Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...Le droit de… citer le monde !

Si les auteurs de bande dessinée voyagent pour se documenter et faire des repérages, ils sont également régulièrement invités à parcourir le monde pour parler de leur art. C’est le cas de l’allemand Jens Harder souvent invité par le Goethe-Institut ou par des festivals qui regroupe dans son dernier album « Cités – Lieux vides / Rues passantes », le fruit de ces séjours de par le monde…
La liste des villes qui figure en sommaire mêle des destinations lointaines (Pékin, Jérusalem, Novossibirsk, Lima, Le Caire…) et d’autres plus européennes (Naples, Edimbourg, Nantes…), voire locale pour le berlinois qu’il est. 14 villes ont ainsi droit de « cité » dans ce recueil, mais toutes n’ont pas droit au même traitement. Ainsi Pékin et Jérusalem constituent le « gros œuvre ».
A Pékin, dans le cadre d’un festival, Harder découvre la ville de façon très organisée, autant dire que les auteurs se sont déplacés « en troupeau » guidés « de huit heures du matin jusqu’en fin de soirée ». Pas de chance ! Cela n’empêche l’auteur de dessiner monuments et scènes de rue, en les commentant, n’omettant pas le sort désastreux que la Chine a réservé de ses quartiers populaires, les « hutongs » dont certains ont heureusement échappé au massacre.
Pour Jérusalem, une trentaine de pages et de très nombreux dessins restituent la complexité de la « Cité de Dieu », ses orthodoxies, ses pèlerins, ses rites, ses fanatiques… et ses paradoxes. Harder a fouillé la ville, observé ses modernités et ses obscurantismes composant un carnet de voyage très riche, publié une première fois en 2005 où l’auteur manifeste une observation distante des us et coutumes et un souci du détail, notamment dans la représentation des gens.
Si Lucerne est également longuement dessinée et commentée, d’autres villes sont traitées en une ou plusieurs quelques pages. A noter que Marseille est traité façon BD avec des recherches de personnages, ce qui lui vaut une vingtaine de pages. Etalée sur une vingtaine d’années, une grande partie de ces croquis, illustrations et planches est inédite, l’ensemble soulignant aussi la diversité graphique de l’auteur, selon qu’il dessine sur le vif ou fouille ses décors.
L’auteur du « Léviathan » ou de de ses étonnants et spectaculaires « Alpha Directions » et « Béta Civilsations» prouve non seulement son talent et souligne l’intérêt qu’il porte au réel et au monde qui l’entoure. « En rassemblant toutes ces approches différentes de villes et de leurs habitants, dit-il en préface, j’espère obtenir quelques effets de comparaison, quelques conclusions intéressantes quant au regard du dessinateur sur la ville ». Rien de plus, rien de moins.
Didier QUELLA-GUYOT ; http://bdzoom.com/author/DidierQG/
[L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook.
« Cités » par Jens Harder
Editions Actes Sud / L’An 2 (23 €) – ISBN : 9782330124229