« Vampire State Building » : un ange de sang déferle dans l’univers comics… et Dylan sort de l’asile (« Kill or be Killed T4 ») !

Deuxième passage du dessinateur de « Walking Dead » sur un titre « français », après « Le Souffle de Wendigo », mais cette fois pour un diptyque, au moins. On aime le pari. Que vaut le titre ?

L’annonce a été alléchante en fin d’année : un titre de Vampire se déroulant aux USA et dessiné par Charlie Adlard. Une belle couverture couleur et en prime une édition grand format noir et blanc mettant tout le talent de l’auteur anglais en avant. Le livre a été présenté en avant première sur les stands Soleil et Delcourt à Angoulême lors du festival, le dessinateur étant présent. Le pitch : Terry Fisher, jeune soldat fiancé, va partir en mission en Afghanistan. Ses amis (dont son ex), lui offrent une soirée en haut de l’Empire State Building afin de fêter son départ. Tandis que leur soirée débute, au dernier étage du gratte-ciel, au milieu de centaines d’autres visiteurs, des ouvriers s’affairent dans une partie interdite du bâtiment. Une cache décorée de fresques a été découverte suite à leurs travaux, et ceux-ci, malgré eux, viennent de réveiller une divinité indienne maléfique. Vous avez compris, cette très ancienne entité a besoin de sang, beaucoup de sang… 

On entre dans ce nouveau titre avec un vrai plaisir, tant l’attrait de retrouver le dessin de Charlie Adlard est grand. Le fait que l’on avance, de plus, dans une histoire différente de « Walking Dead » et de la trame classique du Zombie Telling auquel on est habitué, n’est pas non plus dénué d’intérêt. Le constat de départ, par contre, faisant des tribus Mohawks, embauchées dans les années trente à la construction de cette nouvelle tour, les responsables de cette cache, abritant une créature idolâtrée, nous laisse un peu perplexe. Si l’on est prêt à l’accepter, comment justifier alors, suite à son réveil, par ce qu’on pourra associer à une profanation, même involontaire, la grande sauvagerie de cette créature et son désir de destruction globale ? L’apprendrons-nous ensuite ? 

Si la fuite millimétrée du groupe d’amis dans le building contribue à l’essentiel du suspens du titre, on est un peu moins subjugué par la partie attaque vampirique se répandant, telle une vague, dans les étages… Sans doute trop d’albums nous ont-ils déjà proposé ce genre de scénario ?
Ange, connu pour ses séries chez Soleil, est sûrement un (duo d’) auteur(s) adéquat permettant de faire découvrir à un public français plus large, ne lisant pas de comics, le dessin vraiment agréable de Charlie Adlard… On ferme cependant ce premier tome avec un sentiment mitigé, en se disant que, bon sang, les auteurs anglo saxons possèdent tout de même un autre talent pour nous concocter des scénarios prenant les tripes. À suivre donc dans le tome deux, afin de vérifier si celui-ci nous réserve d’autres surprises, ou s’il ne restera qu’une expérience d’échanges culturels transatlantiques et transéditeurs juste sympathique…

 

 

 

 

 

Chez le partenaire Delcourt récemment aussi : « Kill or be Killed » T4, un dernier tome concluant une série réussie.

Dylan, tueur en série à victime « méritante » très ciblée, se retrouve dans un asile, et nous explique comment il est arrivé là. Souhaitant se débarrasser du démon qui le hante, il a commencé à donner des explications confuses à Kira, sa copine retrouvée. Mais percevant de manière surnaturelle son co locataire derrière la porte, il s’est laissé envahir par la violence…nécessitant son immobilisation et son internement. C’est donc de cet hôpital de Serenity Oaks que notre anti héros nous parle, comme à son habitude, tâchant de surnager au travers des traitements de cheval que lui délivre le docteur Ripley.

Au sein de cet hôpital, il trouve encore moyen de laisser sa soif de sang ressortir, puisqu’un des soignants n’est pas tout blanc. Le plus dingue lui est cependant confié par son médecin : le justicier, duquel Dylan avoue être l’auteur ego et reconnaît les crimes, vient de commette d’autres crimes en ville… Mais qui est cet imposteur ? Et que fera Dylan une fois sorti ? L’inspectrice Lilly Sharpe, déjà rencontrée dans un précédent épisode, va ressortir le dossier, car les choses lui semblent bizarres…

 On se demandait comment cette histoire, que l’on retrouve à chaque volume avec un plaisir identique, allait pouvoir se terminer. Ed Brubaker conclut sa série, délivrée ici de manière ramassée en 168 pages (au lieu de 128), de belle manière, avec un retournement inattendu, confirmant son talent de conteur et de maître es thriller. Sean Phillips nous accroche dès les premières cases, grâce à son style unique, comme peint, hyper réaliste et pourtant tout en douceur. Les couleurs d’Elisabeth Breitweizer se posant telle une crème sur un travail graphique au top.

« Kill or be Killed » pourrait se percevoir comme un drôle de mix entre un « Kick Ass » un peu plus adulte et un « Judge Dredd » moderne américain, vu du côté du bandit. Si le ton de l’un, déjanté et aux atermoiements de jeune adulte correspond bien, le second vaut davantage pour sa vision très critique mais très juste de la société ultra individuelle d’aujourd’hui. Ed Brubaker dénonce en effet l’isolement des habitants de métropoles américaines, et la banalité de la violence qui y prospère. Il se sert du fantastique et d’une poésie toute dramatique, qui le caractérise, pour faire passer un message non pas fataliste, mais d’avertissement : chacun doit se ressaisir et être capable d’assumer ses actes, en toute responsabilité, sinon, l’issue sera fatale. D’ailleurs…n’est-ce pas le titre d’une de ses autres séries ?
Une réussite totale.

Franck GUIGUE

 

 

« Vampire State Building T1 » par Ange, Patrick Renault, et Charlie Adlard
Éditions Soleil (14,95 €) – ISBN : 978-2302075450
Version noir et blanc grand format : (22,95 €) – ISBN : 978-2302075788

« Kill or be Killed T4 » par Ed Brubaker et Sean Phillips
Éditions Delcourt (16,50 €) – ISBN : 978-2-413-01343-3

 

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