Interview de Morris

MORRIS

Portrait du créateur de Lucky Luke par Philippe Mellot.

De son vrai nom Maurice de Bévère, Morris a créé, il y a plus de cinquante ans, une légende nommée Lucky Luke. Auteur de près de 90 albums, dont 70 Lucky Luke et quatorze Rantanplan, des milliers d’illustrations et cartoons et de nombreux dessins animés, sa première passion, Morris dispose d’une renommée mondiale, il est, depuis de nombreuses années, reconnu comme un des plus grands auteurs du genre. Nous vous proposons ici de parcourir avec attention une œuvre passionnante, un demi-siècle de créations autour d’un unique personnage, un poor lonesome cow-boy qui tire plus vite que son ombre

MORRIS

 

Portrait du créateur de Lucky Luke

 

De son vrai nom Maurice de Bévère, Morris a créé, il y a plus de cinquante ans, une légende nommée Lucky Luke. Auteur de près de 90 albums, dont 70 Lucky Luke et quatorze Rantanplan, des milliers d’illustrations et cartoons et de nombreux dessins animés, sa première passion, Morris dispose d’une renommée mondiale, il est, depuis de nombreuses années, reconnu comme un des plus grands auteurs du genre. Nous vous proposons ici de parcourir avec attention une œuvre passionnante, un demi-siècle de créations autour d’un unique personnage, un poor lonesome cow-boy qui tire plus vite que son ombre…

 

 

 

  1. Interview de Morris

 

 

 

La formation

 

Philippe Mellot : Avant vos activités aux studios belges de dessin animé et avant vos nombreux cartoons et couvertures de l’hebdomadaire Le Moustique, quelle a été votre formation artistique ? Aviez-vous suivi des cours, soit à l ?école des Beaux-Arts soit dans un atelier, ou êtes vous autodidacte ?

 

Morris : Je n’ai jamais fréquenté d’académie ni d’école d’arts ; j’ai fait mes humanités, c’est à dire que je suis allé jusqu’à l’équivalent du baccalauréat français puis, pour éviter d’être déporté en Allemagne durant l’occupation, je me suis inscrit à la Faculté de Droit et j’ai effectué, sans grand sérieux, une année. Mais, pendant tout ce temps, je faisais du dessin. Je n’ai reçu aucune formation particulière avant celle qui m’a été donnée par la pratique de mon métier de dessinateur. Simplement, lors de mon voyage aux Etats-Unis, comme je n’avais qu’un visa touristique, pour pouvoir prolonger mon séjour à titre d’étudiant, j’ai suivi pendant un an des cours d’illustration dans une école d’art. Cela m’a été utile, mais c’est la seule partie didactique de ma formation.

 

 

 

La documentation

 

PM: Vous êtes parti aux Etats-Unis en 1948 et y avez séjourné six ans. De quelle manière avez-vous effectué votre documentation ? Avez-vous consulté des archives, des ouvrages anciens ou contemporains sur l’histoire de l’ouest américain ?

 

Morris : Oui, j’ai travaillé sur des documents ; il ne faut pas oublier que depuis déjà quelques années, je dessinais « Lucky Luke » et qu’à cette époque, il était très difficile de trouver, en Europe, une bonne documentation, visuelle surtout, sur l’histoire de l’ouest. De nos jours, il existe une littérature assez consistante sur ce sujet, mais ce n’était pas le cas alors. Je me suis donc documenté aux Etats-Unis et plus particulièrement dans les bibliothèques publiques.

 

Je me suis, en premier lieu, beaucoup documenté sur les Dalton ; seulement, il m’est rapidement apparu que ce que je lisais était constitué par un curieux mélange de légendes et de réalités historiques et il était presque impossible de faire la part des unes et des autres. Ce qui m’intéressait surtout dans ce premier album mettant en scène les Dalton (« Hors-la-loi », 1954), les premiers de la série, les vrais, était l’idée que ces quatre frères unis pour la même mauvaise cause faisaient preuve d’une solide bêtise, car ils étaient bêtes et déployaient une activité intense, faisant couler le sang, tuant, le tout pour un butin de misère. Leur caractère initial était tout trouvé. Remarquez que j’en ai fait quatre frères agissant simultanément, alors qu’en réalité Bill Dalton n’est devenu mauvais qu’après la disparition de ses trois frères. J’ai trouvé plus amusant et plus efficace de les réunir tous les quatre.

 

J’ai d’ailleurs raconté cela dans un bouquin intitulé « Nous les Dalton » qui était une partie du livre écrit par Emmet Dalton lui-même, le seul survivant ; une sorte de biographie de ses frères. D’autres chapitres sont venus s’y ajouter : on y parle, cela se comprend aisément, des Dalton comme des « Poulidor du crime », car, en réalité, ils enviaient leurs cousins, les frères James, et voulaient les égaler. Or, ils rataient à peu près tout et, en particulier, cette attaque de deux banques à la fois qui devaient les rendre célèbres et qui a causé leur perte.

 

En Europe, les Dalton sont surtout connus sous les traits des personnages que j’ai créés dans la bande dessinée « Lucky Luke » et l’on méconnait plutôt les vrais frères Dalton.

 

PM : Lors de votre enquête, avez-vous utilisé des documents iconographiques d’époque :photos, illustrations voire tableaux de peintres ou vous êtes-vous cantonné dans l’imaginaire ?

 

Morris : Dans la mesure où les des documents existaient, je me suis fondé sur la réalité. Avec René Goscinny, nous nous sommes bien documentés. Mais quelque soit la qualité et l’abondance de sa documentation, il arrive un moment où il faut mettre celle-ci de coté et faire une histoire drôle. Il ne faut jamais être prisonnier de sa documentation, c’est très important. On utilise la documentation dans la mesure où elle est utile et où elle apporte une aide, mais il ne faut jamais en devenir l’esclave, se laisser étouffer pare elle, en tout  cas pas pour bâtir une histoire humoristique.

