Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Juillard et le gotha de la BD chez Daniel Maghen…
Il n’est pas dans nos habitudes de chroniquer les ventes aux enchères, d’ailleurs de plus en plus nombreuses. En revanche, évoquer les catalogues, souvent véritables collector, appartient à l’actualité. C’est le cas des deux somptueux ouvrages réalisés à l‘occasion de la vente du 11 octobre prochain organisée par Daniel Maghen, le premier entièrement consacré à André Juillard, le second à plus de cent auteurs dignes de figurer au gotha de la BD.
Le catalogue dédié à André Juillard présente trente et une oeuvres du dessinateur, planches, croquis, couvertures, illustrations. Estimés entre 4000 et 12000 euros, ces originaux vont des « 7 Vies de l’Épervier » (majoritaire avec « Plume au vent ») à « Blake et Mortimer » en passant par « Le Cahier bleu » et « Le long voyage de Léna ». Il débute par une présentation par François Landon et un entretien passionnant avec André Juillard réalisé par Olivier Delcroix , par ailleurs concepteur de l’ouvrage. Chaque planche est commentée par l’auteur, accompagnée d’un court texte de confrères (Pellerin, Gibrat, Loisel, Loustal, Cosey, Sente…). Un bel objet de 92 pages au papier luxueux sous une couverture souple intégra.
Sous une couverture d’André Franquin (original estimé à 200 000 €), le catalogue « Bande dessinée et illustration » réalisé par Didier Pasamonik propose quelques 200 pièces qui ne peuvent que faire rêver l’amateur de bandes dessinées. Reproduits, commentés, estimés, les originaux permettent de revivre toute l’histoire de la bande dessinée franco belge des années 50 à aujourd’hui. De Alice à Zep en passant par Boucq, Delaby, Francq, Franquin, Gibrat, Giraud, Hubinon, Loisel, Mitacq, Pellerin, Rosinski, Pratt, Sfar, Tillieux, Uderzo, Vance, Will et quelques 200 autres il y en a pour tous les goûts mais peut-être pas vraiment pour toutes les bourses. Il est d’ailleurs intéressant de comparer les cotes des uns et des autres, parfois surprenantes. Ainsi une couverture de « Buck Danny » par Hubinon estimée à 35000 euros et une de « Bruno Brazil » de Vance à seulement 10 000. Au total 230 pages pour y trouver son bonheur pour quelques privilégiés, seulement de rêver pour beaucoup d’autres.
La vente de leurs originaux permet à bien des créateurs de surmonter la crise financière que vivent avec angoisse les auteurs de bande dessinée. Crise que ne connaissent pas la plupart des auteurs (ou des ayant droits) présents dans ce catalogue. Il serait sympa que des dessinateurs plus modestes puissent glisser quelques-unes de leurs planches à l’occasion de ces ventes prestigieuses. Un petit geste monsieur Maghen SVP…
Les originaux présentés dans ces deux catalogues seront vendus à Paris le vendredi 11 octobre prochain à la Maison de l’Amérique Latine, 217 Boulevard Saint-Germain à Paris (exposition publique jusqu’au 10 octobre à la galerie Maghen, 36 rue du Louvre 75001 Paris) (contact@danielmaghen-encheres.com).
Henri FILIPPINI
Le reboot de Maghen continue son bonhomme de chemin,avec une virginité bientôt retrouvée.Moralement s’ entend, pénalement on est pas inquiet tout le monde va s’ en sortir indemne , avec rien à se reprocher d’ilicite,bénévole ou pas.
C’est Jacobs qui doit être content,dans sa tombe.Lui qui avait pris ses dispositions pour que son art ne serve pas de machine à cash aux spéculateurs.
La gentrification est décidément une bénédiction pour le 9eme Art,une vraie progression vers le haut .
Les deux catalogues sont téléchargeables en pdf sur le site de Maghen.
» Un petit geste monsieur Maghen SVP… »
HA ! HA ! comme si ce Maghen était philanthrope.
C’est pas possible d’être aussi naif.
Pour les planches de jacobs
http://www.leparisien.fr/faits-divers/blake-et-mortimer-l-enquete-sur-les-planches-volees-s-accelere-19-11-2018-7946499.php
plus récent
https://www.lalibre.be/culture/livres-bd/au-moins-20-millions-pour-les-planches-de-bd-volees-a-la-fondation-edgar-p-jacobs-5cbaabb87b50a602943f743d
Bref tout va bien
D’accord avec vous (pour une fois) ; les auteurs n’ont pas besoin de ce Maghen pour organiser des ventes; qu’est ce que c’est que cette mendicité par procuration que nous impose Filippini ?
Et pourquoi pas ? Maghen a des réseaux ,des copains désintéressés bien placés ,ça peut servir.Comme pour imposer l’air de rien par un storytelling efficace un reboot digne de l’Immaculée Conception.
Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté .Car rien n’est plus irréprochable que l’innocence et la candeur,garanties sur factures.
Le problème de cette vente, c’est qu’il s’agit d’une vente de prestige, comme chez Christies, Sotheby’s, artcurial ou Million, dans une moindre mesure. Le but est de vendre des originaux chers (il peut y en avoir entre 1500 et 3000 euro, mais ils sont minoritaires). Les acheteurs (présents dans la salle, par tél ou internet) vont se ruer vers les lots les plus chers. Il ne s’agit plus de goût, mais de placement ou d’ostentation. Donc les jeunes auteurs, malheureusement (et aussi des décédés, ou des âgés, mais pas à la môde) sont condamnés à être vendus avec la drouille, sur ebay, cata ou Drouot.