre ces deux récits, Pierre Le Goff revient au Canada en créant Bob Monty, héros de deux aventures publiées du n° 273 (02/09/1951) au n° 291, puis du n° 322 au n° 333 (octobre 1952).

« Bob Monty » Zorro n° 279 (14/10/1951).

En octobre 1952, Zorro change de formule et se présente avec deux couvertures recto et verso. La première est réservée aux aventures de l’inamovible Zorro, la seconde baptisée Zig Zag présente un grand dessin réalisé par Pierre Le Goff.

La formule se poursuit jusqu’au n° 19 (mars 1953), permettant au débutant de prouver, grâce à son sens de la mise en scène, qu’il joue désormais dans la cour des grands.

Ces histoires de jeunesse seront reprises, parfois remontées, dans les diverses collections de récits complets publiés par la SFPI de 1950 à 1953 : Zorro magazine, Supplément de Zorro, Héros magazine et Le Clan.

Entre-temps, le jeune homme s’est uni à Jacqueline, la nièce de Jean Chapelle qui, tout au long de sa carrière, se révélera plus qu’une épouse, le secondant avec efficacité dans son travail de dessinateur, mais aussi dans son activité syndicale. Il part effectuer son service militaire en 1952, se fâche avec Jean Chapelle qui lui reproche de courtiser sa nièce : laquelle sera à son tour renvoyée, contrainte d’aller défendre ses droits aux prud’hommes.

Pour en finir avec sa collaboration à la SFPI, notons qu’il publie la série « Lucky chien-loup » dans le format de poche Bimbo, de juin 1956 à novembre 1958.

« Lucky chien loup » Bimbo n° 10 (12/1956).

Au total, 27 épisodes réalisés incognito, dont il effectue seulement les crayonnés encrés par sa femme Jacqueline. Quelques épisodes des aventures de ce chien courageux évoluant dans le Grand Nord canadien sont d’ailleurs signés J. Voilot.

Il effectue son service militaire à Paris grâce à l’intervention de madame Huin qui dirige la Société d’éditions générales (SEG), dont les bureaux sont situés à la même adresse que la SFPI. Au cours de cette période, il livre deux histoires écrites par Maurice Limat pour Sans Peur : « L’Expédition du Ri-Kiki » (n° 21 de mars 1953) et « On a volé un scaphandre » (n° 27).

« L’Expédition du Ri-Kiki » Sans Peur n° 21 (03/1953).

Pour À travers le monde, il crée « Bob Flash » (n° 80 à 85, en 1953/1954) et réalise trois récits complets. Sa dernière histoire pour la SEG (« La Forêt des géants verts ») est publiée dans le n° 92 de À travers le monde (octobre 1954).

« Les Révoltés du Kamtchatka » À travers le monde n° 91 (09/1954).

La plupart de ces travaux seront repris dans d’autres titres de la SEG, et plus particulièrement dans Sans Peur.

Au cours de ses années d’apprentissage, Pierre Le Goff fraternise avec d’autres jeunes débutants. Parmi eux, Pierre Le Guen (né en 1929, et à qui nous consacrerons bientôt un prochain « Coin du patrimoine ») : lequel l’influence dans la recherche de son trait.

Plus tard, les deux hommes auront l’occasion de se dépanner mutuellement lorsqu’ils seront débordés de travail.

Dix ans chez Del Duca

Son service militaire terminé, sur les conseils d’un ami il se présente en 1955 aux Éditions mondiales créées par Cino Del Duca (2), où il est embauché.

S’il n’a jamais eu l’occasion de rencontrer le patron, Jacqueline Lhérisson — la rédactrice en chef du département jeunesse — lui assure un travail régulier.

« La Charge sur la rivière rouge » Hurrah ! n° 187 (18/05/1957).

À l’occasion d’un changement de formule, l’hebdomadaire Hurrah ! présente des résumés de films adaptés et racontés par Alain Bertrand sous forme de récits complets en quatre planches. Aux côtés de Guy Mouminoux, Bob Dan, Jacques Souriau, Edmundo Marculetta, Miguel Munoz, Rémy Bourlès… le nouveau venu se voit confier une trentaine d’adaptations, jusqu’en 1959.

« Odongo » Hurrah ! n° 213 (16/11/1957).

La première (« Fortune carrée ») est publiée dans le n° 114 (24/12/1955), la dernière (« Du sang dans le désert ») dans le n° 293 (29/09/1959). Notons aussi « Rio Grande » (n° 121), « L’Homme de la plaine » (n° 126), « Odongo » (n° 213), « Le Jugement des flèches » (n° 289)… On lui doit également une douzaine d’histoires complètes aux thèmes divers parues du n° 127 au n° 282 : récits historiques, westerns ou encore enquêtes policières.

« Kéradam le corsaire » Hurrah ! n° 241 (30/05/1958).

N’oublions pas les 30 belles pages des « Naufragés de l’univers » : l’unique aventure fantastique de Jim Rocket, écrite par Jacqueline Lhérisson, publiée à suivre du n° 149 au n° 164.

« Les Naufragés de l’univers » Hurrah ! n° 160 (10/11/1956).