 

Le but principal doit être de faire rire et non d’écrire une œuvre didactique sur la vie des Dalton, par exemple.

 

 

 

Le voyage aux Etats-Unis

 

PM : Au cours de ce voyage aux Etats-Unis, que s’était-il passé ?

 

Morris : J’étais parti avec Gillain (Jijé) et sa famille qui fuyaient l’Europe par crainte du communisme, ainsi qu’avec Franquin ; nous nous sommes installés à New-York et, finalement, nous avons bien rigolé. Puis eux sont revenus assez rapidement en Europe, moi je suis resté pour pouvoir, certes, voir le « paysage », mais surtout pour savoir comment se faisait une bande dessinée dans ce pays réputé comme étant le royaume de cet art. Cette expérience m’a fort aidé pour la suite de mon œuvre. J’ai fréquenté l’équipe de « Mad » (Harvey Kurtzman, Jack Davis, Wallace Wood – mort fou depuis) et suis resté en contact avec eux. A cette époque, ils travaillaient sur des histoires portant sur la deuxième guerre mondiale, une publication intitulée « Combat » je crois. Ils m’ont invité à y collaborer et j’ai refusé, surtout parce qu’il s’agissait là de dessin réaliste.

 

J’ai alors collaboré à certains petits comic-books très à la mode à l’époque, mais c’était du travail à la chaîne : tantôt je faisais tout le crayonné, tantôt j’en faisais seulement l’encrage ; ce travail était très compartimenté. Je n’ai rien conservé de tout cela et n’ai guère de souvenirs, ni des titres, ni des thèmes.

 

Pendant ce temps, je continuais à dessiner « Lucky Luke » dont j’envoyais les planches par la poste. Parfois, il s’en égarait et je devais recommencer les planches perdues sans, d’ailleurs, jamais les refaire identiques à celles du début, je faisais autre chose.

 

A cette époque, on travaillait en quelque sorte « à la petite semaine » à  Spirou . On n’avait aucune idée de la manière dont ça allait continuer et cela nous amenait à placer nos personnages dans des situations inextricables d’où nous avions, ensuite, grand peine à tirer. D’autre part, les éditeurs nous demandaient assez souvent de ménager une sorte de suspense à la dernière image de chaque livraison, cela afin d’inciter bien sûr le lecteur à acheter le numéro suivant.. Le résultat était que nous aboutissions à des suspenses très artificiels, très rudimentaires et lamentablement cocasses, ce qui finit par lasser le public, et le procédé fut abandonné.

 

 

 

La collaboration avec René Goscinny

 

PM : Votre collaboration avec René Goscinny a été très longue, comment cela s’est-il passé ?

 

Morris : Travailler avec Goscinny était passionnant. C’était un garçon extrêmement intelligent et, de plus, nous nous accordions parfaitement : quand il écrivait un scénario, je voyais exactement ce qu’il voulait exprimer et lui voyait déjà le dessin que j’allais en faire. C’était une collaboration de grande qualité, ce qui n’est pas toujours le cas ; même si le dessinateur et le scénaristes sont très bons tous les deux, cela ne veut pas dire qu’ils vont faire du bon travail ensemble. C’est un peu comme un mariage : ça colle ou ça colle pas. Il faut qu’ils aient tous les deux le même genre d’humour, visuel de préférence ; il faut taper sur le même clou. Quand j’ajoutais des éléments qui n’étaient pas contenus dans ses scénarios, j’avais soin de faire en sorte que ce soit dans la ligne de son esprit. Il était génial et sa grande force consistait à travailler aisément à deux niveaux : le premier, immédiat, dans lequel l’enfant trouve son amusement, l’autre, au second degré, dans lequel il faisait un clin d’œil au lecteur, adulte de préférence. C’est très difficile. Fauche et Léturgie n’y arrivent pas trop mal ; ils pratiquent des clins d’œil très amusants.

 

Il me vient à l’esprit que dans ce petit studio de dessin animé de Bruxelles, avec Franquin et Edouard Paape, pour arrondir nos fins de mois (nous étions mal payés alors), nous dessinions des histoires en quarante images destinées à être enregistrées sur film fixe, pour projection fixe. Somme toute, ce sont là les toutes premières bandes dessinées, à nous trois, qui aient été commercialisées.

 

J’ai essayé de les retrouver, mais la maison qui les éditait n’a plus rien de ce matériel. C’est regrettable ! J’aurais été curieux de revoir cela. C’était en 1944, au moment de la Libération, la firme était à Bruxelles. A tout hasard, je vous en donne la référence : Cinéscope ou Cinéscopie, 29, rue de la Murène, Bruxelles.

 

 

 

Les scénaristes après René Goscinny

 

PM : Depuis la mort de Goscinny, vous avez collaboré avec un certain nombre de scénaristes, qu’en est-il et où en êtes-vous dans ce domaine ?

 

Morris : J’ai des piles de scénarios que je n’ai pas encore lus. J’en reçois des quantités ; il faudrait que je les épluches même si je ne les sollicite pas. Des quantités de jeunes gens s’imaginent qu’il y a une place à prendre depuis que Goscinny a disparu. Notez que personne n’est tout à fait irremplaçable et  ils sont plusieurs à très bien s’en tirer. Au début, j’ai hésité dans mon choix, puis j’en ai trouvé de bons. Pour les scénarios, bien sûr, il y a des haut et des bas.

 

 

 

Moderniser les premières histoires

 

PM : Vous avez choisi de redessiner la courte aventure de Lucky Luke parue en 1955 dans l’hebdomadaire Risque-Tout, Grabuge à Pancake Valley, pour quelle raison ?

