Un roman (bio)graphique sur Romy Schneider, cela devait arriver tôt ou tard, et notamment dans la collection 9 1/2 de l’éditeur, dédiée au cinéma… Le choix des auteurs s’est porté sur ses débuts, y compris son enfance — vite évoquée — avec la guerre en fond, et son entrée timide dans le cinéma, jusqu’aux premiers rôles. On croisera naturellement Alain Delon, presqu’inconnu alors que Romy est déjà célèbre après « Sissi » : la relation amoureuse et professionnelle avec le jeune acteur français est fondatrice, essentielle pour les deux. Un album à la mise en images sensible, juste, sans effets appuyés, mais aux couleurs très choisies selon les moments narrés. Un trait doux et bienveillant : connaissant sa fin tragique, ce n’est que justice.
Lire la suite...De moins en moins bergères et de plus en plus guerrières : « Bergères guerrières » d’Amélie Fléchais et Jonathan Garnier…
Dans leur tome 3, les jeunes héroïnes de « Bergères Guerrières » se dirigent vers les inquiétantes « Terres mortes » pour découvrir l’origine des sombres heures de leur petit village. On commence à dénouer les fils d’une intrigue fort bien construite dans cet avant-dernier tome d’une tétralogie fantastique à l’univers celtique médiéval assumé. Une bien belle réussite de la BD jeunesse contemporaine francophone.
Nous avons fait connaissance de la toute jeune Molly, de son village et de ses amis, dans le premier tome de la série. On y découvrait une vive jeune fille d’une dizaine d’années qui intégrait le corps des bergères guerrières.
En effet ce sont aux femmes de protéger le village depuis que tous les hommes du petit bourg côtier ont été mobilisés. Ils sont partis aux confins du territoire connu dans les contrées que l’on appelle « Terres mortes ».
Depuis, comme l’affirme Nora, la chef des bergères guerrières : « De cette guerre dont nous ne savons rien, aucun homme n’est revenu. Aucune nouvelle ni promesse de retour ne nous a été apportée. Mais de cette situation absurde et triste, nous femmes du village, n’avons pas voulu devenir les victimes. »
C’est montées sur des animaux domestiques (comme Barbe noire, le bouc de combat de Molly) que les aspirantes guerrières se déplacent. Elles affrontent victorieusement dans le deuxième tome de la série la terrible Malbête.
Mais Molly et son camarade Liam reviennent affaiblis de ce combat. Un mal insidieux les ronge. Même les sorciers ne peuvent les guérir d’une infection qui gagne en puissance avec le temps.
Un petit groupe composé de Molly, Liam, de quelques anciennes et jeunes bergères guerrières quittent leur paisible village pour rejoindre les sinistres « Terres mortes » en passant par une grotte secrète de très hautes montagnes appelées le « Tombeau des dieux ».
Ils espèrent trouver dans ces lieux presque inaccessibles le remède pour soigner les enfants malades mais aussi s’attaquer à l’origine du mal qui frappe leur village depuis une décade et pourquoi pas trouver la trace des hommes du village disparus ici lors d’une guerre aux motivations brumeuses.
Nous vantions dans cet article tout le bien que nous pensions du premier volume de la série : « « Bergères guerrières » fait l’étalage de qualités remarquables, tant dans la construction maîtrisée d’un récit d’initiation original que dans un graphisme stylisé, ample, dynamique et innovant. Jonathan Garnier a créé un univers cohérent, à la fois classique et insolite. Dans une société matriarcale sans l’avoir voulu, les rôles sont inversés : les filles doivent s’entraîner pour combattre et protéger le peu de garçons qui restent dans la communauté. Le scénariste maintient l’attention de ses lecteurs, jeunes et moins jeunes, par un humour omniprésent et des non-dits improbables.
Amélie Fléchais (« L’Homme montagne ») donne chair et consistance à ce petit monde celtique fantastique. Chaque personnage est parfaitement caractérisé dans ses expressions et son humanité ; de Molly la préadolescente en rébellion constante à la grand-mère usée par le temps. La météo changeante et le rendu réaliste d’émotions et de sentiments entre les personnages, nous rapprochent d’héroïnes qui incarnent subtilement des valeurs humanistes : l’entraide dans l’apprentissage, l’amitié, le nécessaire travail de deuil ou l’acceptation de la différence. »
Dans le troisième volume de la série, l’intrigue se déplace vers les « Terres mortes » qui semblent être le lieu où tout va se dénouer. Le lecteur attentif additionne les indices et commence à construire ses propres pistes pour trouver l’origine de tous les maux de la petite communauté de Molly. Mais on ne peut douter du talent de l’excellent scénariste qu’est Jonathan Garnier. Nul ne peut connaitre à la fin de cet album les tenants et les aboutissants d’une intrigue qui s’étoffe au fil des pages. Il reste assurément beaucoup à découvrir sur les bergères guerrières dans l’ultime volume d’une épopée féministe intrigante et attachante.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Bergères guerrières T3 : Le Périple » par Amélie Fléchais et Jonathan Garnier
Éditions Glénat (14,95 €) – ISBN : 978-2-344-03423-100