« Le Cimetière des Innocents » T3 : des fantômes pour combattre l’obscurantisme…

Sous la coupe du duc de Nemours, représentant de la Sainte Ligue catholique, Paris est assiégé par les troupes huguenotes du futur Henri IV. Jonas, fils d’un protestant huguenot, croise la route de la jeune catholique Orianne, fille d’un apothicaire. Une tendre idylle débute entre les deux jeunes gens que tout sépare… Après un premier diptyque réjouissant, Philippe Charlot et Xavier Fourquemin renouent avec leurs deux héros le temps d’un one shot truculent et mouvementé.

Cimetière des Innocents, quartier des Halles à Paris. Recherchant en vain les restes de son père disparu pendant le massacre de la Saint-Barthélemy, un jeune provincial dénommé Jonas croise la route de la jolie Orianne, la fille au caractère bien trempé d’un apothicaire passionné d’alchimie. La jeune fille, qui ne possède de son père décédé qu’une pierre dotée du pouvoir de faire revenir les morts est emmurée vivante pour soupçons de sorcellerie dans une minuscule cellule plantée au beau milieu du cimetière. Pour s’en sortir, elle est aidée par Jonas tombé amoureux fou, qui découvre un passage souterrain qui lui permet de la rejoindre. Orianne, grâce aux enseignements de son défunt père, sauve un bébé malade et devient pour la population naïve, au grand désespoir du vicaire, une faiseuse de miracles. Jonas retrouve son père vivant mais défiguré, devenu pourvoyeur de reliques pour le curé des Saints-Innocents, bien vite remplacé par un jeune vicaire à l’intégrisme papiste dévastateur. Grâce à la pierre miraculeuse nos héros permettent à Charles VII, Jeanne d’Arc, mais aussi au père d’Orianne, de revenir sous forme de fantômes du royaume des morts. Peut-être la solution pour sortir de sa prison la jeune faiseuse de miracles, mais aussi Paris du chaos qui la menace.

Sans en avoir l’air, Philippe Charlot se moque non sans humour de tous les obscurantismes, au fil d’un récit riche en rebondissements, aux personnages attachants et truculents. De son trait vivifiant et précis Xavier Fourquemin restitue de belle manière  la vie au quotidien au coeur de notre capitale à la fin du seizième siècle. Entre humour noir et réalisme, il campe malades, squelettes, prostituées, vagabonds… que côtoyaient vendeurs ambulants, écrivains publics, ecclésiastiques, sans oublier la population qui se pressait dans ce quartier qu’elle  prisait. Un album au ton original au coeur des guerres de Religion où scénario et dessin interpellent le lecteur tout en le divertissant. Pari réussi !

Philippe Charlot venu du monde de la musique, il se produit au sein du trio « La Fabrique à Swing », travaille sur quelques ouvrages collectifs chez divers éditeurs, avant de rejoindre le label Grand Angle. Il publie « Bourbon Street », puis écrit « Le Train des Orphelins » pour Xavier Fourquemin. On lui doit aussi en 2018 « Grand Café Fortoni » dessiné par Winoc.

Xavier Fourquemin né en 1970 à Neuilly-sur-Seine, apprend le dessin aux Beaux-Arts de Tournai. Il publie un court récit en 1996 dans la revue Gotham, puis débute « Alban » avec Dieter dans Golem puis aux éditions Le Téméraire. Toujours avec Dieter, il dessine « Outlaw » chez Glénat suivi de  « Miss Endicott » et de « La Légende du Changeling » aux éditions du Lombard. Pour le label Grand Angle des éditions Bamboo il anime « Le Train des orphelins » série remarquable écrite par Philippe Charlot. Amoureux de l’Histoire, il franchit les époques avec aisance, appréciant que ses scénaristes glissent dans leurs histoires un soupçon de fantastique.

Henri FILIPPINI

« Le Cimetière des Innocents T3 : Le Grand mystère de l’au-delà » par Xavier Fourquemin et Philippe Charlot  Grand Angle (14,90 €) – ISBN : 978 2 8189 6688 4

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