« Urban » : la fin de Monplaisir ?

Il est des séries dont on espère avec impatience la conclusion tout en la redoutant, tant il est bon de vivre dans l’attente d’un nouvel épisode. Pour « Urban », ce cinquième volume de 80 pages est bien le dernier, et déjà on le regrette. Les auteurs ont donné vie à un monde tellement original, à des personnages tellement forts, que nous ne sommes pas pressés de les quitter. Ne boudons pas notre plaisir et plongeons une fois encore dans l’univers impitoyable d’« Urban ».

Dans un futur pas si lointain, nous sommes en juin 2059, la cité tentaculaire de Monplaisir est le plus grand parc d’attractions de la galaxie avec ses 300 000 hectares. Chaque jour, 18 millions de colons vacanciers se pressent dans les deux niveaux de la mégapole, afin de profiter des attractions proposées par son omniprésent fondateur Springy Fool : véritable génie de l’informatique. Caméras et écrans géants permettent de faire régner l’ordre, jusqu’au jour où une attaque terroriste plonge dans le chaos cette ville de tous les fantasmes. A.L.I.C.E., l’intelligence artificielle et ses robots nettoyeurs créés par Springy Fool afin de faire respecter la paix dans les rues de Monplaisir, se révèlent impuissants. Zacchary Buzz, ancien fermier appartenant aux Urban Interceptors dont il sera chassé après son combat contre un caïd de la pègre, devient le chef de la police. La panique s’empare des visiteurs dont la seule issue est l’évacuation du parc de jeux à bord de gigantesques croiseurs pris d’assaut. On ne pouvait rêver conclusion plus mouvementée, tant les coups de théâtre se succèdent à un rythme infernal. Un enfant à naître est le seul espoir pour Zacchary Buzz qui rêve de justice, alors que Fool se lance déjà dans la reconstruction de ce qui a été détruit… Peut-être une piste pour un second cycle ? Dès 1999, dans l’album « Urbangames », Luc Brunschwig ébauche l’univers d’« Urban ». Mise en images par Jean Christophe Raufflet pour les Humanoïdes associés, cette série ne dépasse pas le premier album intitulé « Les Rues de Monplaisir ».Né en 1967 à Belfort, Luc Brunschwig est un scénariste rare, qui ne cherche pas à battre des records d’albums. On lui doit quelques perles depuis « Le Pouvoir des innocents » avec Laurent Hirn publié à partir de 1992 aux éditions Delcourt : « L’Esprit de Warren » avec Servain, « Angus Powderhill » avec Vincent Bailly, « Makabi » avec Olivier Neuray, « Le Sourire du clown » avec Laurent Hirn, « Holmes » avec Cécil, « La Mémoire dans les poches » avec Étienne Le Roux… sans oublier deux autres cycles du « Pouvoir des innocents » chez Futuropolis.Né en 1976 en Italie, Roberto Ricci se tourne vers le dessin après avoir abandonné une carrière de pianiste pour cause de tendinite. Il étudie la bande dessinée à l’école internationale de BD de Rome. Après quelques histoires pour Heavy Metal, il publie « Les Âmes d’Hélios » (série en quatre albums écrite par Saimbert, publiée à partir de 2003 chez Delcourt), puis « Moshka » en 2008 chez Robert Laffont… À partir de 2011, il lui aura fallu dix ans pour réaliser les cinq volumes d’« Urban ». Entre le style de Moebius et celui de Juan Gimenez, il propose des pages aux décors plus fouillés que ses deux maîtres, aux personnages diablement expressifs.

On ne peut que recommander la lecture de l’ensemble de la série nommée à Angoulême, en 2018, pour mieux en apprécier toute la richesse.

 Henri FILIPPINI

« Urban T5 : Schizo Robot » par Roberto Ricci et Luc Brunschwig

Éditions Futuropolis (16 €) — EAN : 978 2 7548 1759 2

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