« Teenage Mutant Ninja Turtles » : enfin !

Remis dans la boucle grâce aux éditions Hi comics depuis le début d’année 2018, les lecteurs français peuvent enfin goûter au renouveau de la licence Nickelodeon/Eastman /Laird/IDW, entamée en 2011 aux États-Unis par les auteurs Tom Waltz et Fred Duncan, sous la supervision des créateurs originaux Kevin Eastman et Peter laird (1). Alors que les parutions de cette nouvelle saga hyper dynamique et attrayante s’enchaînent à un rythme régulier (2), voilà que sort, pour notre plus grand plaisir, le premier volume intégral des origines des Tortues Ninja. Un condensé de culture comics underground noir et blanc sentant bon les années quatre-vingt. Cultissime !

Les 2 derniers volumes en date, intitulés « L’Attaque sur le technodrome » et « Vengeance : première partie », (épisodes VO : 41-44 et 45-47) nous proposent un nouveau moment fort dans cette saga familiale bourrée d’action.
Comme son nom l’indique, le tome 7 dévoile comment un plan censé être ingénieux, devant permettre d’anéantir le technodrome, appareil du général extraterrestre Krang, installé sur l’île de Burnow et devant terraformer celle-ci afin d’accueillir son peuple, va tourner au vinaigre. Le clan des tortues et de leurs amis va en effet se retrouver à lutter contre une arrière-garde du clan Foot, tandis que celui-ci, persuadé d’avoir l’avantage, attaque le général Krang. Mais ce dernier a été averti. Les conséquences vont être désastreuses, entre autres pour Donatello, laissé pour mort.
Après Leonardo dans les précédents épisodes : « La Guerre de New York 1 et 2 », c’est donc un nouveau coup dur pour la fratrie, qui, aidée par le robot Fugitoïde (voir plus loin) et le professeur Harold, va cependant retrouver provisoirement un ersatz de son frère, dont l’esprit est transféré dans un corps métallique robotique dès les premières pages du tome suivant. Pendant ce temps, le père violent de Casey : Hun, sans nouvelle de Shredder, laissé pour mort sur l’île par ses lieutenants, va essayer de prendre le pouvoir, alors que Kairo, petite fille du leader du clan Foot prépare sa « vengeance », titre de ce huitième tome.

Le général Krang semble satisfait de ses essais...

Cependant, Shredder s’est en fait trouvé un nouveau sauveur – « partenaire » et va bientôt refaire parler de lui, bien décidé à tuer une fois pour toutes son ennemi juré : le Sensei Hamato « Splinter » Yoshi, père des tortues. Figure reprenant d’ailleurs un peu plus de sens dans ce volume 8, nous dévoilant les origines de sa famille (3 pages du chapitre 3, dessinées par un autre dessinateur invité), comme un écho à l’intégrale des originales rééditées, parue quelques semaines plus tard.

Toujours aussi prenant et bien mené, et agréable au niveau graphique, on note toutefois une tentation de résumé de l’épisode précédent un peu trop présente dans cette première partie de « Vengeance ».

« Teenage Mutant Ninja Turtles Classics : tome 1 les origines » est un pavé noir et blanc de 319 pages, dont 6 de croquis et notes, présentant les sept premiers épisodes de 1984 à 1986 par lesquels tout à commencé, et devenus cultes depuis. Un album improbable, tant tout amateur ou curieux des Tortues aura pu le rêver durant toutes ces années passées (3).

C’est fin octobre, début novembre 1984 que Kevin Eastman aménage à Dover, New Hampshire, dans l’appartement de Peter Laird et son amie Jeannine, sa future femme, afin de lancer une collaboration devant leur permettre de créer un comics ensemble. Ils créent le studio Mirage, en fait un pseudo atelier, dans le salon, et c’est là que le premier dessin de tortue masquée, avec un nunchaku au bras, est griffonné par Kevin Eastman. Quelques heures plus tard, trois autres tortues rejoignent la première, et le nom de Tennage Mutant Ninja Turtles est créé.

Cinq mois plus tard, une histoire est enfin bouclée, et 3000 exemplaires, pour autant de milliers de dollars d’un premier comics sont auto édités. A la surprise générale, ils partent tous assez vite.

Première apparition...

Leonardo, Raphaël, Donatello et Michelangelo sont créés, dans un premier épisode les introduisant de façon très dynamique et directe, « à la manière de » Jack Kirby, une des références ultimes de ces deux auteurs en devenir, avec Richard Corben (4). Ces quatre tortues géantes habillées et évoluant sur les toits en ninjas, combattent les voyous de ce quartier glauque New-yorkais, puis regagnent ensuite les égouts où ils retrouvent un rat géant, s’avérant être leur père. (…) Splinter, puisqu’il s’agit de son nom, leur révèle le pourquoi de leur entraînement et l’origine de leur mutation à tous. Le troisième personnage principal, qui sera leur rival ultime sur l’ensemble de la série : Shredder, chef du clan ninja Foot, à l’origine de leur désagrément, est combattu dans les dernières pages, et laissé pour mort.Au fil des sept numéros, tous plus fantasques les uns que les autres, avec certes un dessin très typé underground, qui ne plaira pas à tout le monde, les auteurs dévoilent, dans une co-création très imbriquée, l’essentiel de l’univers que l’on connaît depuis : April, jeune humaine, d’abord associée du scientifique crapuleux Stokeman, créateur des Mousers, robots chasseurs de rats, qui vont en fait lui servir à rançonner les entreprises locales – avant d’être désavouée, sacrifiée et de se ranger aux côtés des tortues ; Stacey, jeune humain combattant urbain, qui s’associera à elles une fois compris leurs intérêts communs, et enfin (épisode 4), les extraterrestres du labo IRTC, qui introduiront plus tard le général Krang.