 

Morris : C’est la seule histoire que j’ai modernisée longtemps après sa parution, car la tête de Lucky Luke avait beaucoup changé avec le temps, et, comme l’épisode devait figurer dans un album, parallèlement à des histoires plus récentes, il fallait qu’il n’y ai pas trop de discordance. C’est effectivement la seule fois où j’ai remanié une histoire. Je n’ai pas fait comme Hergé qui a retouché ou redessiné tous ses anciens albums et je ne veux pas le faire. Je trouve que cela n’a pas de sens et qu’à la limite on en finirait jamais.

 

 

 

Le dessin de presse

 

PM : Vous avez pratiqué assez souvent le dessin de presse ?

 

Morris : J’ai « fait » deux fois le Tour de France, c’était dans les années 50. Anquetil a gagné le Tour quand j’ai publié pour la dernière fois. C’est un bon exercice que je voulais m’imposer et ce n’est pas rien : disposer de deux ou trois heures pour composer une demi-page de dessins humoristiques sur la dernière étape du Tour ! C’est difficile mais, en contrepartie, on ne se montrait pas trop exigeant au sujet de mes gags, le tout était que je livre mes planches à temps. Ce n’était pas désagréable et j’y ai pris plaisir. J’ai fait cela pour un journal flamand : Blast Nieuws.

 

PM : et le dessin réaliste ?

 

Morris : Non, j’ai fait du dessin réaliste uniquement sous forme d’illustrations de romans et jamais en BD.

 

 

 

La collaboration avec l’hebdomadaire Le Moustique

 

PM : Votre collaboration au Moustique est une grande époque de votre carrière. Parlez-nous en.

 

Morris : J’ai réalisé environ deux cent cinquante couvertures du Moustique dont beaucoup à l’époque de mon voyage aux Etats-Unis. Notez que Franquin, Gillain, Sempé ont fait aussi des couvertures pour Le Moustique, mais c’est moi qui en ai fait le plus. C’était agréable mais, à un moment, j’ai dû choisir entre le dessin d’humour et la bande dessinée. Ce sont deux formes entièrement d’art graphique entièrement différentes.

 

 

 

En marge de Lucky Luke : Du raisiné sur les bafouilles et Rantanplan

 

PM : N’aurait-il pas été intéressant de persévérer dans l’utilisation de ce personnage qui avait les traits de Jean Gabin dans Du raisiné sur les bafouilles ?

 

Morris : J’avais effectivement utilisé la tête de Gabin pour camper le chef de la bande et, Goscinny et moi, nous nous sommes bien amusés. Mais Lucky Luke me prenait beaucoup de temps et connaissait déjà un très gros succès ; aussi me suis-je contenté de Lucky Luke, d’une seule série, contrairement à ce que font beaucoup de mes collègues. Et maintenant, ce n’est pas à mon âge que je vais commencer une nouvelle série.

 

Par contre, ce que nous avons fait, c’est une nouvelle série d’albums uniquement avec le personnage de Rantanplan, sans que Lucky Luke apparaisse dans l’histoire et ça marche plutôt bien. Ce n’est pas moi qui en fait les dessins mais Michel Janvier (remplacé depuis par V. Léonardo) que je supervise et qui s’en tire assez bien dans l’ensemble. Il paraît, à ce propos, que mon graphisme est assez difficile à imiter, et ça doit être vrai car je m’en suis aperçu lorsque nous avons fait du dessin animé ; les nombreux membres de l’équipe de dessinateurs avaient du mal à adapter mon graphisme et, d’autre part, j’ai toujours éprouvé beaucoup de difficultés à trouver des assistants.

 

Par contre, d’autres dessinateurs trouvent facilement des gens qui dessinent dans leur style. Peyo, par exemple, et même Franquin ont trouvé des dessinateurs qui les imitent assez bien. Toutefois, c’est toujours un peu moins bon, on discerne toujours la différence.

 

 

 

A propos de Gillain et de Franquin

 

PM : J’ai eu beaucoup de chance d’avoir rencontré Gillain dans mes débuts, Gillain qui nous a hébergé à Waterloo et qui était d’excellent conseil ; il en fut de même pour Franquin que j’ai fréquenté assidûment aux Etats-Unis et qui était un dessinateur prodigieux. Au sujet de Franquin, il me revient à l’esprit une réflexion de Nastase au sujet de Borg : « Nous jouons au tennis, mais Borg, lui, fait tout autre chose ». Nous, nous dessinions, mais Franquin faisait lui aussi tout autre chose. J’ai eu beaucoup de chance de le fréquenter au début de ma carrière.

 

PM : Existait-il une collaboration dans ce groupe autour de Gillain ?

 

Morris : Une collaboration graphique oui, mais surtout nous discutions de tout et c’était là des échanges très intéressants.

 

PM : Aviez-vous l’impression alors de faire simplement des « petits mickeys » ou d’effectuer un travail à part entière, sérieux ?

 

Morris : C’était très sérieux mais nous ne travaillions pas pour obtenir la considération du grand public, parce que la bande dessinée était bien peu considérée à cette époque. Nous avions le feu sacré et nous formions une équipe très soudée autour de Gillain qui, d’ailleurs, n’a pas toujours joui du crédit qu’il méritait, car c’était un excellent dessinateur.

 

PM : Votre maître à tous ?

 

Morris : Oui, et à ce moment-là tous les nouveaux dessinateurs de Spirou étaient envoyés chez Gillain qui, de plus, était un dessinateur capable de passer aisément du dessin réaliste au dessin humoristique et vice versa avec une grande facilité ; c’est là une capacité extrêmement rare.

 

 

 

La période Risque-Tout

 

PM : Vous avez collaboré trois fois à Risque-Tout et vous avez alors délibérément changé le ton de vos nouvelles de Lucky Luke. Pourquoi ?

