Jean Dufaux et Jacques Terpant forment un duo parfait pour « Nez de cuir »…

Après nous avoir offert en 2017 une adaptation particulièrement réussie du « Chien de Dieu » d’après l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline, le duo formé par Jean Dufaux et Jacques Terpant est de retour. Cette fois-ci ils se sont frottés à « Nez de Cuir », le roman de Jean de la Varende. Un auteur certes moins connu que Céline, mais le résultat de leur fructueuse collaboration est tout aussi sublime.

C’est en combattant une charge de la cavalerie cosaques au cours de la bataille de Reims le 13 mars 1814 que le jeune comte Roger de Tainchebraye est grièvement blessé. L’épopée napoléonienne est terminée pour le jeune homme qui a miraculeusement survécu à un coup de sabre qui lui a détaché la joue, à plusieurs coups de lance, à un tir de pistolet reçu à bout portant et surtout à un sabre qui lui a complètement emporté le nez. Soigné avec dévouement par le major Marchal, lui-même physiquement diminué par une vilaine blessure, il finit par rejoindre le château familial le visage défiguré orné d’un masque de cuir qui lui vaut le surnom de « Nez de Cuir ». Son cheval Agramant, en compagnie duquel il parcourt la campagne normande, lui permet de supporter sa mutilation. Cynique et méprisant il multiplie  les conquêtes de femmes mariées attirées par le mystérieux  masque qu’il n’enlève jamais. La jeune et innocente Judith de Rieuses, venue prévenir sa tante du retour de son mari alors qu’elle est entre les bras de Roger, perturbe cette vie oisive de Don Juan. Désireuse de fuir son amour pour le jeune comte, Judith épouse le vieux marquis de Brives. Follement épris lui aussi de la dernière des Rieuses, Roger est prêt à tout pour la conquérir, jusqu’à arracher son masque…

Écrit en 1936 par l’écrivain normand Jean de la Varende (1887-1959), auteur aujourd’hui en désuétude, « Nez de Cuir » fut un grand succès de librairie et obtint trois voix au Goncourt. En 1951, l’oeuvre a été adaptée au cinéma par Yves, nostalgique de l’ancien régime, élu à l’académie Goncourt,  a surtout écrit sur la Normandie et plus particulièrement le pays de l’Ouche qui sert de cadre à « Nez de Cuir ».

Scénariste incontournable depuis les années 80 (« Giacomo C », « Murena », « Djinn », « La Complainte des landes perdues »), Jean Dufaux (né en 1949) propose une adaptation vigoureuse et fidèle de l’oeuvre, à la fois récit épique régional et vibrante histoire d’amour. Dessinateur au trait réaliste classique Jacques Terpant (né en 1957) est très à l’aise dans l’illustration de cette oeuvre où il peut faire partager à ses lecteurs sa passion pour le terroir, la grande Histoire, les traditions. Ses décors sont riches et soignés, ses femmes superbes, ses couleurs chaudes. Un album qui réjouira les amateurs de belles histoires d’amour et de sang dont l’origine romanesque ne doit pas faire reculer ceux qui redoutent les adaptations. Jean Dufaux et Jacques Terpant nous offrent une histoire d’hier, résolument moderne aux personnages intemporels.

Henri FILIPPINI

« Nez de Cuir » par Jacques Terpant et Jean Dufaux, d’après Jean de la Varende

Éditions Futuropolis (16,90 €) – ISBN : 978 2 7548 2533 7

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