Pour vivre heureux, vivons mariés ?

Même à notre époque, le mariage reste un acte sacré unissant officiellement deux humains. Oh, celui-ci a bien évolué en autorisant l’union d’individus du même sexe. Néanmoins, deux personnes qui vivent ensemble sans être mariées restent un phénomène étrange qui pose de nombreuses questions. Faut-il obligatoirement rentrer dans une case pour vivre heureux ?

Cela fait dix ans que Ritsuko et Shûichi sont ensemble. Huit ans qu’ils ont emménagés dans le même appartement. Et ces deux-là ne sont toujours pas mariés, n’ayant pas de plan à court terme en ce sens. Qu’est-ce que cela change ? C’est juste de la paperasse en plus, non ? Pourtant, la question revient inévitablement  : « pourquoi vous ne vous mariez pas  ? »

Ritsuko a toujours une réponse bien faite lorsqu’on lui demande pour la millième fois « alors, c’est pour quand  ? ». Leur mode de vie leur convient : il n’y a pas spécialement besoin d’être officiellement mariés pour s’aimer et vivre heureux. Plus prosaïquement, après dix ans de vie commune elle conclut  : « Si on se mariait maintenant, il n’y a que le nom qui changerait. Tu ne trouves pas que c’est galère de devoir faire son changement de nom partout  ? » Pour elle, il est clair que le simple fait d’obtenir un bout de papier qui officialiserait leur relation bouleverserait plus leur vie que de rester dans leur situation actuelle  : libre tout en étant fortement attaché l’un à l’autre.

Surtout, Ritsuko fait remarquer qu’en plus « Il ne l’a toujours pas faite : sa demande en mariage. » Sauf que Shûichi l’a bien faite en lui offrant une superbe bague à Noël. Mais il a tellement marmonné, que sa demande n’est pas arrivée aux oreilles de sa dulcinée. Un quiproquo de plus dans cette histoire où l’on découvre les points de vue du couple, tour à tour. Cette alternance, regroupant les chapitres par deux, est extrêmement intéressante. On découvre que la communication non verbale est aussi importante que les phrases que l’on peut prononcer inconsciemment. Les petites déceptions comme les désillusions ne sont parfois dues qu’à la maladresse de l’autre. Les histoires, finalement assez banales, deviennent d’un coup bien plus intéressantes.

La candeur des personnages est renforcée par le trait lisse du pinceau de Kinuko Igurashi. Ses pleins et déliés sont magiques. Elle sait rendre vivant un sourire discret ou une moue désappointée. Et elle ne se contente pas de donner vie à ses personnages par la simple expression du visage. Tout le corps est mis à contribution dans un jeu de cadrage plus ou moins serré. Son dessin classique est indémodable, il reste agréable à lire tellement il est clair et met bien en avant chaque plan.

La couverture est en adéquation avec les histoires racontées. La couleur chaude du fond d’une orange uni fait ressortir les deux tourtereaux pourtant dans des habits simples de tous le jour. Ils sourient, semblent heureux et serins. Ils se regardent du coin de l’œil sans être trop insistants. Leur vie semble facile et le potentiel lecteur comprend immédiatement qu’ils sont en couple, mais de manière non officielle avec ce titre « Just Not Married » qui barre leur torse et finalement unit cet homme et cette femme ayant presque l’air d’être encore deux adolescents. À elle seule, cette image de couverture résume parfaitement l’histoire que vivent Ritsuko et Shûichi  : une vie simple, sérieuse, mais sans contraintes.

Bien sûr, avec cette demande en mariage ratée, on est à même de se demander quand ils vont finalement officialiser cette situation qui gêne plus leur entourage qu’eux même. Nous aurons peut-être la réponse au bout des cinq volumes qui composent cette série qui inaugure la collection Life chez Kana.

Gwenaël JACQUET

« Just Not Married » par Kinoko Higurashi
Éditions Kana (5,95 €) – ISBN  : 978-2505076810

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