 

Morris : C’est une histoire ancienne. A vrai dire je n’ai jamais tellement cru à ces énormes journaux ; enfin, j’y ai créé trois histoires en tout, dont une avec Goscinny (Voleurs de chevaux). Les histoires courtes n’étaient pas le fort de Goscinny, sa force résidait dans l’analyse psychologique des personnages et, pour cela, il lui fallait une certaine durée, une certaine longueur de récit tandis que là, il faut tout de suite être dans le bain. Quant aux gags à répétition, ils nécessitent aussi une certaine étendue de récit.

 

 

 

Vingt ans de collaboration au Journal de Spirou

 

PM : Votre collaboration à Spirou a duré plus de vingt ans. Quel souvenir gardez-vous de cette époque ?

 

Morris : C’était une très bonne époque pour le journal. On en parle d’ailleurs aujourd’hui comme celle de l’âge d’or. Nous nous amusions beaucoup en dessinant ; nous étions mal payés au début mais nous avions le feu sacré. Nous nous réunissions, nous philosophions sur le rôle, sur l’esthétique de la BD. Nous nous rencontrions régulièrement et chacun se permettait de donner son avis sur le travail de l’autre, ce qui est très utile. Il est mauvais de travailler en isolé, on se sclérose, on ne voit pas ses défauts, ses travers… aussi est-il bon que de temps en temps quelqu’un d’étranger vous donne son avis, mettre le doigt sur certaines de vos erreur, c’est très important et surtout très fructueux. Finalement, nous nous rencontrions pour nous aider les uns les autres.

 

PM : Pourquoi avez-vous quitté Spirou ?

 

Morris : Je suis entré chez Dargaud en 1968, certes pour des raisons de « cuisine » interne chez Dupuis, mais surtout parce que, désirant une bonne distribution de mes albums en France, j’ai pensé que rien ne valait pour cela un éditeur français. Je n’ai pas regretté ce changement : à ce moment, le tirage de mes albums commençait à stagner chez Dupuis. Chez Dargaud, un nouveau départ a été pris et le tirage a augmenté sensiblement.

 

 

 

L’époque Pilote

 

PM : Quelle atmosphère régnait-il alors à Pilote ?

 

Morris : Pilote en était encore à cette époque à peu près à sa première formule et Lucky Luke était tout à fait à sa place dans le journal, ce dernier était encore un hebdomadaire avec des BD d’aventures, un journal tout public et c’était une bonne formule. Pilote a commencé à voir son succès baisser quand on a voulu en faire un journal pour adultes ; c’était une tendance à l’époque, mais cela correspondait aussi à un penchant de Goscinny qui voulait en faire un Mad européen. Commercialement, l’opération n’a pas été très bonne et Lucky Luke a alors disparu des pages du journal, il n’y avait plus sa place.

 

Je n’ai guère assisté qu’une seule fois aux fameuses grandes réunions présidées par Goscinny, qui avait la haute main sur le journal, réunions destinées à trouver des gags. C’était fort savoureux, mais je n’y ai donc jamais réellement collaboré et j’ai continué à faire sagement ma série.

 

 

 

Morris « fan » de BD

 

PM : Vous devez être aussi un grand amateur de bandes dessinées ? Vous avez d’ailleurs tenu dans les pages du Journal de Spirou une Chronique du 9ème art avec Pierre Vankeer.

 

Morris : J’ai toujours aimé la bande dessinée, surtout la BD américaine. Un des premiers albums que j’ ai lu a été Tintin au pays des Soviets d’Hergé, album que j’ai lu, relu, redessiné, recopié deux ou trois fois (j’ai encore cet album). J’ai même dessiné des aventures de Tintin et Milou de mon propre cru, mais mon style n’avait pas grand chose à voir avec celui de Hergé, à qui je n’ai jamais rien dû dans le domaine graphique. Puis son arrivés les Américains, dans des journaux comme Robinson, Mickey, Hop-là !… ça a été la révélation. On peut même discerner une influence de Popeye dans les toutes premières aventures de Lucky Luke.

 

 

 

Des disques Lucky Luke

 

PM :Vous avez produit et illustré des disques ?

 

Morris : En effet, car Goscinny avait écrit quatre histoires spéciales pour disques chez Philips. Cela a donné quatre disques qu’on ne trouve plus dans le commerce maintenant. Ca avait bien marché. Ils étaient accompagnés d’un petit livre avec mes illustrations. Je l’ai ai toujours… les voici dans leur boîte d’origine. On pouvait se permettre de faire des belles illustrations à l’aquarelle, je n’ai hélas plus les originaux. C’était destiné à la musique du film Les Gitants. J’ai également dessiné une pochette pour un disque de Dick Rivers qu’il avait enregistré à la Nouvelle Orléans.

 

 

 

Les hommages des amis

 

PM : A plusieurs reprises et dans divers supports (Spirou, Pilote, Lucky Luke etc.), des dessinateurs vous ont rendu hommage, tout particulièrement dans le numéro de Pilote pour les 25 ans de Lucky Luke.

 

Morris : Brétécher avait fait quelque chose de très bon, une planche avec les Dalton dans Libération. Dans Spirou « spécial Lucky Luke », il y avait d’excellentes chose également, avec des trouvailles à la Delporte : des trous ovales dans la couverture ! Et puis c’était une occasion pour tous les copains de se réunir. Il existe aussi une planche de Boule et Bill dans laquelle Roba me met en scène.

 

 

 

Les influences

 

PM : Le cinéma vous a-t-il inspiré ? Vous a-t-il  apporté quelque chose ?

 

Morris : Mon œuvre est une parodie du cinéma western et j’ai utilisé des clichés et des personnages de western comme Rintintin, que j’ai connu au temps du muet et dont j’ai pris le contre-pied pour créer Rantanplan.

 

Le cinéma et l’histoire populaire de la conquête de l’Ouest sont mes sources principales d’inspiration. Tout cela, bien sûr, avec beaucoup de liberté, sans jamais être esclave de ma documentation.