L’Intrépide, l’autre hebdomadaire destiné aux jeunes proposé par les Éditions mondiales, lui ouvre ses portes dès son n° 335 (29/03/1956) où il dessine « Alerte en Laponie ».

« Alerte en Laponie » L’Intrépide n° 335 (22/03/1956).

Il propose surtout de courtes histoires en deux pages de la série « Aventures vraies », réalisée en alternance avec d’autres dessinateurs : « L’Aviateur perdu » (n° 348), « Le Roi de l’évasion » (n° 412), « Le Pays interdit » (n° 441), « Panique dans la plaine » (n° 447)…

« La Tour du taureau sauvage » L’Intrépide n° 453 (02/07/1958).

En juin 1959, L’Intrépide et Hurrah ! fusionnent en un seul journal poursuivant la numérotation de L’Intrépide. Il y réalise trois derniers récits complets jusqu’au n° 520 (14/10/1959) concluant cette collaboration avec « Œil de lynx enquête ».

« Pierre Arnault reporter » Hurrah ! : pour vous jeune homme n° 3 (02/07/1958).

Lancé en mars 1961, Hurrah ! : pour vous jeune homme est un bimensuel de format digest destiné aux adolescents. Au fil des 20 numéros parus, il réalise des récits complets en neuf pages aux personnages récurrents : deux épisodes de « Pierre-Arnault reporter » (n° 3 et 6) les suivants étant signés Pierre Dupuis, six aventures du judoka Dan Panther (n° 7, 11, 13, 15, 18 et 20 du 22/01/1962).

« Dan Panther » Hurrah ! : pour vous jeune homme n° 18 (22/12/1961).

À noter que, parfois débordé de travail, son ami Pierre Le Guen lui vient en aide sur quelques pages. Faute de succès, le magazine est remplacé par Télé Jeunes en février 1962. Il y adapte trois succès de la télévision : « L’Affaire du collier de la reine » (n° 4), « Gavroche » (n° 6) et « Amédée Domenech » (n° 10). Après 11 numéros, le journal devient TV France, dernière étape avant la création de Télé Poche : deux journaux familiaux où les bandes dessinées se font plus rares et dont il est absent.

« Gavroche » Télé Jeunes n° 6 (01/03/1962).

« Les Aventures de Marianne » Paris-Jour (03/1965).

On lui doit aussi des illustrations de nouvelles policières réalisées au lavis pour Fantomas : hebdomadaire de romans-photos édité par Del Duca en 1962 et 1963.

Toutes ces pages sont signées Pierre Brisson : pseudonyme inspiré par le patronyme de sa mère née Brisson de Saint-Amand.

Rappelé en 1957 par l’armée, il entre dans la clandestinité sous ce nom, afin d’éviter le départ pour l’Algérie alors en guerre.

Dénoncé par un voisin, il passe quelques mois à la caserne Charras de Courbevoie, avec l’autorisation de rentrer chez lui le soir. De cette expérience, il conservera ce pseudonyme qu’il utilisera régulièrement par la suite.

La presse jeunesse en berne, il est invité à collaborer à l’agence Mondial Presse, créée par Cino Del Duca afin d’alimenter en bandes dessinées le quotidien Paris-Journal né du rachat, en 1957, de Franc-Tireur.

Dans les pages de son successeur devenu Paris-Jour en 1959, Pierre Le Goff réalise sous son nom, de 1962 à 1965, de superbes bandes verticales réalisées au lavis avec les textes placés sous les images.

« Un nommé Jacques Bonhomme » Paris-Jour (05/1965).

Inspirés par « Les Amours célèbres » de France-Soir, les textes des « Plus Belles Amours » sont majoritairement écrits par Alain de Saint-Sauvant, mais aussi par Michel de Sarcel, J. Wilmes… Parmi une vingtaine de récits illustrés par ses soins, comptant entre 24 et 30 bandes, notons : « La Brinvilliers », « Héloïse et Abélard », « Maurice de Saxe », « La Duchesse du Maine », « Lacenaire », « Les Aventures de Marianne », « Un nommé Jacques Bonhomme »… La série se poursuit avec Pierre Frisano (3), Lucien Nortier, Rémy Bourlès… jusqu’à la disparition du quotidien en 1972. En conflit avec Del Duca le bouillant dessinateur quitte Mondial Presse en 1965, un pied déjà chez Opera Mundi.

« Pierre Puget » Spirou n° 854 (26/08/1954).

En attendant la presse quotidienne

Tout en travaillant avec régularité pour les Éditions mondiales, Pierre Le Goff qui, comme nous l’avons vu, signe à l’époque Pierre Brisson multiplie les tentatives de collaboration chez d’autres éditeurs, tout au long des années 1950 et au début des années 1960.

« Gandhi » Spirou n° 924 (29/12/1955).

En 1954, il réalise un premier récit pour la World Press destiné aux « Belles Histoires de l’Oncle Paul » écrit par Octave Joly. « Pierre Puget » est publié dans le n° 854 (26/08/1954) de Spirou, suivi par six autres livraisons jusqu’au n° 1201 (20/04/1961) : « Louise de Bettignies », « Week-end chez les pirates », « L’Épopée du Mayflower », « Gandhi »…

« Garnerin » - scénario Jean-Michel Charlier - Pistolin n° 18 (10/1955).

