« Le Batman qui rit » : un BatJok chauffé à cœur !

Suite au cycle « Métal » (1) dans lequel Scott Snyder nous présentait une série de Batman immondes, issus de dimensions parallèles, où Bruce Wayne aurait suivi d’autres destinées, un parmi eux semblait être leur leader : le Batman qui rit, sorte de mix entre un Joker noir hyper horrifique et Pinhead, le chef de la série « Hellraiser ». Le personnage exceptionnel est spécialement mis en lumière dans cette première mini série qui, c’est écrit, connaîtra une suite en 2020. Sorti du contexte limite space opera et onirique du précédent arc, il débarque en ville, sur le terrain du maître de Gotham, bien décidé à imposer sa vision du bonheur (véridique !).

Si l’on ne boude pas notre plaisir de retrouver ce personnage horrifique, qui a effectivement marqué les esprits, et si les cinq premiers épisodes, dessinés magnifiquement par Jok, en alternance avec Eduardo Risso sur l’épisode 4 (The Grim Knight #1), pour illustrer l’origine de cette version de Batman, sorte de « Punisher Bat », lieutenant de celui qui rit, il s’avère vite assez compliqué de garder le cap, même si le récit reste prenant.

Ceci est tangible dès l’épisode 5, et le 7 demande une lecture plus qu’attentive, à cause d’un lettrage embrouillé. En effet, Batman ayant été infecté, et allant assez rapidement devenir un Batman qui rit lui-même, ses dialogues, constitués de lettres noires sur fond blanc, vont devenir rouge sur fond blanc, tandis que le méchant parle en rouge sur fond noir. Cependant, les textes off, de leur côté, rouge sur fond gris, déjà difficile à lire (surtout lorsqu’un logo Batman se superpose dessus), vont, dans le chapitre 7, être parsemés de lettres blanches, au premier abord choisies au hasard, mais constituant en fait un message codé au fil des pages (on le comprend après coup), et rajouter à la complexité de lecture.

Des textes parfois difficiles à lire (©Urban - DC comics - Scot Snyder - Jok)

Passé ce détail « technique », Scott Snyder s’amuse comme un petit fou en construisant une intrigue bien tordue. Toutefois, si on la préfère à « Métal », qui allait un peu trop loin, elle reste cependant marquée par une complexité certaine. Le sentiment d’être dans la surenchère de rebondissements extravagants domine, et ce n’est pas l’opération à cœur ouvert du Joker le moins spectaculaire et improbable.

Certes, on sait l’attachement au style Thriller de DC comics, et les scénarii se doivent d’être un minimum bien fouillés et écrits, mais on se demande une fois encore quand même si le « bouchon » (la ficelle) psychologique des personnages (Batman, le Joker, le Bat qui rit, l’inspecteur Gordon et James, son fils serial killer sous traitement, n’est pas poussé un peu trop loin. Il n’en reste pas moins un album assez convaincant, effrayant juste ce qu’il faut et faisant appel, pour le coup, à l’intelligence du lecteur, en tous cas pour tout piger et garder le cap. Pas mal pour un « Batman qui rit », non ?
Les amateurs de comics peints seront aux anges, avec des planches de toute beauté, bonifiées par une sélection d’autres, juste encrées, par Jok, en fin d’album, ainsi que par les couvertures alternatives, à tomber.

Rien ne sera désormais plus comme avant (mais c’était déjà le cas, non ?).

Franck GUIGUE

« Le Batman qui rit » par Jok, Eduardo Risso, Scott Snyder et James William IV.
Éditions Urban comics (22,50 €) – ISBN : 9791026818786

(1) À lire dans : L’arc « Batman Metal » s’achève dans un grondement très Wagnérien… et « Batman Métal » T2 par Doug Mahnke, Yannick Paquette, Scott Snyder, James Tynion IV….

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