Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...Les éditions Félès… Une nouvelle griffe !
Créer une nouvelle maison d’édition, c’est comme improviser un voyage, avec des inconnus pour des inconnus, et tout voyage est renaissance. C’est d’autant plus vrai que les éditions Félès se donnent pour logo un chat égyptien, Félès, forme animale de Bastet : « À l’image de Bastet, déesse égyptienne de l’enfantement, notre équipe accompagne la naissance des albums, encourage le désir de procréation des auteurs, et vise le bonheur des lecteurs. » Sous la houlette de Blandine Lanoux et de Giuseppe Manunta, les toutes jeunes éditions Félès, installées en Alsace, comptent déjà quelques fort beaux titres à leur catalogue…
Commençons par la nouveauté de novembre avec « Le Diner de Noël » œuvre de Giuseppe Manunta, un titre de saison s’il en est. Y a-t-il, cependant, plus risqué qu’un repas de Noël quand la famille est morcelée, pour ne pas dire éclatée ? Or Agnès tente de réunir ses quatre enfants dans sa maison pittoresque de Strasbourg alors que la ville vit déjà à l’heure de son célèbre marché de Noël. Jules, l’écrivain parisien, un peu blasé et qui ne croit pas à l’amour ; Christian, le pragmatique aux plaisirs simples ; Chloé, dont le mari ne veut pas qu’on impose à ses enfants les croyances d’un autre temps et qui cache une double vie ; André, enfin, le mystérieux frangin. Viendra-t-il ? C’est la grande inconnue ! Est-il même encore vivant ? Le trait et les couleurs de Giuseppe Manunta sont extrêmement sensuels et séduisants. Il y a là un petit côté Prado dans les personnages, tout bien typés et attachants. Du coup, on entre dans cette histoire de famille avec bonheur, cherchant nous aussi à comprendre les tenants et les aboutissants de ces destins qui se télescopent. À la recherche d’un Père Noël ? Qui sait ?
Paru en octobre, « Paul est mort : quand les Beatles ont perdu McCartney » signé Ernesto Carbonetti et Paolo Baron, évoque l’annonce en novembre 1969, en pleine beatlemania, de la mort de Paul McCartney dans un accident de voiture. Le drame est incroyable, insupportable. Peut-on même l’annoncer au public ? Ne faut-il pas remplacer Paul par un sosie ?
Cette histoire est inspirée d’une rumeur qui secoue à l’époque la variété anglo-saxonne, les complotistes de tout poil alimentant comme il se doit la pseudo-disparition de Paul, notamment à propos du célèbre passage clouté de la pochette d’« Abbey-Road » qui suscita à lui seul bien des interprétations et délires. Graphiquement, l’album signé Ernesto Carbonetti est époustouflant. Les fans des Beatles seront probablement étonnés et fascinés par cette performance esthétique car, si les visages sont plutôt réalistes, ceux-ci sont restitués sur des décors hypercolorés, expressionnistes et spectaculaires.
Terminons sur le premier titre publié par les éditions Félès, en mai dernier : « HieroglypH : des aiguilles dans la gorge », un collectif surprenant à découvrir absolument. Adaptés des nouvelles d’un recueil de Ludwig Schuurman intitulé « Le Quatrième Top » (éditions Page-à-page), les 11 récits composant l’album étonnent à plus d’un titre, d’abord par la diversité des thèmes abordés, mais aussi par la qualité des auteurs réunis : Barbara Baldi, Benoît Frébourg, Grazia La Padula, Alberto Madrigal, Alberto Madrigal, Francesca Marinelli, Mister Kern, Julien Motteler, Emmanuel Murzeau, Ignacio Noé, Ludwig Schuurman et Stéphane Torossian.
Un amour de jeunesse qui réapparait, un gamin avec de sordides troubles intestinaux, une femme canon, des rendez-vous amoureux torrides ou lamentables, un repas de fête peu festif… Plus ou moins loufoques, plus ou moins sordides, ces coups du sort sont toujours admirablement dessinés dans les styles les plus variés qui soient. Un très beau recueil, donc, qui permet notamment de découvrir pour la première fois certains de ces illustrateurs de talent.
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
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« Le Diner de Noël » par Giuseppe Manunta
Éditions Félès (21 €) – ISBN : 9782956781417
« Paul est mort : quand les Beatles ont perdu McCartney » par Ernesto Carbonetti et Paolo Baron
Éditions Félès (22, 50 €) – ISBN : 9782956781424
« HieroglypH : des aiguilles dans la gorge » par Collectif
Éditions Félès (22,95 € ) – ISBN : 9782956781400
Site éditeur : https://www.editionsfeles.com/
Quel est l’auteur de la belle planche avec tour Eiffel intégrée que vous montrez ci dessus ?
Il s’agit de l’Argentin Ignacio Noé.
Quelques jolis albums très sexy chez Dynamite ou Tabou, je ne sais plus…