Après le succès de ses très réussis « Shangri-La » et « Carbone & Silicium » — où il explorait les théories des paradoxes temporels, puis les conséquences des progrès technologiques sur la détérioration de l’homme —, Mathieu Bablet (1) aborde le récit postapocalyptique dans sa nouvelle grande fresque de science-fiction proposée dans le Label 619 désormais hébergé par les éditions Rue de Sèvres. Dans un lointain futur, les insectes pollinisateurs ont disparu à la suite de bouleversements climatiques… et la Terre est devenue aride et stérile. Une biologiste a pour mission de retrouver les traces génétiques des abeilles, dans l’espoir de revenir au monde d’avant. Une fable écologique et initiatique, aussi complexe qu’envoûtante, qui nous donne furieusement envie d’aller de l’avant !
Lire la suite...Tant de sauvageries envers les bêtes…

Dans le monde animal, il y a des espèces qui voyagent beaucoup – les espèces migratrices – et d’autres que les humains font voyager à leur dépens pour finalement les enfermer dans des zoos ou, pire, pour les achever dans des abattoirs. Dans « Lettres des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtes », adapté du livre éponyme d’Allain Bougrain-Dubourg, une quinzaine d’animaux s’adresse directement à nous pour évoquer leur triste sort…
Qu’elles soient familières ou sauvages, domestiquées ou invisibles (le « peuple de la terre » qui vit sous nos pas), ces espèces se plaignent avec raison des conditions de vie que leur impose l’être humain, si inhumain envers elles ! Conditions de vie et conditions de mort car, dans ce dernier cas, l’homme est d’une cruauté qui dépasse l’imagination. Pour satisfaire aux besoins alimentaires de l’être humain, on connait le sort du lapin dans ses clapiers ou l’élevage intensif du cochon, mais on connait moins l’élimination abominable des poussins mâles. Dans un autre genre, on ne mange plus les chiens par ici, mais en Espagne on pratique encore envers le lévrier des sélections abominables.
Par la voix du tigre, c’est tout le sort des animaux exhibés dans les cirques qui est dénoncé, ce qui n’est pas sans faire oublier comment on a domestiqué et malmené le cheval (d’où la création de la SPA en 1843). Toujours pour le plaisir des spectateurs, en l’occurrence les amateurs de corrida, on ne peut accepter les pratiques sanguinaires et sadiques envers le taureau. Si certaines animales sont traquées pour des réputations aussi chimériques que flatteuses (le requin à cause de son aileron aphrodisiaque, par exemple), d’autres ont une telle mauvaise réputation que pour cette seule raison on les a éliminés à tour de bras (et de fusil !) : le vautour, le loup, le blaireau, le gorille…
L’album évoque encore la tortue qui meurt des déchets plastiques, le rat et la souris de laboratoire, l’ortolan… et ce ne sont malheureusement que quelques cas parmi tant de pratiques qui doivent évoluer ou disparaitre. L’album donne des faits, des chiffres, reconnait des évolutions favorables ici et là, et milite tout simplement pour le bien-être animal.
Il faut aussi insister sur le travail des auteurs Rigano et Brrémaud qui mettent tout cela en scène, avec humour quelquefois. Les dessins de Rigano sont d’une beauté et d’une efficacité incroyables. Ses animaux sont tellement attachants, tellement séduisants, que leur seule présence visuelle parle déjà en leur faveur. Encore un point : c’est un album réellement tous publics. Certaines situations impressionneront incontestablement les plus jeunes mais c’est le seul moyen de faire avancer les choses… Une autre est de leur faire découvrir la série « Love » de Brrémaud et Bertolucci, commentée ici-même en février !
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Lettres des animaux à ceux qui les prennent pour des bêtes » par Giovanni Rigano, Fréderic Brrémaud et Allain Bougrain-Dubourg
Éditions Glénat (17 €) – EAN : 9782344042892