« Le Scorpion » : aux origines des Trebaldi…

Retrouver les pages mouvementées aux images flamboyantes d’Enrico Marini est déjà une promesse de régal pour les yeux. Lorsque le génial dessinateur met en scène son héros fétiche, « Le Scorpion », avec la complicité de son compère Stephen Desberg au scénario c’est Noël avant l’heure. Des dessins superbes, une histoire béton, le souffle de la grande aventure, que demander de plus ?

Rome, milieu du dix-huitième siècle. Après les meurtres d’Orazio et de Cosimo Trebaldi, Nelio et son frère Armando Catalano, alias le Scorpion, sont les seuls héritiers de l’immense fortune des Trebaldi, famille romaine dont les ancêtres sont venus de Volsinii en terre étrusque. Leur puissance repose depuis la nuit des temps sur le secret de leur art divinatoire dont leur père Orazio détenait les clés. Le mystérieux trésor des Trebaldi venu de l’Antiquité est jalousement gardé dans les ruines du château de Tarquinio défendu par l’énigmatique et redoutable Palestrina. Accompagné par son fidèle Hussard et le jeune Charles-Henri, son soi-disant fils né d’une brève liaison avec la noble Marie-Ange de Sarlat, le Scorpion fait route vers Tarquinio. Le trio est pisté par son frère Nelio qui convoite lui aussi le secret, par le chevalier de Trèfle, habile bretteur qui porte en lui un lourd secret, enfin par les Delamorley accompagnés par la vénéneuse Anséa, riche Famille qui souhaite la fin des Trebaldi. Une dangereuse course au trésor jonchée de cadavres dont le Scorpion et ses adversaires ne sortiront pas indemnes. Son grand-père n’avait-il pas prédit au futur Scorpion qu’il finirait sa vie victime d’une femme.

C’est avec beaucoup de plaisir que l’on retrouve après une trop longue absence de cinq ans cette épopée virevoltante digne des meilleurs films et romans de cape et d’épée. Stephen Desberg (1954), surtout connu pour ses thrillers (« I.R.S. », « Empire USA », « Tosca »), aborde avec une remarquable aisance le récit historique mêlant tragédie, mystère, combats épiques, sensualité… sans oublier une note d’humour. Il est accompagné dans l’aventure par l’un de nos meilleurs dessinateurs réalistes classiques, le Suisse Enrico Marini (1969). À cinquante ans cet élève de l’École des Beaux-Arts de Bâle aligne les succès depuis ses débuts en 1990 avec « Les Dossiers d’Olivier Varèse ». « Gipsy » avec Smolderen, « L’Étoile du désert » avec Desberg, « Rapaces » avec Jean Dufaux, « Les Aigles de Rome » dont il signe le scénario, sans oublier un fabuleux diptyque en hommage à « Batman ». Autant de séries devenues cultes pour le lecteur de bandes dessinées amateur de bel ouvrage. Difficile de faire mieux. Il évoque au vieux lecteur que je suis le trait méticuleux d’un René Giffey et l’aisance graphique d’un Pierre Forget (« Thierry de Royaumont »). Avec un million sept cent mille albums vendus, « Le Scorpion » prouve en ces temps difficiles pour la bande dessinée qu’une bonne histoire et un bon dessin peuvent encore séduire un large lectorat.

Henri FILIPPINI

« Le Scorpion T12 : Le Mauvais Augure » par Enrico Marini et Stephen Desberg
Éditions Dargaud (14 €) – ISBN : 978 2 5050 7086 3

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