Les Cahiers de la BD n° 14 : qui veut la peau du festival d’Angoulême ?

Titre accrocheur pour cette nouvelle livraison des Cahiers de la BD qui propose en couverture un duel oh combien nostalgique orchestré par Matthieu Bonhomme. L’auteur qui cartonne avec son nouveau « Lucky Luke » évoque avec enthousiasme sa passion pour le western. Le bon vieux Onc’Picsou, Lisa Mandel, François Boucq, Pif gadget… figurent également au sommaire de ce numéro ouvert à toutes les formes de bandes dessinées.

En réponse à la formule choc de la Une, un entretien avec Benoît Peeters en rajoute une couche en titrant « On veut couper la tête du festival d’Angoulême ».

Le théoricien de la BD évoque le passé mouvementé de ce salon, dont il croit pourtant en l’avenir.

Il se montre en revanche bien plus pessimiste sur la crise qui inquiète autrices et auteurs victimes d’une surproduction tenace.

De son côté, Christian Staebler présente une brève histoire d’Angoulême. Franck Bondoux, Oriane Lassus, Jack Lang, Lewis Trondheim et Fabien Vehlman répondent à trois questions sur le salon, bottant souvent en touche.

Les quelques mots accordés à Armel Le Nyl, rédacteur en chef de La Charente libre, semblent quelque peu plus réalistes et pertinents. Un dossier intéressant qui permet de résumer cet événement adulé, conspué, adoré, vilipendé et, pour finir… annulé : d’une part un salon populaire (dont le succès n’a pas connu le moindre problème depuis sa création), d’autre part une génération d’auteurs inquiets, bien plus contestataires que leurs aînés.Matthieu Bonhomme invité d’un long entretien avec Nicolas Tellop est pourtant l’exemple parfait de la cohabitation possible entre les générations d’auteurs et de lecteurs. L’article, surtout consacré au western, est richement illustré par ce génie du trait parfait. L’interview de Lisa Mandel par Renaud Jouanny illustre le malaise ressenti par les auteurs de cette nouvelle génération au trait minimaliste permettant de produire beaucoup pour survivre : les règles de l’édition classique y sont pointées du doigt et l’autrice nous parle de la fondation de sa propre maison d’édition (Exemplaire) qui promet beaucoup aux dessinateurs adhérents. Il ne faudrait pas oublier, qu’au bout de la chaîne, il y a les lecteurs : lesquels, par leurs achats, entretiennent le financement de l’ensemble.

Un détour par le Japon avec la reprise d’un entretien sur le rôle du manga avec le critique Natsume Fusanosuke qui a été réalisé au cours d’un congrès en 2019.

Retour vers le passé glorieux de Pif gadget avec « La Nostalgie camarade » : un article plutôt bien vu de Maël Rannou. Il y évoque la grandeur et la décadence de l’hebdomadaire communiste qui vient d’être racheté par le LR Frédéric Lefèvre. Passé, mais aussi présent, tout aussi glorieux pour ce vieux Onc’ Picsou dont l’histoire est passée au crible par Nicolas Tellop : ce dernier sait de quoi il parle !Enfin, Christian Staebler évoque la tradition du croquis d’audience, article documenté accompagné d’un entretien avec François Boucq.

Quelques bandes dessinées complètent ce sommaire : « Un extrait exemplaire » de Lisa Mandel, « Un week-end à Angoulême » par David Heatley et la reprise d’une aventure de « Supermatou » par le regretté Jean-Claude Poirier dont on annonce l’édition intégrale chez Revival : le label de Vincent Bernière (le responsable de cette nouvelle version des Cahiers de la BD).On peut toujours contester le côté intello-bobo de cette revue, mais Les Cahiers de la BD jouent parfaitement leur rôle : invitant à la réflexion des lecteurs trop souvent débordés par une production que rien ne semble vouloir freiner.

Henri FILIPPINI

 Les Cahiers de la BD n° 14 : avril/juin 2021, 180 pages (12,90 €)

Vagator productions, en kiosques, info@lescahiersdelabd.fr

Galerie

2 réponses à Les Cahiers de la BD n° 14 : qui veut la peau du festival d’Angoulême ?

  1. Captain Kerosene dit :

    L’une des spécificités de ces nouveaux Cahiers de la Bande Dessinée est de poser en couverture une question accrocheuse et de ne pas y répondre dans les pages intérieures. Ce numéro serait-il l’exception ?

  2. Henri Khanan dit :

    Vous avez raison, un habillage habile.. je le lis en librairie, à chaque fois il n’y a qu’une trentaine de pages intéressantes.

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