 

D’autre part, j’ai toujours été, et ce depuis mon plus jeune âge, un boulimique de cinéma ; c’est moins vrai maintenant, je regarde plutôt la télévision. A ce propos, je vous signale qu’il a été publié à l’IDHEC une thèse sur l’influence du cinéma dans Lucky Luke.

 

N’importe comment, comme il y a en moi une véritable imprégnation du cinéma et, en particulier, du western, les apports inconscients du cinéma dans Lucky Luke sont quasi constants.

 

 

 

Un regard sur les autres dessinateurs de western

 

PM : Suivez-vous les dessinateurs « westerns » d’aujourd’hui : Giraud, Palacios, Blanc-Dumont, etc ?

 

Morris : Oui, bien sûr ! Je connais Palacios et je l’admire beaucoup, c’est un dessinateur de grand talent. Jijé, bien sûr, que j’ai que voyais souvent à l’époque où il dessinait Jerry Spring. Il s’amusait trop, faisait des planches entières de chevaux galopant, splendidement dessinés, pour son plaisir ; il s’amusait comme un fou mais ce n’est pas toujours à l’avantage du lecteur qui finissait par s’ennuyer. Je me souviens que Goscinny avait écrit un scénario pour Jerry Spring, La Mine d’or du vieux Lender, mais Gillain ne respectait jamais le scénario de Goscinny et était toujours de deux planches en avance sur lui, tuant même par avance des personnages qui auraient dû survivre. Cela ne convenait guère à Goscinny, aussi n’y eut-il qu’un seul scénario de lui pour Jerry Spring. Je pense même qu’il a dû y avoir des personnages qui ont été tués deux fois dans cette histoire, et peut-être même trois fois !!! (par flèche indienne puis par balle de révolver et peut-être encore par couteau mexicain…).

 

 

 

Le dessin animé

 

PM : Quelle place a tenu, et tient encore, le dessin animé dans votre vie de dessinateur ?

 

Morris : Pour moi, le dessin animé est une consécration, ça a toujours été mon rêve. J’ai créé Lucky Luke de telle sorte qu’on puisse l’utiliser en dessin animé sans être obligé de trop le modifier.

 

J’ai dû attendre quand même vingt-cinq ans avant de voir se réaliser le premier long-métrage de Lucky Luke, et c’est pour moi un plaisir sans prix de voir bouger et parler ce bonhomme que j’ai créé sur du papier. Lorsque le premier dessin animé de Lucky Luke est sorti, j’ai ressenti l’impression d’un homme qui aurait été sourd et qui soudain entendrait pour la première fois la voix de son fils. C’est une consécration, surtout pour une bande dessinée humoristique.

 

J’aurais toujours espéré faire une carrière en tant qu’animateur. Il faut être un très bon dessinateur, avoir le sens du mouvement et posséder de nombreuses autres qualités encore. Le nom de ceux qui font de l’animation est ignoré. On connaît, certes, Tex Avery, mais les autres ! J’ai un jour demandé à Bill Hanna ce qu’il faisait. Il m’a nettement laissé entendre qu’il ne fichait rien, absolument rien, et que c’était les laborieux qui, derrière lui, faisait tout le travail.

 

 

 

L’avenir

 

PM : Avec près de 90 albums dont quatorze Rantanplan qui a été très vite adopté par le public…

 

Morris : Excusez-moi de vous interrompre mais ça confirme ce que je disais déjà, le public aime les personnages bêtes et imbéciles, le fait est là. Quand à l’avenir, je n’ai pas de projet de nouvelle série, mais je crée de nouveaux personnages à l’intérieur de la bande dessinée Lucky Luke, c’est cela qui est important, et je pense exploiter certains personnages historiques dans de futurs albums. La conquête de l’ouest est pleine de personnages drôles, truculents, il suffit de les prendre tels quels. Je suis loin d’avoir épuisé le sujet.

 

Je n’ai enfin surtout pas l’intention de prendre ma retraite. Les cinquante dernières années ont été absolument passionnantes, j’espère que les cinquante à venir le seront tout autant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CHRONOLOGIE BIBLIOGRAPHIQUE DE MORRIS

 

 

 

1. 1923-1950

 

 

 

1923.*1er décembre : naissance de Maurice de Bévère, dit Morris à Courtrai          (Belgique)

 

1940-42.Morris suit les cours de dessin par correspondance de l’animateur Jean Image

 

1943.Morris entre au studio de dessin animé belge CBA comme encreur-    silhouetteur. Il y fait la connaissance de Peyo, André Franquin et Eddy Paape.

 

1944. ????

 

1945.Morris débute sa collaboration avec les Editions Dupuis en dessinant des couvertures, cartoons et illustrations pour l’hebdomadaire purement belge Le Moustique qui paraît depuis 1924 (la version néerlandaise se nomme Humo Radio). Aux cotés de Sirius, Jijé, Franquin, Paape, Will et quelques autres, il ne réalise pas moins de 89 couvertures/cartoons jusqu’en 1954.

 

1946.*14 novembre : parution de l’Almanach Spirou 1947 dans lequel Morris publie la première aventure de Lucky Luke intitulée Arizona 1880 (alb. 3).

 

1947.*12 juin : publication dans le journal de Spirou – jusqu’en 1968, à quelques rares exceptions toutes les histoires de L.L. paraîtront désormais dans ce journal – de la première aventure à suivre de Lucky Luke : La Mine d’or de Dick Digger (n°478/502 du 27/11/47 – alb.1). 4 et 11 décembre : à l’issue de cette publication deux gags en une planche paraissent sous le titre L.L. et son cheval Jolly Jumper (Sp. n°503 et 504 – alb.1). * 18 décembre : début de l’histoire Le Sosie de Lucky Luke (Sp. n°505/527 du 20/05/48 – alb. 1).

