« On est chez nous » : et si les « sangliers » gagnaient en 2020 ?

Depuis quelques années les bandes dessinées politiques fleurissent dans les librairies… et l’approche des élections municipales de 2020 risque d’en accentuer encore les sorties. « On est chez nous », c’est aussi le slogan de campagne de Nation & Liberté partie de l’extrême droite dans ce polar social imaginé par un trio d’auteurs engagés qui comme beaucoup d’entre nous redoutent la montée du soleil brun.

Vaucluse, printemps 2020. Le corps d’un homme pendu à un arbre est découvert par un duo de chasseurs aux idées nauséabondes. L’inconnu porte sur son torse une pancarte avec la mention « on est chez nous ». À la veille des élections municipales, la petite ville de Tarvaudan dans le Vaucluse est en effervescence. Après deux mandats le maire du parti Nation et Liberté est évincé par Paris au profit de la jeune et jolie Chloë Vanel, égérie du parti ayant abandonné la politique voici quatre ans. La presse s’empare du drame, d’autant plus que le pendu, Shaker, est un sans papier clandestin soudanais.

Thierry Mongin, journaliste à Focales, n’est pas venu à Tarvaudan pour l’affaire du pendu, mais pour enquêter sur la gestion d’une ville tenue depuis de longues années par l’extrême droite. Bien que son rédacteur en chef fasse le forcing pour qu’il s’intéresse lui aussi à l’actualité du jour, le jeune journaliste persiste dans sa mission. Il rencontre Roland le maire sortant furieux, les membres des différents clans de réfugiés, les rescapés des associations caritatives, les Sangliers une société secrète sulfureuse réunissant les membres les plus durs de l’extrême droite locale…

Les questions posées par le « journalope » ne font pas plaisir à tout le monde et le terrain est de plus en plus miné sous les pas de Thierry Mongin et de ceux qui le renseignent. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, c’est tout le système faussement normal d’une ville frontiste qui est dévoilé par Sylvain Runberg (1971) et Olivier Truc.

 Le premier, scénariste œuvrant dans la Science Fiction (« Orbital »), mais aussi dans le polar politique (« Millenium », « Les Infiltrés »), construit un scénario digne d’un thriller, bénéficiant des informations précieuses d’Olivier Truc, journaliste ayant débuté à Montpellier, puis correspondant dans les pays nordiques pour RTL, Libération, Le Point, Le Monde… Au dessin, Nicolas Otero, ancien élève de l’école Émile Cohl débute sa carrière de dessinateur en 2002 avec « Amerikkka remarquable série en huit tomes éditée par Emmanuel Proust. On lui doit aussi « Morts pour la France », « Confessions d’un enragé », « La Tuerie »… Auteur engagé au trait efficace et sans fioriture inutile, il propose une belle brochette de personnages dont certains inspirent la crainte.

Ce premier épisode de 60 pages, est complété d’un dossier consacré aux villes françaises aux mains de l’extrême droite, le second volume de ce diptyque sera publié avant les prochaines élections municipales.

Après quelques premiers titres prometteurs (« Le Juge », « Nicolas Le Floch », « Toboggan ») le label Robinson au sein du groupe Hachette poursuit une politique éditoriale classique qui fait plaisir en des temps où le roman graphique impose des cadences infernales aux auteurs.

Henri FILIPPINI

« On est chez nous » T1 par Nicolas Otéro, Sylvain Runberg et Olivier Truc
Éditions Robinson (14,95 €) – ISBN : 978 2 01704 446 8

Galerie

2 réponses à « On est chez nous » : et si les « sangliers » gagnaient en 2020 ?

  1. Michaël PALARD dit :

    Thierry Runberg ? Le frère de Sylvain ?

Répondre à Laurent Turpin Annuler la réponse.

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