Confinée depuis neuf ans dans un hôpital, Zita (dite Boule à zéro) continue d’affirmer sa soif de vivre…

Zita a maintenant 13 ans dont neuf passés au sein d’une chambre d’hôpital depuis qu’on lui a diagnostiqué une leucémie. Sa famille ce sont les autres enfants malades, le personnel hospitalier et tous les aidants des malades car sa mère précaire, travaille dans un pays étranger et son père a abandonné le domicile familial au début de sa maladie. Pourra-t-elle reconnaître ce père quand celui-ci, toute honte bue, revient la visiter. Comme toujours dans cette exceptionnelle série jeunesse émotion, tendresse et humour cohabitent pour notre plus grand plaisir de lecteur.

Dans notre rubrique sur BDzoom.com, nous suivons avec les yeux des Chimène les meilleures séries destinées aux plus jeunes. « Boule à zéro » en fait indéniablement partie. Depuis 2012, nous nous attachons à la vie de Zita Sayyah confinée dans un hôpital depuis ses 4 ans. Nous avons salué les débuts du cycle avec « Petit Cœur chômeur », puis les volumes 3 « Docteur Zita », 4, le bouleversant « Madame la mort » et 6 « Le Grand Jour ». Nous retrouvons avec plaisir Zita, ses amis enfants malades et le personnel hospitalier de l’hôpital Le Goff dans un huitième volume : « Le Fantôme de la chambre 612 » au cours duquel la jeune fille va devoir accepter le retour d’un père absent depuis le début de son hospitalisation.

Boule à zéro T8 page 5

Zita au lit

Cela fait désormais neuf ans que Zita vit confinée à l’hôpital. Elle y été surnommée Boule à zéro car elle a perdu tous ses cheveux au début de son traitement.

Jeune adolescente mais toujours petite de taille, Zita s’autorise quelques passe-droits pour s’amuser un peu et distraire ses jeunes amis, eux aussi enfermés à l’étage des enfants malades.

Il a su se réinventer une famille car sa mère ne peut venir la voir, travailleuse immigrée du Maroc, elle travaille dur aux îles Canaries pour gagner sa vie et payer les soins de sa fille.

Quant à son père, il a quitté le domicile conjugal un après que la maladie se soit déclarée.

Le paquebot hôpital

L’album s’ouvre sur la visite d’une famille à un enfant malade. Les auteurs filent la métaphore en comparant l’hôpital à un paquebot. Les visiteurs viennent saluer des malades assimilés à des passagers en croisière : « À bord du Le Goff, il y a deux sortes de passagers : ceux, d’une part, qui sont là pour quelques jours, une semaine out au plus… quelques mois dans le pire des cas. (…) Recevoir des visiteurs, dans sa cabine, c’est accueillir un peu de vie à terre, grouillante, surprenante… Les visiteurs vous embrassent, vous consolent … se transforment pour quelques instants en vos plus fervents supporters. Mais secrètement, ils n’ont qu’une envie : courir rejoindre l’oiseau, courir rejoindre la fillette, là-bas sur sa bicyclette. ». Et pour finir quand la planche se termine sur Zita seule dans sa cabine-chambre : « …et pour le Le Goff de larguer les amarres afin de regagner le large … Ces visites, pourtant, vous les chérissez plus que tout car vous savez que le plus dur ; ce n’est pas quand le visiteur repart … non, le plus dur, c’est quand votre visiteur ne vient pas. »

S'évader de l'hôpital

Zita est morose, Moïse, son petit camarade de chambre, atteint d’un cancer, vient d’être adopté par une famille aimante de Lyon. Un peu jalouse : « Ils sortent d’où, ces gens ? d’un film de Walt Disney ? », Boule à zéro trompe sa solitude en mangeant des bonbons, c’est la « nounoursthérapie », quand un homme gauche, timide qu’elle ne reconnait pas, lui est présenté : son père. Elle le rejette et s’enferme dans sa chambre : « Tu n’es pas mon papa : tu es … un fantôme ! » Une infirmière rattrape le quadragénaire meurtri et sans lui faire la morale lui demande de ne pas fuir de nouveau le combat : « L’amour, c’est comme le reste, monsieur : ça se mérite !»

La solitude de Zita

Le huitième album de cette série en tout point remarquable aborde frontalement la relation des proches avec le malade et la maladie. Le diagnostic d’un cancer transforme la vie du malade mais aussi celle de toute sa famille. Les parents touchés par la maladie d’un enfant avouent avoir éprouvé de la peur, de la colère, de la dépression ou de la culpabilité.  Le seul remède pour avancer, comme le font après des épisodes très durs, Zita et son père, est de développer la communication entre les membres de la famille, et avec le personnel soignant, c’est-à-dire tout simplement de rester soi-même.

Une famille qui sort d'un film de Walt Disney !

Émouvant, drôle quand il le faut et d’une profonde humanité, cet album met en valeur le travail de tous les aidants dans un hôpital : médecins, infirmières, aides-soignantes mais aussi bénévoles comme Mama Kigali, « conteuse professionnelle bénévole » auprès des enfants. Importance médicale, thérapeutique mais aussi humaine, par l’accompagnement de tous les instants prodigués auprès des petits malades, amis de Zita.

En ces temps de confinement exceptionnel que nous vivons tous, les albums de la série nous rappellent l’importance de leur travail, de leur présence au quotidien auprès de nos malades et qu’un hôpital c’est un lieu de vie où si l’on pleure beaucoup, et, si l’angoisse est permanente c’est aussi un endroit où le rire est omniprésent, un rire parfois cathartique, pour mieux exorciser le passé et se tourner vers un avenir forcément plus joyeux.

Tu n'es pas mon papa : tu es ... un fantôme !

Zidrou réussit à se renouveler dans l’excellence à chaque nouvel opus d’une série capable d’émouvoir même les cœurs les plus insensibles. Humble, efficace et sans artifice, le dessin de Serge Ernst permet aux plus jeunes de lire des récits assez complexes qui abordent de front les problématiques les plus âpres de l’existence humaine.

L'ombre du père

En ces temps où le civisme doit s’imposer, cela fait du bien de lire cet album aux belles qualités pédagogiques et humaines. À lire à la maison, en famille et à offrir dès que l’on pourra sortir de chez soi pour, par exemple, visiter ceux qui en ont besoin, à l’hôpital et ailleurs.

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Boule à zéro T8 : Le Fantôme de la chambre 612 » par Serge Enst et Zidrou

Éditions Bamboo (10,90 €) – ISBN : 978-2-81896-836-9

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