Vaniteux, chambreur et très bagarreur, faites connaissance avec la terreur du Grand Nord : le Glouton …

Le glouton ou carcajou en québécois est un mammifère de la taille d’un petit ours qui peuple le grand nord canadien et eurasiatique. Cet animal redoutable et solitaire nourrit un vaste imaginaire dans la culture occidentale. Wolverine, son appellation anglaise renvoie à un héros mutant de comics et de film à gros budget. B-gnet en fait un antihéros vorace, décalé et bigrement amusant dans une nouvelle série jeunesse.

Animal peu connu dans nos contrées tempérées, le glouton se présente lui-même dans les premières pages de l’album : « J’appartiens à la famille des mustélidés, comme les belettes, les putois, les blaireaux, les loutres … sauf que je suis vachement plus costaud ! Je ressemble à un petit ours, mais en plus beau. Je vis dans le Grand Nord dont je suis le maître absolu ! Mes grosses pattes m’empêchent de m’enfoncer dans la neige. Mon odorat me permet de détecter de la viande sous d’épaisses couches de glace. Avec mes supers dents, je peux broyer la chair gelée, les os, du bois, le cou de mes ennemis … »

Glouton, la terreur des glaces page 4

A cette charmante et réaliste présentation d’un animal vorace et charognard s’ajoute le côté loufoque apporté au caractère de l‘animal par l’auteur. Il en fait un personnage anthropomorphe qui se déplace sur deux pattes, profondément égoïste, toujours affamé, querelleur au point de provoquer loups et ours de la taïga et surtout grand baratineur. Moqueur et filou, le glouton se tire toujours par une pirouette verbale des situations les plus périlleuses. Il propose ainsi à un puma agressif et visiblement beaucoup plus fort que lui de se départager lors d’un match de badminton ! Il abusera alors de longues phases de négociations voire de tricheries bien camouflées.

C’est la rencontre puis l’amitié improbable avec un chien obéissant et peureux qui constitue le fil rouge de l’album. Le glouton subtilise habilement Médor à un ours trop naïf puis il ne sait qu’en faire ; un fauteuil, un casse-croute ou un ami un peu lourdaud. L’affabilité du canidé a peu de chance d’atteindre un glouton plus teigneux, égocentrique et indifférent aux autres que jamais.

Glouton la terreur des glaces page 9

Glouton sur Médor

Auteur de bandes dessinées parodiques à l’humour corrosif, B-gnet, Florian Bovagnet dans le civil, se lance avec un talent certain dans la bande dessinée jeunesse avec cet album qui surprendra plus d’un jeune lecteur.

Un humour absurde, parfois loufoque, porté par des dialogues percutants les étonnera puis les amusera forcément.

Le dessin est simple, très lisible, les personnages se détachent sur des décors enneigés facilement simplifiés.

Quelques dessins pleines planches rappellent régulièrement les qualités de précision et de dynamisme d’un auteur facétieux et excellent conteur.

Découvert dans le magazine Wapiti, Glouton s’épanouit maintenant dans un album de 60 pages. De quoi toucher un vaste lectorat, alléché par ses aventures décalées à l’humour moderne, vif et percutant. La BD jeunesse se renouvelle sans cesse. L’humour de « Glouton » est audacieux, en équilibre, toujours grinçant mais jamais ni mièvre ni trash. Une réussite à saluer comme il se doit.

Glouton joue au badminton avec Médor

Un glouton ou carcajou, wolverine ...

Laurent LESSOUS (l@bd)

« Glouton T1 : La Terreur des glaces » par B-gnet

Éditions BDkids (9,95 €) – ISBN : 978-2-7459-9810-1

Galerie

2 réponses à Vaniteux, chambreur et très bagarreur, faites connaissance avec la terreur du Grand Nord : le Glouton …

  1. Brigh dit :

    Il y a eu Jack London. Maintenant, il y a B-gnet !

    • Laurent Lessous dit :

      Merci à B-gnet de m’avoir signalé l’erreur dans la dernière image de l’article. Il y avait un ratel ou glouton d’Afrique à la place du vrai et du seul glouton d’Amérique du Nord, appelé aussi Carcajou ou wolvérène par les Canadiens français puis wolverine par les anglophones.

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