Prix du meilleur album au festival Quai des bulles de Saint-Malo, cette monumentale fresque d’apprentissage en 280 pages en noir et blanc, où seules les mélodies apportent de la couleur, mérite vraiment votre attention ! C’est une quête initiatique, mise en scène par Édouard Cour (aux dessins) et Jean-Christophe Deveney (au scénario), qui nous plonge dans le Saint-Empire romain germanique du début du XVIIIe siècle. En suivant l’ascension, à la fois magnifique et tragique, de deux talentueux jumeaux orphelins — sur qui plane l’ombre d’un mystérieux compositeur allemand qui signe ses partitions des trois mots « Soli Deo Gloria » —, elle nous entraîne vers une méditation métaphysique sur le sens de la création, nous rappelant le pouvoir qu’a la musique sur les humains !
Lire la suite...Elliott se rêve en super-héros, et si c’était vrai malgré son handicap ?
Comme beaucoup d’enfants de son âge, le petit Elliott s’imagine parfois être un super-héros aux pouvoirs impressionnants. Il ne commettrait ainsi aucune erreur et triompherai de tous les méchants ! Tout le monde le féliciterait ; de sa maman à ses camarades de classe. Une manière délicate d’échapper au quotidien subi d’une maladie génétique orpheline.
Elliott sait qu’il n’est pas un enfant comme les autres. Mais pour lui, ce n’est pas parce qu’il est handicapé mais bien parce qu’il est un super-héros quasi invulnérable. Son incroyable tenue le protège de tous les dangers : flèches, couteaux, balles et même des rayons-laser ! De quoi affronter tous les périls qu’il croise dans sa vie : problèmes de maths ou, plus rarement super-méchants. De quoi aussi s’enivrer de vitesse et des effets d’une force colossale et provoquer ainsi l’admiration de tous ; des élèves de son école et de ses parents.

Elliott en costume de super-héros

Une tenue incroyable !
La réalité est bien plus prosaïque. Le costume d’Elliott est bricolé de bric et de broc : une vieille serviette aux carreaux vichy, des chaussures de football à crampons non lacées et un jogging coton-polyester.
Et s’il s’imagine sauver la ville ou des êtres fragiles c’est tout simplement pour s’échapper du quotidien d’un jeune garçon atteint du syndrome de Williams, une maladie génétique rare qui associe malformation cardiaque, retard psychomoteur, dysmorphie du visage et comportement cognitif spécifique.


Des problèmes complexes, ...
Les livres de Laurent Souillé sont dédiés aux enfants atteints du syndrome de Williams. Cette bande dessinée, destinée à de jeunes lecteurs, évoque fort élégamment cette maladie par le décalage entre un texte hyperbolique sur les pouvoirs de super-héros d’Elliott et la vérité de son apparence et de ses actions.
La page dans laquelle Elliott évoque l’admiration des autres pour son personnage alors que ses camarades se moquent de lui est particulièrement émouvante.

... mais des problèmes résolus
Paul Mager illustre par des dessins pleine planche ce récit tout en retenue. Son beau trait, rond et expressif, humanise une chronique astucieuse, jamais larmoyante, toujours souriante.
Laurent Souillé s’amuse à détourner les codes du genre en utilisant avec une gentille ironie le décalage entre le texte et l’image.
Auteurs du remarqué « Moi, Ernest… », il y a trois ans chez le même éditeur, les deux auteurs nous offrent avec « Elliott, le Super (non) héros », une BD pour les tout jeunes lecteurs, dont le regard bienveillant sur le handicap portera ses fruits à moyen et long termes.


Les exploits d’Elliott dans le journal
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Elliott, le Super (non) héros » par Paul Mager et Laurent Souillé
Éditions Des Ronds dans l’O (14,00 €) – ISBN : 978-2-37418-071-7

