 

1948.* 27 mai : Lucky Luke (Rodéo) (Sp. n°528/545 du 23/09/48 – alb. 2). *30 septembre. Lucky Luke à Desperado-City (Sp. n°546/566 du 17/02/49 – alb. 2). Durant la publication de cet épisode, Jijé en dessinera  trois strips. * En compagnie de Joseph Gillain et sa famille ainsi qu’avec André Franquin, Morris quitte l’Europe pour s’installer aux Etats-Unis. Après un séjour au Mexique il fait la connaissance de Harvey Kurtzman et Jack Davis, tous deux co-fondateurs de la revue Mad. Durant toute cette période qui durera jusqu’en 1955, Morris envoit ses planches de Lucky Luke, ainsi que ses dessins et couvertures pour Le Moustique, par la poste… système non exempt de risques qui l’obligera parfois à recommencer certaines pages.

 

1949.*24 Février : (L.L.) La ruée vers l’or de Buffalo Creek (Sp. n°567/584 du 23/06/49 – alb. 2). * 30 mai : L.L. contre Cigarette Caesar (Sp. n°585/601 du 20/10/49 – alb. 3). * 27 octobre : Le Retour de Joe la Gâchette (Sp. n°602/618 du 16/02/50 – alb. 4). *Parution des deux premiers albums des aventures de Lucky Luke, La Mine d’or de Dick Digger (n°1 – Dupuis) et Rodéo (n°2 – Dupuis).

 

1950.* 23 février : (L.L.) Jours de round-up (Sp. n°619/629 du 04/05/50 – alb. 4). * 11 mai : (L.L.) Le Grand combat (Sp. n°630/646 du 31/08/50 – alb. 4). A l’issue de cet épisode, Lucky Luke disparaît des pages du Journal de Spirou pendant près d’une année. * A New-York, Jijé présente rené Goscinny à Morris.

 

1951 – 1960

 

1951.*24 mai : à grand renfort de dessins inédits, Spirou annonce le retour du cow-boy solitaire (n°684). * 31 mai : (L.L.) Nettoyage à Red-City (Sp. n°685/696 du 16/08/51 – alb. 5). * 20 septembre : (L.L.) Hors-la-loi (Sp. n°701/731 du 17/04/52 – alb. 6). Premiers d’une longue série de personnages historiques, les « vrais » Dalton font leur apparition dans cette aventure. *Album : Arizona (n°3 – Dupuis).

 

1952.* 15 mai : (L.L.) Tumulte à Tumbleweed (Sp. n°735/754 du 25/09/52 – alb. 5). * 2 octobre : (L.L.) Le retour des frères Dalton (Sp. n°755/764 du 04/12/52 – alb. 6). * 11 décembre 1952 : L.L. et le docteur Doxey (Sp. n°765/786 du 07/05/53 – alb. 7). *Album : Sous le ciel de l’ouest (n°4 – Dupuis).

 

1953.* 14 mai : (L.L.) Chasse à l’homme (Sp. n°787/808 du 08/10/53 – alb. 7). A nouveau, Lucky Luke quitte les pages du Journal de Spirou, mais cette fois durant près de deux ans. * 11 octobre : Morris dessine une superbe couverture pour Les Bonnes Soirées, un hebdomadaire de la famille publié par les Editions Dupuis. Cette couverture représentant un « Lucky Luke réaliste » sera la première une petite série réalisée jusqu’en 1955 (au moins). *Album : Lucky Luke contre Pat Poker (n°5 – Dupuis).

 

1954.* Jugées trop violentes pour Spirou, deux histoires de Lucky Luke paraissent cette année là dans les pages du Moustique : L.L. et Phil Defer dit le Faucheux (alb. 8) et L.L. et Pilule (alb. 8) qui se termine en 1955. *Album : Hors-la-loi (n°6 – Dupuis).

 

1955.* Retour de Morris en Belgique. * 25 août : Lucky Luke revient dans Spirou. Préférant se consacrer intégralement au dessin, Morris confie le scénario de Lucky Luke à René Goscinny qui débute avec Des rails sur la prairie (Sp. n°906/929 du 02/02/56 – alb. 9). *22 décembre : L.L. dans Grabuge à Pankake Valley dans l’hebdomadaire Risque-Tout n°5 (alb. Gag de Poche n°2 et L’Univers de Morris). * Parution dans Le Hérisson de l’unique histoire en 13 demi-planches de Fred le Savant : Du Raisiné sur les Bafouilles. Cette série fut créée pour la société de presse Edifrance qui était dirigéed par René Goscinny, Jean-Michel Charlier, Albert Uderzo et Jean Hébrard. Nota : il existe une seconde version des deux premières demi-planches du « Raisiné… », elle fut prêtée par André Franquin au magazine Schtroumpf, les cahiers de la BD n°22 (spécial René Goscinny) et n°43 (spécial Morris).  *Album : L’Elixir du Docteur Doxey (n°7 – Dupuis).

 

1956.*2 février : L.L. et Androclès dans Risque-Tout n°11 (alb. Gag de Poche n°29 et L’Univers de Morris). * 9 février : Sérénade à Silvertown (Sp. n°930 – alb. L’Univers de Morris), demi planche pour un concours. * 15 mars : Morris illustre le roman de Paul Berna intitulé Le Cheval sans tête (n°935/950) ; il sera suivi par Le Piano à bretelles (n°971/987) du même auteur. * 5 avril : Alerte aux Pieds Bleus (Sp. n°938/957 du 16/08/56 – alb. 10), à la suite d’un voyage de René Goscinny aux USA Morris reprend en mains le scénario de Lucky Luke le temps d’un épisode. * 23 octobre : L.L. et J.J. dans Voleurs de chevaux dans Risque-Tout n°49 (alb. Gag de Poche n°24 et L’Univers de Morris), René Goscinny redevient scénariste de la série. * 18 octobre : L.L. et la bande de Joss Jamon (Sp. n°966/989 du 28/03/57 – alb. 11).  *Album : Lucky Luke et Phil Defer (n°8 – Dupuis)

 

1957.* 18 avril : (L.L.) Les Cousins Dalton (Sp. n°992/1013 du 12/09/57 – alb. 12). * 13 juin : Les 1000 usages d’un chapeau, histoire en deux planches, dans Spirou n°1000. * 7 novembre : (L.L.) Le Juge (Sp. n°1021/1042 du 03/04/58 – alb. 13). * Album : Des rails sur la prairie (n°9 – Dupuis).

