Angela Davis : les combats d’une vie !

Dans l’Amérique profondément raciste des années soixante, une femme s’impose, s’oppose : Angela Davis, une femme, une égérie, une force. C’est ce destin incroyable que raconte l’album « Miss Davis » et il n’est vraiment pas inutile de redécouvrir ce qu’elle a vécu, ce qu’elle a défendu bec et ongles pour donner au peuple noir sa dignité et les droits auxquels tout humain doit prétendre…

Angela Davis est née en Alabama, en 1944, dans cet état où sévit la ségrégation raciale et où le Ku Klux Klan impose sa loi et ses exactions. Elle nait surtout dans un milieu qui lutte contre cette situation. Ses parents sont des militants. Elle a de qui tenir. Le récit commence, en fait, en 1969, à Oakland, alors que les policiers viennent d’attaquer le bureau  des Panthers, une séquence très forte qui martèle au fil de l’action, les dix exigences du programme du Black Panther Party, dix exigences qui pourraient /devraient fonder l’égalité entre Blancs et Noirs, dans une Amérique où, comme en pages gardes – un dessin valant mieux qu’un long discours – il y a, côte à côte, un lavabo propre et moderne pour les « White »  et un vieux pour les « colored ».

Le premier chapitre est consacré à son enfance et à son adolescence, périodes pendant lesquelles Angela, élève brillante, observe, observe… et ronge son frein ! Au début des années 1960, elle est en France pour à ses études mais très vite, ce qui se passait aux États-Unis l’amènent à se dire qu’elle doit y retourner et intégrer un groupe révolutionnaire. La Angela Davis que nous connaissons est née. Plus rien ne l’arrêtera, d’autant qu’un séjour à Cuba la renforce dans ses idées communistes, ce qui, aux États-Unis, en plus d’être noire et révoltée la rend extrêmement suspecte (elle adhère au Parti Communiste Noir en 1968).

L’ouvrage a cela d’original qu’il adopte un style de mise en page et de graphisme différents selon les sujets. Il en est ainsi du chapitre consacré au Cointelpo , sous forme d’histoires courtes au graphisme caricatural. Le sujet, pourtant, est grave, puisque le Cointelpo n’est rien d’autre qu’un programme créé dès 1956 par le FBI pour lutter contre les communistes, programme bientôt appliqué à lutter contre le Ku Klux Klan, puis contre les Noirs, notamment Martin Luther King.

Le choix d’une mise en page qui change au fil des pages est à la fois surprenant et appréciable pour une biographie :  planches mises en page comme des articles de presse ; séquence quasi muette, au trait épais pour l’attaque d’un tribunal en 1970 ; planches en noir et blanc pour son séjour en prison / asile psychiatrique où la maltraitance est de règle ; dessins croqués à la façon des dessinateurs de tribunaux pour la séquence évoquant son procès en 1972 (elle risque alors une condamnation à mort, mais elle est finalement déclarée non coupable)…

Cet album original dans sa construction et sa conception est donc une bonne occasion de remettre en avant les combats politiques et féministes de cette femme, devenue professeure d’université et dont le militantisme n’a jamais cessé.

Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/

[L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook.

« Miss Davis » par Ameziane Hammouche et Sybille Titeux de la Croix

Éditions du Rocher (19,50 €) – ISBN : 978-2-2681-0265-8

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