L’ensemble de ces pages est repris, en 2012, dans un album publié par le microéditeur La Vache qui médite.

Pour la même agence, il dessine un épisode des « Grands Noms de l’Histoire de France » destiné à Pistolin n° 18 (octobre 1955) : « Garnerin », écrit par Jean-Michel Charlier.

Toujours en 1954, il réalise quelques illustrations de nouvelles pour l’hebdomadaire Fillette de la SPE, ainsi que dans Fillette spécial. Cette collaboration minimaliste se poursuit jusqu’en 1957.

Il réalise en 1956 quelques pages de BD et des illustrations dans Âmes vaillantes aux éditions de Fleurus, signées du nom de sa femme : Jacqueline Voilot.

Toujours pour les hebdomadaires destinés aux fillettes, il propose en 1959 quelques pages dans La Semaine de Suzette,

« Le Rajah de Tufongore » la Semaine de Suzette n° 91 (20/08/1959).

puis dessine trois récits complets dans Lisette en 1961.

« Angoisse au bout du fil » Lisette n° 40 (01/10/1961).

De 1958 à 1961, il travaille pour les éditions Artima de Tourcoing. Il publie quatre récits indépendants dans Cosmos en 1958/1959, deux autres dans Spoutnik et Monde futur en 1959. Il participe à la série « Tomic » dans Téméraire, réalisant quatre épisodes écrits par Jean Lombard, de 1959 à 1960 : « Engagement sur la rivière » (n° 12), « Le Peloton anéanti » (n° 29)… On lui doit aussi quelques couvertures du magazine.

« Tomic » Téméraire n° 29 (02/1961).

Enfin, en 1959, il succède à Lucien Nortier, concluant le premier épisode du western « Capitaine James » publié dans la première série du format de poche Totem des éditions Aventures et Voyages (du n° 41 de septembre 1959 au n° 49 de mai 1960). D’autres épisodes de cette série écrite par Roger Lécureux sont proposés dans Whipee !, du n° 7 (juin 1960) au n° 10 (juin 1961), et dans Apaches n° 7, 8 et 9 en 1960. Ces histoires sont signées Pierre Brisson.

« Capitaine James » Totem n° 43 (novembre 1959).

Ancien capitaine de l’armée américaine, Frank James fait respecter la justice, accompagné par le jeune Tiboy et le vieux Slimy l’Ours. Un trio classique des BD westerns de l’époque. L’ensemble des 16 épisodes de 60, puis 50, pages est réédité dans le mensuel La Route de l’Ouest en 1985 et 1986 (n° 128 à 142).

« Bob Mallard » Caméra n° 114 (07/1954).

Après une brève collaboration au petit format Caméra des éditions Vaillant ou il dessine deux aventures de Bob Mallard écrites par Henri Bourdens en 1954 et 1955, il revient chez cet éditeur en 1960. Pendant trois ans il livre une vingtaine de récits complets dans l’hebdomadaire Vaillant à partir du n° 780 (24/04/1960) jusqu’au n° 957 (15/09/1963).

« Le Secret de Beltira » Vaillant n° 873 (04/02/1962).

On lui doit aussi « Sorge, l’agent secret qui sauva Moscou » (n° 1075 du 19/12/1965) et des illustrations de nouvelles.

« Sorge » Vaillant n° 1075 (29/11/1965).

Il dépanne Pierre Le Guen pour l’épisode « L’Émir aux oiseaux »  une aventure de « Nasdine Hodja » (n° 1236).

« L’Émir aux oiseaux » Vaillant n° 1236 (09/02/1967).

Il retrouve ce personnage, dont les scénarios sont écrits par Roger Lécureux, dans les n° 3 et 4 de L’Insaisissable poche en 1967 et 1968 : « Le Troisième Gong » et « L’Œil de feu ».

« L’Œil de feu » L’Insaisissable poche n° 4 (02/1968).

Illustration V Sélection (12/1959).

À suivre… ici : Pierre Le Goff : des revues de bande dessinée aux strips dans les quotidiens… (seconde partie).

Henri FILIPPINI

Relecture, corrections, rajouts, compléments d’information et mise en pages : Gilles RATIER

Merci à Mariano Alda pour les scans de « Bob Mallard » dans Caméra.

(1)   Voir Jean Pape : l’homme aux deux casquettes….

(2)   Voir Cino Del Duca : de la presse du cœur à la BD….

(3)   Voir Hommage à Pierre Frisano….

Planche originale d'un récit complet de trois pages - « Ce n'est pas cela ! » - Vaillant n° 857 (15/10/1961)..

Galerie

2 réponses à Pierre Le Goff : des revues de bande dessinée aux strips dans les quotidiens… (première partie)

  1. Patrice Delva dit :

    Bonjour,

    Une érudition et une iconographie toujours aussi ahurissantes.

  2. Mariano dit :

    Tu m’enlèves les mots de la bouche, Patrice.
    ;o)

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