Qui ne connaît pas encore le nom de Bécassine ? Cette jeune et naïve Bretonne, native de Clocher-les-Bécasses, venue à Paris pour servir la marquise de Grand Air. Le nom de son créateur graphique est aujourd’hui bien oublié, ignoré par la plupart de nos contemporains, auxquels la robe verte et le tablier blanc sont pourtant familiers. Remi Duvert consacre — enfin ! — un ouvrage foisonnant d’illustrations et d’anecdotes à Joseph Porphyre Pinchon, son génial dessinateur.
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Le bonheur est dans le pré avec le candide Titouan…
Âgé d’une dizaine d’années, le très urbain Titouan découvre la campagne et le monde agricole. Toujours positif, il ne râle pas contre le coq qui chante à l’aurore ni contre les nombreuses bouses de vaches qui parsèment les près et les chemins. Sa nouvelle vie dans la ferme de sa grand-mère est pour lui l’occasion de découvrir un nouveau monde et de jeter un regard neuf sur l’univers des adultes. Avec Titouan la vie est belle !
L’appartement familial est pratiquement vide. On descend les derniers cartons dans le camion des déménageurs stationné dans la rue d’une grande ville. Pour masquer son anxiété de quitter un lieu qu’il connait bien, Titouan se filme afin d’alimenter le compte d’un réseau social. Sa mère le taquine en sortant d’une boîte des photos de lui bébé. Ils en rient tous les deux avant un dernier coup de spleen pour le jeune garçon. Sur le trottoir, il croise sa bande d’amis. Ils se sont autoproclamés les Dangereux mais ils sont tous au bord des larmes pour dire un dernier au-revoir à leur camarade qui part habiter à la campagne.
Les bonnes odeurs de la campagne.
Tout s’est décidé très vite. La grand-mère de Titouan est tombée malade, elle ne peut plus s’occuper seule de sa ferme. La famille de Titouan s’installe donc pour quelques temps dans la maison familiale, isolée au milieu des champs. Un changement radical de mode de vie !
Il faut se lever au chant du coq puis s’occuper des bêtes : vaches, moutons, cochons. Titouan doit ainsi partir à vélo pour un pré éloigné pour vérifier si une génisse a bien mis bas et si elle s’occupe bien de son petit. De quoi le changer de ses jeux avec ses copains !
« Titouan T1 : La Vie est belle » page 7.
Sur les petits chemins vicinaux, Titouan croise David Grouin, un garçon un peu plus âgé qui lui fait découvrir des aspects encore méconnus de la vie à la campagne et l’entraîne, forcément, à faire quelques bêtises. Il lui permet aussi de rencontrer la petite Jeanne qui ne demeure pas longtemps insensible au charme discret de Titouan. Celui-ci est néanmoins davantage perturbé par la confession de sa mère : il y a eu une dispute entre ses parents et ils vont peut-être se séparer.
La souplette de Mamita.
Mamita.
Nous avions fait connaissance avec l’univers de Titouan dans un court récit publié dans le bel album « La BD qui fait du bien : 40 auteurs contre le cancer des enfants » dont nous vous disions le plus grand bien dans cet article. Le toujours positif Titouan a désormais sa série et c’est mérité car les auteurs ont fait un travail remarquable. Lylian et Paul Drouin nourrissent leur complicité depuis de nombreuses années avec les séries « La Famille fantastique » et « L’Aventure fantastique ».
Loin de toute aventure supranaturelle, ils installent ici leur héros dans un quotidien rural contemporain. À travers ses rencontres, ses joies et ses peines mais aussi ses découvertes, ils amènent Titouan à mieux comprendre le monde qui l’entoure. Un attachant et bienveillant récit d’initiation.
Tu es mon digne héritier !
Le récit est bienveillant, mais jamais mièvre ou gentillet.
Le petit Titouan doit se saisir de problématiques bien contemporaines qui n’ont rien de faciles : maladie de sa grand-mère qui perd la mémoire, mère de son copain qui pose pour des magazines de charme, séparation des parents voire détention en prison pour le père, manifestation antisystème…
« Titouan T1 : La Vie est belle » page 12.
Ces passages graves sont équilibrés par un humour omniprésent : de la mamie geek à ses heures, fan de jeux vidéo, aux amusements avec la bouse de vache et des quiproquos entre sa maman et un vieil amoureux aux mésaventures filmées de Titouan sur les réseaux sociaux.
La rencontre avec la génisse.
Le dessin tout en rondeur de Paul Drouin donne force et énergie à ce petit monde campagnard. Les personnages sont dessinés avec des nez tout en longueur ou sont anthropomorphes : taurillon tonique, petite souris ou vieille chèvre acariâtre. La campagne de l’album est plus qu’un décor, c’est un personnage à part entière, personnage vivifié par le travail des couleurs de Lorien. Ombres et jeux de lumières varient du matin au soir que l’on soit dans une cour de ferme, en plein soleil sur une botte de foin ou à l’ombre d’une haie, en train de pêcher au bord de la rivière.
La course de vélos.
« Titouan » est un album familial qui apporte une joie de vivre certaine, l’envie de goûter de nouveau aux bonheurs simples de la vie, une petite bulle d’enfance avant qu’elle n’explose avec l’entrée dans l’âge adulte, une madeleine d’un été de grandes vacances à déguster au frais en ce début de canicule.
Le repos de Titouan.
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Laurent LESSOUS (l@bd)
« Titouan T1 : La Vie est belle » par Paul Drouin et Lylian
Éditions Glénat (12,45 €) – EAN : 978-2-344-03350-0
« Titouan T1 : La Vie est belle » page de garde 2.