Hill Street Blues ? non, une fameuse scène de poursuite voiture « à la Eastman »

À ce stade, et grâce au système de translocation (un téléporteur en fait), la série prend un tournant très science fictionnelle, qui rappellera d’ailleurs les épisodes du Psychodrome de la « Planète des singes ». L’épisode cinq introduira Myrmimon, le Futigitoïde de la planète d’Hoonib, scientifique humain coincé dans le corps de son robot ouvrier. Un épisode permettant aux deux auteurs de se laisser aller à un hommage rigolo à Star Wars (la scène de la cantina, entre autre, mais pas que, les auteurs s’en donnant à cœur joie sur des pleines pages fabuleuses).Ce recueil « classique » permet, trente-cinq ans après la première apparition de ces étonnants personnages, ayant fait bien du chemin depuis, en couleur et sur petits et grands écrans, de valider l’axiome « un bon scénario pourra toujours rattraper un dessin moyen ». En effet, si le standard graphique reste toujours attaché au milieu typique du fanzinat et à l’amateurisme dans ce domaine (quoi que certaines cases pourraient en remontrer facilement à pas mal d’apprentis dessinateurs BD), le scénario délicieusement rocambolesque des aventures de cette famille mutante reste tout à fait original et bien écrit. On pourra même parler de sacré tour de force, pour deux amateurs ayant décidé de créer leur petit comics à quatre mains à l’époque. Cette édition contient en bonus leurs notes personnelles pour chaque épisode, permettant de se régaler d’anecdotes croustillantes et pertinentes sur l’une des plus étonnantes créations des années quatre-vingt.

Après ce qui semble être un succès de publication pour les dix premiers volumes de la relance par Tom Waltz et Mateus Santolouco en 2011 chez IDW, nul doute que l’on va pouvoir enfin envisager une belle collection de sauriens verts bandés dans nos bibliothèques, sous un format, une maquette et une traduction adaptés. Il était temps.
Les éditions Hi comics en sont les responsables courageux pour la France…qu’ils en soient mille fois remerciés.

Franck GUIGUE

Tout est dit dans cette couverture très Star Wars...

(1) lire notre chronique des tomes 2 et 3  : « Les Tortues Ninja : La Chute de New York partie 2 » par Mateus Santolouco, Kevin Eastman et Tom Waltz

(2) Déjà 8 tomes parus, regroupant les épisodes 17 à 47 de la reprise IDW de 2011 (sur au moins 19 tomes « courants » à ce jour aux USA), plus  » Les origines du Clan Foot », hors numérotation, et le tome 0 : « Nouveau départ », un omnibus regroupant les épisodes 1 à 4 de cette reprise IDW.

(3) La publication en France des Tortues Ninja a été fortement influencée par leur apparition sur les écrans TV en 1987, et la série, alors éditée aux États-Unis par Archie comics entre 1988 et 1995, a montré une certaine coloration du titre, puisque ceux-ci, reprenant esthétique enfantine des dessins animés, donnait des albums peu ragoûtants (3 albums éditions de Tournon en 1990, puis 6 chez Comics USA en 1991-1992, avant que ce dernier éditeur ne publie, dés 1991, quelques épisodes intéressants, dont les fameuses origines, et un hors série consacrée aux épisodes 24 à 27.)  Wetta Sunnyside a proposé quatre albums par différents scénaristes et dessinateurs : « Chroniques des Tortues Ninja », mais dans un ton plus adulte, entre 2007 et 2010. Les éditions Soleil quant à elle ont repris le flambeau en 2012, éditant les quatre premiers tomes de la nouvelle série IDW par Eastman, Laird et Duncan au dessin. Hi comics assure donc la relève, avec semble-t-il un beau succès.

(4) Richard Corben qui sera sollicité pour quelques pages des Tortues, qui seront glissées au centre du septième épisode original. On le retrouvera aussi en 1991 dans USA magazine hors série  #5 : « Tortues Ninja : Les tortues prennent le temps » (« Turtles Take Time » : Teenage Mutant Ninja Turtles #33, 1990) 28 pages, par Jan Strnad et Richard Corben.

« Teenage Mutant Ninja Turtles tome 8 : Vengeance partie 1 » par Kevin Eatsman, Tom Waltz, Matteus Santolouco
Éditions Hi comics (15,90€) – EAN : 9782378870140

 

« Teenage Mutant Ninja Turtles Classics T1 : les origines » par Kevin Eastamn et Peter Laird
Éditions Hi comics (39,90 €) – EAN : 9782378870027

 

Galerie

3 réponses à « Teenage Mutant Ninja Turtles » : enfin !

  1. Christophe Krummenacher dit :

    « et 3000 exemplaires, pour autant de milliers de dollars  »
    Ca fait 3 millions de dollars…

  2. FranckG dit :

    Ah bon ??? Si vous le dites !…

    • Christophe Krummenacher dit :

      Et 3000 exemplaires pour autant de dollars.
      Non ?
      Pas grave…
      A part ça excellent article qui m’a incité à acheter l’album.

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