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« Catamount »/« Mimbrenos » : deux westerns classiques au menu…

24/04/2019
Par Henri Filippini

Amateurs de bons vieux westerns classiques, ces deux albums sont pour vous. À une époque où il est de bon ton de fouler du pied les bonnes vieilles histoires dont la seule ambition est de faire passer un agréable moment au lecteur, ces deux récits empruntent des routes aventureuses, celles de la vengeance et du combat pour sa peau, bref de l’évasion à la découverte d’autres horizons. L’occasion de saluer le travail parfait de deux auteurs qui respectent les traditions sans pour autant ne pas chercher à les faire évoluer.

Avec « Mimbrenos », le dessinateur italien Stefano Casini situe son histoire en 1872 en Arizona. Le capitaine de cavalerie Sudiste Everett Cole retrouve son frère Joshua qui vient de passer sept années au pénitencier de Burro Peak pour avoir appartenu à la bande des Bushwacker de Quantrill. Les deux frères traversent une mesa désertique et aride du Texas où sévissent les Apaches du rebelle Nacho, les Mimbrenos qui refusent d’être parqués dans des réserves. Rejoints par la blonde Virginia dont le compagnon vient d’être tué par les indiens, ils doivent affronter non seulement les Peaux rouges mais aussi la bande de Teeth qui vient de braquer la banque de Silver City. Tous se retrouvent à Corrigan Cove pour un ultime combat. Des ingrédients classiques qui, bien épicés, permettent à Stefano Casini d’imaginer un récit mouvementé aux nombreux rebondissements… sans oublier une fin surprenante pour bien des lecteurs.

Né en 1960, Casini partage son temps entre la série « Nathan Never » chez Sergio Bonelli Editore dont il a dessiné une trentaine d’épisodes et la réalisation d’histoires plus ambitieuses destinées à la France, principalement publiées aux éditions Mosquito depuis 2004 (« Hasta la victoria », « La Lame et la Croix ». Son trait épuré et élégant entre Gir et Moebius, ses personnages aux trognes savoureuses, ses paysages plombés par le soleil, sa mise en pages dynamique, séduiront les amateurs de westerns. Si vous habitez la région où si vous y passez à cette période vous pouvez rencontrer Stefano Casini qui sera l’invité d’honneur du salon de la BD de Grenoble les 15 et 16 juin prochains (Place du Parlement, place Saint-André).

C’est déjà le troisième album des aventures de Catamount que proposent les éditions Petit à Petit. Héros de 102 romans écrits par Albert Bonneau (1898/1967) de 1947 à 1958, Catamount est aujourd’hui un solide gaillard recueilli encore bébé par la famille Osborne après le massacre de ses parents par les Cheyenne. Janvier 1891. Catamount a disparu, ravagé après le massacre de sa soeur et de son beau-frère perpétré par les hommes de Berton, financier sans scrupule qui souhaite s’emparer des terres de sa famille adoptive. Ses amis, le capitaine Clarke et le vieux trappeur Pad, partent à sa recherche au cœur de la forêt du Niobara, alors qu’un hiver terrible sévit sur la région. Sa tête mise à prix, Catamount prépare sa vengeance en territoire Crow, des indiens sanguinaires et sauvages hantés par les corbeaux. Ce récit est l’adaptation libre de deux romans d’Albert Bonneau, « Le Défi de Catamount » et « LAarrestation de Catamount ».

Ancien élève de l’école Émile Cohl, né en 1990, Benjamin Blasco-Martinez est un jeune dessinateur dont la maturité du trait surprend. Cadrages audacieux et maîtrisés, mises en pages cinématographiques, décors superbes, gros plans de personnages hallucinés… une telle aisance après si peu d’albums est remarquable. D’autant plus que l’histoire écrite voici 70 ans méritait un sérieux dépoussiérage, dont il s’est fort bien tiré. Benjamin Blasco-Martinez est un auteur à suivre de près dont le talent intéresse les gros éditeurs, il a signé en 2018 le treizième volume de la série « L’Homme de l’année » (« 1888 ») aux éditions Delcourt. Espérons que malgré les sollicitations, il poursuivra la série « Catamount », il y a de la matière. Celui qui porte le nom d’une bête, devenue une légende chez le peuple Crow, a vécu bien d’autres aventures.