 

1958.* 1er mai : (L.L.) Ruée sur l’Oklahoma (Sp. n°1046/1070 du 16/10/58 – alb. 14). * 27 novembre : (L.L.) L’Evasion des Dalton (Sp. n°1076/1102 du 28/05/59 – alb. 15). *Albums : Alerte aux Pieds Bleus (n°10 – Dupuis), Lucky Luke contre Joss Jamon (n°11 – Dupuis), Les Cousins Dalton (n°12 – Dupuis). Ajoutons que l’album 11 a « bénéficié » d’une réimpression la même année, la planche de présentation (n°435) ayant été modifiée (censurée même semble-t-il).

 

1959.* 30 juillet : (L.L.) En remontant le Mississipi (Sp. n°1111/1132 du 24/12/59 – alb. 16). * Création des fameux personnages en « latex ». La « famille » Lucky Luke y sera représentée par notre cow-boy et son cheval Jolly Jumper, Joe Dalton et Rantanplan. *Album : Le Juge (n°13 – Dupuis).

 

1960.* 4 février : (L.L.) Sur la piste des Dalton (Sp. n°1138/1159 du 30/06/60 – alb. 17). Première apparition de Rantanplan, le chien le plus bête de l’ouest, dans la planche 1 de cette aventure. Comme Morris l’explique dans son interview : « Mon œuvre est une parodie du cinéma western et j’ai utilisé des clichés et des personnages du genre : Rintintin, que j’ai connu au temps du muet, j’en ai pris le contre-pied et j’ai créé Rantanplan ». * 14 juillet : (L.L.) A l’ombre des derricks (Sp. n°1161/1182 du 08/12/60 – alb. 18). *Albums : Ruée sur l’Oklahoma (n°14 – Dupuis), L’Evasion des Dalton (n°15 – Dupuis).

 

1961 – 1965

 

1961.* 5 janvier : (L.L.) Les Rivaux de Painful-Gulch (Sp. n°1186/1207 du 01/06/61 – alb. 19) ; dans la première planche de cette aventure,  Rantanplan, le chien le plus bête de l’ouest, fait sa première apparition * 22 juin : (L.L.) Billy the Kid (Sp. n°1210/1231 du 16/11/61 – alb. 20). * 23 Novembre : (L.L.) Les Collines noires (n°1232/1253 du 19/04/62– alb. 21). * Album : En remontant le Mississipi (n°16 – Dupuis).

 

1962.*10 mai : (L.L.) Les Dalton dans le blizzard (Sp. n°1256/1277 du 04/10/62 – alb. 22). * 5 juillet : publication dans Spirou (1264/1269) du premier volet du 3D-Color de Morris et, comme le dit l’annonce : « pour la première fois dans la presse mondiale un dessin en relief et en couleurs ».  * Publication de deux histoires dans le quotidien Le Parisien Libéré : (L.L.) Les Dalton sur le sentier de la guerre (alb. 23) et Les Dalton courent toujours (alb. 23). * 1er novembre : (L.L.) La Caravane (Sp. n°1281/1302 du 28/03/63 – alb. 24). * Albums : Sur la piste des Dalton (n°17 – Dupuis), A l’ombre des derricks (n°18 – Dupuis), Les Rivaux de Painful Gulch (n°19 – Dupuis), Billy the Kid (n°20 – Dupuis). Plusieurs couvertures seront dessinées par Morris pour les Rivaux de Painful Gulch et refusées par un « contrôle » intérieur/. Le refus de la première s’expliquant, comme l’a indiqué Morris sur le dessin original, par un : vivement « déconseillée » par Mr Barbaride, motifs : 1. présence d’armes à feu, 2. visages trop patibulaires.

 

1963.* 25 avril : (L.L.) La ville fantôme (Sp. n°1306/1327 du 20/09/63 – alb. 25). * 17 octobre : (L.L.) Les Dalton se rachètent (Sp. n°1331/1352 du 12/03/64 – alb. 26). * La presse spécialisée sur la bande dessinée vient de faire son apparition avec Giff Wiff, la revue du Club des bandes dessinées et dès le n°5/6 de cette année là, Francis Lacassin propose un article sur Lucky Luke. Des dizaines d’autres suivront dans divers supports comme Phénix, Stripschrift, Rantanplan, Le Collectionneur de BD, Schtroumpf, etc.  * A partir de 1963, les Editions Dupuis proposent fréquemment toute sorte de merchandising « Lucky Luke » comme des albums à colorier, des posters, des décalcomanies, porte-clefs etc. * Albums : Les Collines noires (n°21 – Dupuis), Les Dalton dans le  Blizzard (n°22 – Dupuis). L’album Billy the Kid, paru l’année précédente, est réédité avec quatre strips en moins, la scène, au tout début de l’histoire, représentant Billy suçant un revolver dans son berceau ayant été jugée déplaisante.

