Les « Insomniaques » de l’observatoire au chat…

Lorsque l’on n’arrive pas à dormir la nuit, il faut bien rattraper ces heures de sommeil perdues. Quoi de mieux pour ça qu’un lieu abandonné où l’on peut se réfugier discrètement ? C’est dans cette cachette idéale que vont se retrouver Ganta Nakami et Isaki Magari pour dormir au calme, loin de leurs camarades bruyants. Éloge du sommeil réparateur, « Insomniaques » nous replonge dans l’univers sensible et calme de Makoto Ojiro

Une légende raconte que le club d’astronomie fut dissous, car l’une de ses membres s’est jetée du toit de l’observatoire à cause d’une peine de cœur, et les autres membres sont ensuite décédés les uns après les autres. Du coup, personne ne se rend jamais dans cette partie de l’école. Il paraîtrait que le fantôme de la jeune fille hanterait toujours les lieux. C’est en allant chercher des cartons que Ganta, un élève taciturne et peu apprécié de ses camarades a découvert cet endroit. Nul fantôme n’a l’horizon, juste Isaki, une jeune fille qui profite du calme pour dormir paisiblement. Ces deux élèves souffrent d’insomnies. Incapable de se reposer la nuit, ils voient les heures défiler, et c’est quand arrive le matin qu’ils tombent de sommeil. Cet observatoire désaffecté va devenir leur repaire secret pour effectuer leurs siestes réparatrices à l’abri des commérages de leurs camarades. Jusqu’au jour où ils vont être surpris par une de leurs professeures. Ensemble ils décident de remonter le club d’astronomie pour continuer de profiter de ce lieu d’exception en toute tranquillité.

On connaît déjà Makoto Ojiro pour son excellent manga « La Fille du temple aux chats ». Alors que cette série vient à peine de se clôturer de la plus belle manière et surtout comme les lecteurs l’attendaient, les éditions Soleil proposent déjà sa dernière création  : « Insomniaques ». Venue de la bande dessinée érotique, elle met en image comme il se doit des personnages à l’anatomie parfaitement travaillée et aux attitudes réalistes. Sans être vulgaires, les jeunes hommes et jeunes femmes qu’elle dessine ont un charme indéniable à même de toucher les lecteurs amateurs de romances du quotidien. Leurs expressions sont uniques et leurs joies communicatives. Dans « La Fille du temple aux chats », Gen a indéniablement une obsession pour le postérieur de Chion, l’héroïne. L’autrice n’hésite donc pas à le mettre en valeur dans de nombreux gros plans sur ses jeans ou autres habits serrés dès qu’elle en a l’occasion. « Insomniaques » ne tombe pas dans le même travers, car cela ne servirait pas l’histoire. Cela n’empêche pas que les personnages ont quand même un sex-appeal et un sourire joyeux fascinant.

« insomniaques », malgré son sujet sur le manque de sommeil, sait nous tenir éveillés par ses dialogues bien construits et son action lente, mais prenante. Il ne se passe finalement pas grand-chose dans cette histoire. C’est une tranche de vie comme tant d’autres, mais l’enchaînement des événements et les situations extrêmement bien amenées savent relancer l’intérêt du lecteur à chaque page. On a envie d’en savoir plus sur ces insomnies qui tourmentent nos deux collégiens. On a envie de comprendre comment ils luttent au jour le jour contre le manque de sommeille. On a envie de voir comment il arrive à accommoder leurs études et la fatigue qui les oppressent.

À cause de son manque de sommeil, Ganta passe pour une personne taciturne et arrogante. Il n’est apparemment pas mauvais en cours, mais n’en fait pas plus que ce qui est demandé. C’est le soir qu’il est en pleine forme, mais ça, ses camarades, à part Isaki et Ukegawa, son meilleur ami, ne le savent pas. Comme dans « La Fille du temple aux chats », où Makoto Ojiro prenait un malin plaisir a glisser des félins sur un maximum de pages, il récidive ici en incluant un chat dont la principale activité est, logiquement, de dormir. Cette transition entre ses deux œuvres les plus récentes est un beau clin d’œil qui devrait plaire aux amoureux de ces bestioles. Si les humains que dessine Makoto Ojiro sont parfaits, ses chats le sont encore plus. Leurs attitudes, leurs mimiques, leurs places dans l’espace sont ici parfaitement reproduites. La discrétion de ces animaux, ainsi que leurs propensions à se glisser là où l’on ne les attend pas forcément, en font de très bons compagnons et amène une fraîcheur supplémentaire dans le récit.

Ce premier volume se concentre principalement sur l’aménagement du repère secret des deux insomniaques dont va découler la mise en place du club d’astronomie. Apparemment, la suite va amener son lot de perturbations qui devraient déranger la quiétude des lieux par l’introduction d’un troisième élément perturbateur. Avec « La Fille du temple aux chats », Makoto Ojiro, a su nous démontrer que même les situations les plus banales peuvent être le départ d’une histoire captivante si on sait la monter de fil en aiguille au fil des pages. Ce premier volume ne déroge pas à la règle en entretenant la curiosité de son lectorat et enchaînant des situations ordinaires pour les transformer en une succession d’événement extraordinaire du fait de sa narration prenante et de son dessin assez réaliste.

Si vous avez apprécié « La Fille du temple aux chats », vous aimez tout autant « Insomniaques ». On y retrouve la même candeur de la jeunesse. Un manga contemplatif où l’on suit les cures de sommeille réparateur de Ganta et Isaki dans leur havre de paix sous les étoiles.

Gwenaël JACQUET

« Insomniaques » par Makoto Ojiro
Éditions Soleil (7,99 €) – EAN  : 9782302092297

KIMI WA HOKAGO INSOMNIA © 2019 Makojo OJIRO / SHOGAKUKAN

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