Prix du meilleur album au festival Quai des bulles de Saint-Malo, cette monumentale fresque d’apprentissage en 280 pages en noir et blanc, où seules les mélodies apportent de la couleur, mérite vraiment votre attention ! C’est une quête initiatique, mise en scène par Édouard Cour (aux dessins) et Jean-Christophe Deveney (au scénario), qui nous plonge dans le Saint-Empire romain germanique du début du XVIIIe siècle. En suivant l’ascension, à la fois magnifique et tragique, de deux talentueux jumeaux orphelins — sur qui plane l’ombre d’un mystérieux compositeur allemand qui signe ses partitions des trois mots « Soli Deo Gloria » —, elle nous entraîne vers une méditation métaphysique sur le sens de la création, nous rappelant le pouvoir qu’a la musique sur les humains !
Lire la suite...« Mademoiselle J » : la suite bouillonnante du « Il s’appelait Ptirou » !
Laurent Verron et Yves Sente ont transformé leur remarquable album hommage à Spirou et à son créateur (lequel a pour origine la rencontre avérée de Rob-Vel avec un jeune mousse) en série, en se recentrant sur le personnage de Juliette de Sainteloi : la fille du patron de la Compagnie générale transatlantique qui tente de devenir grand reporter. Voilà une opportunité qui leur permet de développer la montée du nazisme, à travers la destinée d’une jeune femme qui va devenir une sorte de porte-parole de l’héroïsme au féminin.
Nous sommes en 1937, à Paris, et la jeune Juliette a aujourd’hui 22 ans. Neuf années se sont passées depuis cette traversée de l’Atlantique où elle a rencontré celui qui inspira le célèbre groom de papier. Malgré le tragique destin de ce dernier, elle n’oublie pas Ptirou et c’est son énergie qui, une fois son diplôme en poche, va lui donner l’envie d’écrire des articles et d’enquêter pour faire ressortir la vérité ! Volontaire, indépendante et dynamique, la jeune femme veut avoir sa place dans l’Histoire en marche, malgré les réticences machistes des rédacteurs en chef…
Son père, le richissime Henri de Sainteloi, a fondé sa propre compagnie de cargos : la Compagnie des cinq océans. Son associé, Gustave Noirhomme, lui propose une offre alléchante : l’homme de confiance d’Hitler, du moins en ce qui concerne la marine civile, souhaite entrer dans le capital de leur entreprise. Juliette, à qui le journal Horizon France a donné l’occasion de montrer sa valeur en l’engageant comme stagiaire d’un journaliste aguerri, mais particulièrement désagréable, est bien consciente des projets d’invasion des nazis. Elle va s’attacher à contrer les projets de Gustave Noirhomme qui, lui, est prêt à tout pour que notre reporter en herbe cède ses parts aux nazis…
Le scénario passionnant et très bien rythmé d’Yves Sente — lequel se révèle beaucoup moins bavard que sur « Blake et Mortimer », « Le Janitor » ou même « Thorgal » (et donc plus efficace) —, ainsi que les personnages bien caractérisés et attachants de cette nouvelle série, est sublimé par le dessin très vivant de Laurent Verron : ce dernier excellant dans la restitution des décors et de la mode de l’époque. Celui qui dessina « Le Maltais », « Les Exploits d’Odilon Verjus » — dont une superbe intégrale avec un indispensable dossier de présentation dû à Patrick Gaumer vient de sortir au Lombard (1) —, et de nombreux « Boule et Bill » a perfectionné, tout au long de ses diverses expériences, son impeccable style semi-réaliste.
Notons, pour finir, que le touchant « Il s’appelait Ptirou » (2) vient d’être réédité chez Dupuis en devenant le tome 1 de la série « Mademoiselle J » : ce qui nous laisse espérer d’autres enquêtes aussi trépidantes et romanesques de cette charmante héroïne…
Gilles RATIER
(1) Voir sur BDzoom.com : Les missions exotiques et chocs d’Odilon Verjus !.
(2) Voir sur BDzoom.com : « Il s’appelait Ptirou » par Laurent Verron et Yves Sente.
« Mademoiselle J T2 : Je ne me marierai jamais » par Laurent Verron et Yves Sente
Éditions Dupuis (15,95 €) — EAN : 979-1-0347-3809-0













Bien joué les gars! Transformer un personnage secondaire en héroïne de série, qui plus est intéressante, c’est rebondir doublement comme dirait le Marsu…
A noter une encore plus belle version en noir et blanc grace à canal bd.