 

1964.* 9 avril : (L.L.) Le 20e de cavalerie (Sp. n°1356/1377 du 03/09/64 – alb.   27). * 24 septembre : (L.L.) L’Escorte (Sp. n°1380/1401 du 18/02/65 – alb. 28). * 17 décembre : En collaboration avec Pierre Vankeer, Morris crée dans les pages de Spirou (n°1392) une rubrique intitulée Chronique du 9ème art traitant des grands personnages de l’histoire de la bande dessinée internationale, elle se poursuivra jusqu’au n°1523 de 1967. * Parution de L.L. contre Pat Poker dans la collection Gag de Poche (n°2) des Editions Dupuis. Deux autres sortent cette même année, L’Elixir du docteur Doxey et Hors-la-loi puis un l’année suivante : Sous le ciel de l’ouest. Outre de nombreuses reprises du journal de Spirou restées inédites en album, il faut signaler la publication de la vrai fin de Joe Dalton dans Hors-la-loi, éminemment plus sanglante que la version « officielle ». Sortie de quatre livre-disque chez Philips : 1. Lucky Luke contre les Dalton (E1E 9168), 2. Le Retour des Dalton (E1E 9169), 3. La ruse des Dalton (E1E 9191), 4. Les Dalton prennent le train (E1E 9194), ils contiennent tous un livret de dessin inédits de 12 pages, et d’un 25 cm reprenant L.L. contre les Dalton et Le retour des Dalton (EIR 0075). Durant les années 60, les Cyclones (VOGUE EPL 8117) et Marcel Amont (POLYDOR 27-360) chanteront « Lucky Luke ».  * Albums :Les Dalton courent toujours (n°23 – Dupuis), La Caravane (n°24 – Dupuis).

 

1965.*21 au 23 février : Morris participe au premier Congrès Internationnal de la bande dessinée de Bordighera en Italie (qui se déplacera à Lucca ensuite). * 26 avril : (L.L.) Des barbelés sur la prairie (Sp. n°1411/ 1432 du 23/09/65 – alb. 29). * 27 octobre : Morris donne une conférence (« causerie animée de projections ») à la Faculté de Philosophie et Lettres de Bruxelles où il critique les nouveaux exégètes de la bande dessinée et tout particulièrement ceux qui ont pris la parole au congrès de Bordighera. * * 28 octobre : (L.L.) Calamity Jane (Sp. 1437/1458 du 24/03/66 – alb. 30). Albums : La ville fantôme (n°25 – Dupuis), Les Dalton se rachètent (n°26 – Dupuis), Le 20e de cavalerie (n°27 – Dupuis).

 

1966 – 1970

 

1966.* Avril : parution dans le journal étudiant belge Le Point de Lucky Luke se défoule, une courte histoire à travers laquelle il se moque de la censure dont il est l’objet aux Editions Dupuis. * 19 mai : (L.L.) Des tortillas pour les Dalton (Sp. n°1466/1487 du 13/10/66 – alb. 31). * septembre : (L.L.) Le Chemin du crépuscule (Sp. n°1482bis – L’Univers de Morris), une histoire en deux planches pour ce numéro de Spirou Spécial MNEF distribué aux étudiants. * Album : L’Escorte (n°28 – Dupuis).

 

1967.* 9 février : (L.L.) La diligence (Sp. n°1504/1525 du 06/07/67 – alb. 32). *13 avril 1967 : Spirou spécial Lucky Luke (n°1513) « avec 2 trous » (de balles dans la couverture), à cette occasion Morris livre un grand nombre de dessins inédits et se voit rendre hommage en BD, photos et dessins par de très nombreux collaborateurs du journal, en particulier (dans l’ordre d’apparition) : Yvan Delporte, Salvé (Salvérius), Maurice Tillieux, Roba, Franquin, Jidehem, Rosy, Deliège, Kiko, Vicq, Bara etc. * 28 septembre : (L.L.) Le Pied-Tendre (Sp. n°1537/1556 du 08/02/68 – alb. 33), dernier épisode publié dans Spirou. * Morris dessine une planche de L.L. (reproduite dans la revue Schtroumpf, les Cahiers de la BD n°43) pour le film de Philippe Fourastié Un choix d’assassin (scénario Rémo Forlani) dans lequel le dessinateur Stéphane, incarné par Bernard Noël, fait descendre Lucky Luke par Joe Dalton, « j’ai eu froid dans le dos » a avoué Morris. Pour certaines séquences où l’on voit le héros qui dessine, c’est la main de Morris qui travaille. Rappelons que plusieurs films ont déjà montré des comédiens occupés à lire un album de Lucky Luke, citons tout particulièrement Un homme et une femme de Claude Lelouch avec Jean-Louis Trintignant, Anouk Aimée et Pierre Barouh. * Albums : Des barbelés sur la prairie (n°29 – Dupuis), Calamity Jane (n°30 – Dupuis), Des tortillas pour les Dalton (n°31 – Dupuis), il s’agit du dernier album publié chez Dupuis.

 

1968.* 29 mars : Annonce dans le n°440 de Pilote pour un nouvel épisode de Lucky Luke à paraître la semaine suivante. Morris et Goscinny viennent de quitter Spirou et les aventures de Lucky Luke seront désormais publiées dans l’hebdomadaire Pilote et les albums chez Dargaud. * 4 avril : (L.L.) Dalton City ( Pil. n°441/462 du 12/09/68 – alb. 34). * Juin : parution du premier numéro de Super Pocket Pilote (supplément trimestriel à Pilote), L.L. y fera quatre apparitions, la première étant intitulée Défi à Lucky Luke (9 pl. – Sup.Pock.Pil. n°1 – alb. publicitaire Total La bataille du riz). * octobre : Arpège dans la vallée (Sup.Pock.Pil. n°2 – alb. publicitaire Total La bataille du riz).  * Albums :La Diligence (n°32 – Dargaud), Le Pied-Tendre (n°33 – Dargaud).

 

1969.* 2 janvier : (L.L.) Jesse James (Pil. n°478/499 du 29/05/69 – alb. 35). * mars : Promenade dans la ville (Sup.Pock.Pil. n°3 – alb. publicitaire Total La bat

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